Ardours: « Last Place On Earth »

31 août 2019

L’écoute de « Catabolic », de Ardours avair suscité le désir d’en savoir plus sur ce combo qui évoquait The Gathering aor son énergie « gothique » et sa joliesse affirmée. Sachant que la chanteuse Marianella Demurtas n’est autre que la vocaliste de Tristania et qu’elle s’associe pour le coup-ci à un complice de longue date, Kris Laurent, pour accoucher de ce premier album souhaité comme le chaînon manquant entre gothique, rock et metal. Ce qui est assez bien vu. On trouve ici l’accroche sucrée pop, le côté un poil pompeux du gothic metal à chanteuse, et une énergie rock très contenue. Bref, Last Place on Earth est le genre de disque qui pourrait fédérer large.

Alors, peut-on en être déçu ? Pas vraiment ; il faut dire que dès le premier titre écouté, on est informé, et on se doute de la suite des événements ; une autoroute aux paysages qui se ressemblent, où l’on peut adopter une conduite tranquille en se laissant bercer par un style très étudié et très efficace. On accepte  d’entrer dans le jeu ou on en sort.

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Beach Baby: « Songs From The Limbo Lounge »

31 août 2019

Beach Baby serait-il le groupe le plus sous-estimé du Royaume de Sa Majesté ? Ils viennent en tous cas de signer une perle pop-rock qu’il serait dommage de voir filer tout droit vers la case oubliettes. Déjà, sur No Mind, No Money, son premier album, le groupe enchaînait les pépites énergiques devant autant aux Strokes qu’aux Smiths. Et pourtant, Beach Baby demeurait largement confidentiel. Que reste-t-il aujourd’hui de ce talent à pondre des pop songs ignorées de tous ?
Songs From The Limbo Lounge explore de nouveaux territoires sonores. Les guitares passées au chorus laissent la place à un son très seventies avec orgue vintage, percussions et cuivres. Les mélodies ensoleillées se font tortueuses. Dans ce grand chambardement, reste le don d’Ollie Pash et Lawrence Pumfrey à pondre des chansons aux mélodies mémorables et musicalement ambitieuses. Pas sûr pour autant, hélas, que cela leur ouvre les portes des charts.

L’amateur de pop bien troussée serait en revanche inspiré d’y laisser traîner une oreille curieuse. Car, à l’écoute de ces chansons échappées du Limbo Lounge, on pense à des cousins anglais de Twin Peaks ayant croisés la route d’Elvis Costello en costumecintré (« Human Remains » et « Lovin’ Feeling »). Cette power pop excentrique propulsée à coup de riffs lourds fait aussi penser à Supergrass période In It For The Money (ce riff sur  « Lonesome Jim « qui n’est pas sans rappeler Cheapskate, la bluesy Big Wow, la soul-pop de « Cherries For My Sundae »). Les ballades ne sont pas en reste, comme la nostalgique « Big School », dont la mélodie colle au cerveau comme un chewing gum sous un bureau de bois. Ou cette « Candy Thunder « qui évoque les tribulations nocturnes new-yorkaises de Lou Reed. « Babe Rainbow » est une autre réussite dans une veine 1980ies chère à Mac DeMarco, quand la bastringue « Limbo Lounge » rappellera The Coral.

Pourtant, l’album n’a pas été enregistré dans les meilleures conditions. Bien loin des prestigieux studios de Maida Vale où avait été mis en boîte No Mind, No Money en tous cas. C’est que, après avoir tourné pendant de longs mois, le groupe s’est trouvé largué par son label puis par son bassiste. Sans le sou, enchaînant les boulots alimentaires, Ollie Pash, Lawrence Pumfrey et Josh ‘Shep’ Hodgson ont donc improvisé un studio de fortune dans l’abri de jardin du dernier nommé, avant d’être rejoint par Kit Jennings à la basse. Les quatre anglais y ont imaginé un lieu, le Limbo Lounge, peuplé de freaks et autres beautiful losers entre crise existentielle et dérive amoureuse. Ils livrent aujourd’hui cet album hors du temps, bourré de chansons tordues, entre glam, cabaret, power pop et new wave.
Le charme capiteux de Songs From The Limbo Lounge n’est pas sans rappeler celui de Len Parrot’s Memorial Lift de Baxter Dury, en bien plus énergique. Celui d’une pop un peu étrange, décantant avec le temps mais restant toujours tapie derrière des volutes mystérieuses. Pourtant, bien qu’à l’aise dans ce clair-obscur, les chansons de Beach Baby mériteraient de recevoir la lumière tant le groupe défend avec ferveur une certaine idée du pop-rock où la poésie et la mélodie priment. Chaudement recommandé aux amateurs de ces plaisirs désuets.

***1/2


Wheel: « Moving Backwards »

30 août 2019

D’aucuns attendent le prochain album de Tool, d’autres pourront patienter avec Wheel, combo islandais et qui, en tant que substitution, œuvre dans le métal progressif avec une forte influence du combo mené par Maynard James Keenan.

Interprété par un Anglais et trois Finlandais, Mocving Backwards opère à grands reforts de plages étirées et lacinantes, de guitares oppressantes, d’une basse lourde, de batterie renforcée de percussions et de vocaus charghés en émotions, plaintes ou hurlements.

Après 2 EPs en 2017 et 2018, les 7 titres de Moving Backwards vont nous emmener dans cette atmopshère à la fois sombre et enivrante, poétique et torturée. Et les 3 titres qui flirtent chacun les 10 minutes (le superbe « Wheel »), prendront le temps de nous travailler. On pourrait presue crier au plagiat ou à la copie mais Wheel le fait terriblement bien, qu’on en oublie le style qu’a créé Tool. Wheel le représentera très bien d’autant que cette recréation est parfaitement inspirée et, par conséquent, hautement inspirante.

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Joanna Sternberg: « Then I Try Some More »

30 août 2019

Sa tristesse, son cœur qui bée, sa voix incertaine et tremblotante, ses mélodies de fond de salon nous rendent Joanna Sternberg immédiatement sympathique. À quoi bon, il ne me reste plus qu’à chanter, comprend-on. Et la flèche de viser juste : sur ce premier album, l’artiste et bédéiste de New York — qui n’aime aucun genre et s’identifie avec « eux » (they en anglais) — réussit un lamento poignant, qui n’en paraît pas un tant il est simple et candide. Mais il faut le dire tout de suite, ce n’est pas exactement doux : d’un style direct et linéaire, avec un piano ou une guitare seulement, Joanna Sternberg laisse tomber sur nous des mots francs sur la quête identitaire, la dépression, l’extrême solitude.

Sa force : le paradoxe entre sa déprime explicite et le ton faussement enjoué parfois donné à ses airs ou à ses métaphores, comme celle de « Pimba », où l’artiste devient… un petit pingouin esseulé. Difficile de ne pas voir, dans ces fantaisies, un masque pour les délabrements intérieurs. Une chose est certaine : avec Joanna, vous ne serez jamais seul.

***1/2


Ian Kelly: « Long Story Short »

30 août 2019

Est-ce là l’usufruit des libertés acquises chez M. Chandler (le groupe qui’il a formé avec Ian Kelly?) À côtoyer sous cette appellation pas contrôlée les Rick Haworth, Sylvain Clavette et Mario Légaré, champions paysagistes de l’imaginaire musical, ça déteint. Le folk de Ian Kelly est ici un canevas autour duquel se greffent toutes sortes d’instruments, claviers, cuivres, cordes (les Mommies on the Run) et chœurs variés (jusqu’à la famille Kelly elle-même). L’approche impressionniste compose un sixième album à la fois intimiste et ouvert, une maison où l’on entre par toutes les portes et fenêtres.

Écouter « Let’s Just Be Together », « Simple Song », « Sweet Times, » c’est comprendre que Ian nous veut tout près, d’où que ce soit que nous venons. De la même façon qu’il a invité tous ces musiciens et chanteurs à embellir ses airs déjà beaux, il nous appelle à ses côtés pour magnifier l’espoir de « Hopeful Mind, » traverser la tristesse de « Digging for Love ».Pour faire une longue histoire courte, il nous demande de tenir bon.

***1/2

 


Whitney: « Forever Turned Around »

30 août 2019

Né des cendres de la formation chicagoaine Smith Westerns le duo Whitney est formé à la base de Mark Kakacek et de Julien Ehlrich (Unknown Mortel Orchestra) auquel se greffent des instrumentistes différents selon les besoins sonores du tandem.

En 2015, l’album Light Upon The Lake, réalisé par Jonathan Rado Foxigen, avait fait un tabac auprès de la presse spécialisée. Proposant une sorte de soft-rock très influencée par les années 70 – rien d’étonnant avec Rado derrière la console – le groupe a présenté alors un disque enjoué et insouciant… qui avait objectivement plu et même renversé plusieurs à l’époque.

Après quatre ans d’absence, Whitney revient cette semaine avec son deuxième album en carrière : Forever Turned Around. Enregistrée dans une maison familiale située dans l’état du Wisconsin, et dans le studio de Justin Vernon (Bon Iver), l’aventure s’est achevée à Chicago, dans le sous-sol du guitariste invité Ziyad Asrar. La formation est complétée par le claviériste Malcolm Brown, le guitariste Print Choteau et le bassiste Josiah Marshall.

Cette fois-ci, Whitney présente un son nettement plus ample en plongeant un peu plus dans le folk-rock, pour un résultat qu’on pourrait qualifier de country-soul « groovy ». Encore une fois, Rado fait un excellent travail à la réalisation. Le son général est d’une netteté impressionnante, et ce, malgré l’approche moins intime des nouvelles chansons. Musicalement, c’est réussi.

Mais il y a un mais… En dépit de cette musique franchement passéiste, mais magnifiquement exécutée, l’approche vocale, en mode falsetto, du chanteur Julian Ehlrich peut laissee de marbre. On note un manque de variations mélodiques qui agace sérieusement au fil des écoutes. De plus, l’interprétation maniérée du vocaliste semble quelque peu insincère ce qui donne un disque assez artificiel à cet égard.

Forever Turned Around souffre d’un manque d’excès, de ferveur ou d’intensité pour pleinement séduire. Certains critiques ont affirmé que ce nouvel album de Whitney pourrait ravir la pole position de l’album soft-rock de l’année au détriment du plus récent Weyes Blood (Titanic Rising) ; on pourrait en débattre longtemps. Cela dit, ce n’est pas un mauvais disque, mais de là à canoniser Whitney, il y a une marge qu’on hésitera à franchir.

Il y a quand même quelques bons moments dans ce disque. L’extrait « Giving Up », un brin orchestral, est réussi. « Valleys (My Lov »e) est du même moule que « Giving Up » et ça fonctionne très bien. L’instrumental « Rhododendron » fait office de pause salutaire à la mi-parcours. « My Life Alone » aura des airs de Smith Westerns et la chanson-titre conclura paisiblement l’album sur une notre qui nous fera oublier l’exaspérante « Song for Ty ».

Encore une fois, Whitney nous offre un album bien ficelé, intéressant pour la qualité de la réalisation, mais la performance vocale linéaire d’Ehlrich et l’asthénie généralisée des chansons de ce Forever Turned Around nous ont empêchés d’embarquer totalement dans cette offre musicale foncièrement nostalgique.

***1/2


Cave In: « Final Transmission »

29 août 2019

Final Transmission est sans doute un titre adéquat pour ce dernier opus de Cabe In puisque, en, raison de la morte de son bassiste Caleb Scofield, ce sera l’ultime album du groupe sous sa forme originelle et même le tout dernier opus du combo.

Il sera donc Impossible découter l’album sans prêter attention à la tragédie qui l’a engendré d’autant que, à l’issue des sessions d’enregistrement, chaque ligne de basse et tous les matériaux bruts de l’album auront été conservés.

Assez court dans la durée (trente et une minute), mais sans aucun temps mort, les lignes de basse seront lourdes, trempées heavy, stoner, claqueront et résonneront comme pour s’ajouter à l’arsenal de violence contenue, presque silencieuse mais résolument triste. Le deuil s’ imprime dans chaque notes, chaque phrase ; souvenirs douloureux d’un ami tout autant qu’un musicien

Final Transmission est clairement cathartique et il doit s’écouter comme tel, une thérapiepar le biais de la musique, mais aussi un hommage brillant et vibrant dans un écrin musicale riche en émotion qui devrait faire date.

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Channelers: « Being »

29 août 2019

Le musicien californien Sean Conrad, alias Channelers, propose, avec For Being ,un disque d’ambient lumineux et insitant à la méditation.Avec claviers, guitare à archet, flûte et voix, le musicien Sean Conrad nous présente un disque d’ambient composé à partir de ce qu’il appelle des « sons essentiels ».Il a d’abord enregistré les parties instrumentales avant de les découper, les assembler, les mettre en boucle et les associer à des fields recordings sans doute enregistrés dans sa ville de Oakland, en Californie.

Il résulte de ce travail d’artisanat d’art, un disque solaire, ouvert sur de vastes horizons, dans lequel on se perdra avec bonheur grâce aux boucles lumineuses qui évoluent sensiblement tout au long des morceaux.
Une très belle production ambient, propice à la rêverie : à découvrir.

***1/2


Jay Som: « Anak Ko »

29 août 2019

Ces dernières années, Jay Som était montée en puissance grâce à un premier album officieux en 2016 (Turn Into) et un autre, officiel celui-ci, l’année suivante nommé Everybody Works). Melina Duterte, de son vrai nom, est devenue un autre nom à retenir sur la scène bedroom-pop américaine et elle confirme son statut avec son nouvel album intitulé Anak Ko, ( « mon enfant »).

Pour cette nouvelle livraison, Jay Som repousse les limites de la bedroom-pop un peu plus loin et il faudra s’attendre à du professionnalisme et de la profondeur sur ce Anak Ko et ces compositions dream-pop/indie rock lumineuses qui l’entourent comme l’atmosphérique « If You Want It » en guise d’ouverture mais également « Peace Out » qui rappelle toute la fragilité de Mitski.

Fortement influencé par les actes des années 1980 tels que The Cure et Prefab Sprout mais aussi d’autres plus modernes comme The Pains Of Being Pure At Heart et Silversun Pickups, Jay Som nous entraîne dans un voyage somptueux et doucement acidulé. C’est avec l’aide de personnes extérieures (Lætitia Tamko, Annie Truscott de Chastity Belt, Justus Proffitt, Taylor Vicks de Boy Scout…) qu’elle réussit à nous envoûter que ce soit sur des titres captivants comme le shoegaze explosif « Superbike » à mi-chemin entre Cocteau Twins et Alanis Morrissette et les reposants « Nighttime Drive » qui porte bien son nom avec son crescendo bien accentué par les cordes.

Et que dire du bien-nommé « Tenderness » qui étonne pour ses accents smooth et jazzy mais toujours aussi planants ou bien encore « Crown » et la conclusion de haute volée nommée « Get Well » qui vient clore les aventures de Melina Duterte sur la route de l’autonomisation et de l’optimisme pour trouver la sérénité dont elle a besoin. Cela fera montre de la grande force de cet album qui prouvera, une fois de plus, ses talents d’artiste et de productrice.

***1/2


Ceremony: « In The Spirit World Now »

29 août 2019

Même si Ceremony ne fait pas partie des groupes que l’on référence en matière de post-punk et d’art-punk, personne ne pourra leur empêcher leur consistance. On avait laissé le quintet de Rohnert Park avec leur cinquième album The L-Shaped Man en 2015 qui était plutôt de bonne facture. Quatre années plus tard, le groupe californien se rappelle à notre bon souvenir avecl In The Spirit World Now.

On retouve une bonne dose d’art-punk bien furieux avec « Turn Away The Bad Thing » en guise d’introduction mais également « Further I Was » et « Presaging The End » rappelant toute la verve de The Clash et Devo. Entrecoupés d’interludes en spoken-word, le quintet californien envoie la sauce en mettant en valeur les synthés et les voix féminines notamment sur le morceau-titre qui se singularise par sa montée en puissance.

On remarquera également sur ce sixième disque que les membres de Ceremony ont redoublé d’énergie notamment la section rythmique qui se fera par moments agressive comme sur « We Can Be Free », « Never Gonna Die Now » ou bien encore sur « I Want More ». Les riffs stridents et la basse démoniaque sont les leitmotivs d’In The Spirit World Now et le quintet de Rohnert Park arrivera à l’exploiter avec succès ; une bonne évolution qui augure de choses prometteusespour la suite.

***1/2