Telekinesis: « Effluxion »

28 février 2019

Telekinesis est un projet musical de one-man-band, celui de Michael Benjamin Lerner qui avait commencé à mêler ses influences indie rock et power-pop à des synthés et une electronica qui, peu à peu, a pris le dessus. synthés et gadgets électroniques viennent prendre le dessus jusqu’à devenir un projet résolument électronique comme l’atteste son dernier album en date de 2015 nommé Ad Infinitum. Trois ans et demi plus tard, le natif de Seattle revient à la source avec son nouvel opus intitulé Effluxion.

Après avoir tourné auprès des légendes en la matière comme Teenage Fanclub il y a quelques années de cela, Telekinesis souhaite revenir à ce qu’il sait faire de mieux ; des compositions plus organiques où tous les gadgets électroniques sont mis au placard au profit des guitares avec des morceaux comme l’introduction résolument Beatles dans l’âme qui plante le décor comme il se doit. Les nostalgiques des albums comme 12 Desperate Lines seront ravis à l’écoute des « Cut The Quick » qui pourrait faire un malheur sur scène ou encore les influences surf-pop de « Like Breeze ».

Michael Benjamin Lerner nous offre des morceaux alternant entre power-pop explosif et rentre-dedans (« Feel It In Your Bones », « A Place In The Sun ») ou d’autres plus smooth (la ballade pianistique « How Do I Get of Sunlight ? », « Suburban Streetlight Drunk ») pour notre plaisir. Bien entendu, il n’oublie pas ses expérimentations avec la conclusion aux allures new-age nommée « Out for Blood » où il ressort les gadgets électroniques une ultime fois.

Alors que l’on pensait que Telekinesis allait définitivement abandonner ses origines, ce retour aux sources sur Effluxion est plus que bienvenue tant il montre que le natif de Seattle a acquis plus de maîtrise aussi bien dans son domaine que lorsqu’il arpente des chemins différents.

***1/2


Feels: « Post Earth »

27 février 2019

Feels est un quatuor californien dont le premier opus avait été produit par Ty Segall. Le combo récidive ici avec Post Earth. Shannon Lay (qui avait sorti un premier album solo) ainsi que ses compères ont décidé de faire appel à Tim Green pour se charger des curseurs.

Feels s’éloigne quelque peu de son garage-punk bien noisy pour aller lorgner vers des territoires plus post-punk et riot grrl (puisque le groupe est composé de 3 filles et d’un batteur).

On a donc droit une bonne dose de déflagration sonique («Car », « Last Chance » ou « Find A Way ») ainsi qu’à des guitares bien sales et des sonorités éléctroniques noisy .comme sur « Anyways ». Le tandem vocal Shannon Lay et Laena Geronimo continue de faire des siennes en parlant de ses névroses induites, selon elles, par le patriarcat. Sur Post Earth ils arpentent également les chemins des B-52’s sur « Sour »ou celles de Sleater-Kinney et Bikini Kill avec des titres dantesques comme « Deconstructed » ou « W.F.L. ».

Au milieu de ces moments audacieux on notera une pièce pièce maîtresse, un « Toolbooth », délivrant un peu de calme conjugué qu’il est avec un ntrospectif « Awful Need ».

En empruntant ce virage discret, Feels montre qu’il peut conjuguer message véhément et (relative) subtilité ; il lui appertiendra de conjuguer ce mariage par la suite et de publier des bans plus pérennes.

***


Animal Flag: « Void Ripper »

26 février 2019

Cela va faire une décennie qu’Animal Flag est dans les circuits et trace sa route sereinement sans jamais connaître sa popularité. Le groupe emo new-yorkais a déjà une riche discographie et c’est presque une routine que de les voir revenir avec leur dernier disque : Void Ripper.

Sans surprise aucune, Animal Flag nous offre un disque sombre etatrabilaire. Il suffira, pour s’en rendres compte, d’écouter des titres comme les agressifs « Candace » et « I Can Hear You Laugh » mais également « Stray » et « Fair » qui sont beaucoup plus immersifs pour y être plongé de plain pied.

On pense à The Hotelier ou encore Manchester Orchestra qui puisent tout dans le pathos et, à cet égard, Void Ripper se montrera résolument cathartique. Animal Flag trouve toujours une certaine beauté dans la souffrance ; il en résulte des moments d’exception à l’image de « Lord of Pain » ou même de la dévastatrice « Five » en guise de conclusion. Parfois, bien sûr, trop de pathos tue le pathos ; il n’en démeure pas moins que personne ne peut se dire insensible à ta teneur emo du combo.

***1/2


Lanz: « Hoferlanz II »

26 février 2019

Pour les connaisseurs, Benjamin Lanz est un membre de The National, Beirut mais encore du backing band de Sufjan Stevens qui officie également dans le supergroupe Lnzndrf et avait publié un premier album du nom de Hoferlanz en 2017.

Une fois de plus, Lanz ait parler son inventivité où l’art-rock et la pop baroque font bon ménage. Le musicien new yorkais continue de nous étonner après toutes ces épopées musicales précédentes avec des titres résolument de haute volée allant de l’introductif « Tell Me, Please » à « With The Rocket » avec en prime un solo de trompette des plus jouissifs en passant par « Auckland », « You Drive » ou bien même « 125 bpm ».

Avec Hoferlanz II, Lanz nous offre un autre aperçu de son talent qui déborde de talent notamment sur « Interloc » et « This is The Time Where ». Et on touche au génie avec La conclusion de cet opus,  Lice In My Brain », est des plus ambitieuses (dix minutes) frisera même le sans faute. Chaudement recommandable.

***1/2


The Bevis Frond: « We’re Your Friends, Man »

26 février 2019

The Bevis Frond est une machine de guerre psyché, une sorte d’héritier de Hawkwind (dont Ade Shaw, bassiste sur ce disque, a d’ailleurs fait parti à la fin des 70’s) et d’Hendrix période Electric Ladyland. Mais également un cousin pas si éloigné que ça de Robyn Hitchcock et de Kevin Ayers pour la délicatesse pop/folk british. Le cerveau de la bête se nomme Nick Saloman, disquaire et boss de label, songwriter de génie, adulé des stars du rock indé : J Mascis, Teenage Fanclub, Thurston Moore, Lemonheads.
Saloman lâche donc une nouvelle tornade de presque 1h30, comme si de rien n’était, comme si les disques d’acid rock se vendaient par palettes, comme si Hendrix, Cipollina et Ron Asheton n’étaient pas mort, comme si tout allait bien !


Au menu : un songwriting de maître (« Enjoy », « Thief », « Growing »), du classic rock parfait (« Pheromones », « Lead On »), du Dinosaur Jr mieux que l’original « (Gig Bag »), des perles pop (« Birds Of Prey » », Little Orchestras, »), etc… Et bien sûr le dernier titre de 13 minutes, « You’re On Your Own » infernal et délirant, qui est une preuve supplémentaire de l’absence totale de recherche de succès de son auteur : la gloire recherchée est bien la gloire du rock’n’roll que connaissent très bien des gens comme Lemmy ou Lux Interior.
Et finalement, ce disque ne se distingue pas vraiment des 27 précédents, il vient enrichir l’œuvre d’un homme qui sait que la plus belle chanson sera la prochaine qu’il écrira, et pour qui faire de la musique et enregistrer des disques sont les raisons de vivre.

****1/2


Fiddlehead: « Springtime and Blind »

25 février 2019

Fiddlehead et un trio originaire de Boston, le composé de Patrick Flynn au chant et de Shawn Costa à la batterie, tous deux membres de Have Heart et rejoints par le guitariste de Basement, Alex Henery.

Il présente ici son premier album, Springtime and Blind, un opus concis, dix morceaux pour 25 minutes de musique, comme pour se dire que brièveté permet de faire forte impression. Mission partiellement accomplie pour un répertoire e à mi-chemin entre indie rock et grunge-pop mdium choisi par Patrick Flynn pour exorciser sa douleur suite au décès de son père.

De « Spousal Loss » à « My World » tout en passant par les percussions militaires d’ »USMA », « Head Hands », « Lay Low » et j’en passe, il est clair qu’il fait parler sa peine alternant chant et cri sur des riffs grungy bien agressifs.

Après ce torrent de rage et de larme vient tout de même la conclusion pour la moins optimiste avec « Widow In The Sunlight » montrant que les jours meilleurs font toujours partie de son radar.

Springtime and Blind s’avère être un petit truc agréable qui aurait fait la différence si le trio avait pu offrir quelque chose de plus mémorable. À vérifier pour plus tard…

**1/2


Kryshe: « Hauch »

24 février 2019

Alors que ses EP étaient publiés sur diverses structures (voire en autoédition), Kryshe semble avoir trouvé une terre idoine pour ses albums ; de même, sur le plan musical, il paraît s’être fixé sur un registre entre ambient et avant-jazz. Sous ce rapport, les bois sont à nouveau présents, comme quelques instruments à vent et un piano. Tous ces concours retrouvent les tonalités étouffées qu’on mettait déjà en exergue il y a deux ans, forme de permanence stylistique qui résulte aussi des conditions d’enregistrement d’Hauch.

En effet, enregistrés à l’occasion d’un déménagement par Christian Grothe, les huit morceaux de l’album ont été saisis sur tablette numérique avant d’être retranscrits sur cassette, avec la compression qui accompagne ce support.

 

Cette compression entraîne alors cette double impression d’entendre des instruments très contenus mais qui, mis côte à côte, constituent des ensembles à la belle ampleur. Il en va également ainsi des vocalises, présentes sur la moitié des titres ou quand les doigts courent sur les doigts des cordes atonales et dialoguent avec un clavier plus cristallin (« Luftspalt II »).

Lorsque la guitare est davantage mise en avant, ou quand il s’agit d’éléments plus directement électroniques, l’atmosphère se fait plus sépulcrale, voire un peu anxiogène (« Gong »). On s’en sera rendu compte : la variété est de mise chez Kryshe, alors même que l’Allemand ne propose pas forcément des morceaux très étendus dans le temps ; c’est dire sa qualité d’écriture.

***1/2


Du Blonde: « Lung Bread For Daddy »

24 février 2019

A la suite de son second album Welcome Back To Milk (le premier sous le pseudonyme Du Blonde) Beth Jeans Houghton s’est centrée sur lson travail d’llustratrice et elle ne revient que quatre ans plus tard avec un opus autoproduit, Lung Bread For Daddy.
Tout aussi enragé que son prédécesseur mais agrémenté d’une finesse aussi bien dans ses textes que ses arrangements, Lung Bread For Daddy est un ensemble de morceaux rock, flirtant avec la pop (« Angel », « Take Out Chicken »), alors que son « debut album » Welcome Back To Milk était, lui ,relativement brut de décoffrage. On aura, toutefois, droit en fin d’album à deux titres plus posés, « Days Like These » et « On The Radio »,

sur lesquels l’Anglaise n’oubliera pas d’apposer quelques riffs bien sentis à la six cordes.

Des compositions comme « Buddy » et « RBY » offreront, comme pour agréger les deux influences, des mélodies qui alternent entre comptines tendres et moments punk magnifiés par qa voix éraillée. La chanteuse sait, d’ailleurs, très bien contrebalancer ces différentes tonalités, jouant les montagnes russes sur une bonne partie du disque. À son électricité viendont ainsi se mêler différents instruments plus classiques tels que le piano, permettant de mettre plus encore en avant les talents de songwriting de l’artiste.


Hormis « Holiday Resort » qui restera sur un fil tendu, la plupart des chansons se concluent sur des distorsions de guitares et des cris féroces, à commencer par le morceau d’ouverture « Coffee Machine ».

« Peach Meat » se révèlera comme le morceau le plus schizophrénique de toutes, passant de somptueux couplets a capella à du solo de guitare dissonant et incompressible, avant de se conclure sur une atmosphère cinématographique du plus bel effet.

La sensation générale sera donc d’être confronté à un disque entre dissonance revendiquée et ambiances beaucoup plus tempérées. Sachant que l’artiste souffre, depuis plusieurs années, de psoblèmes de santé d’esprit, on comprendra et on acceptera cette instabilité complexe, déroutante mais singuièrement bouleversante pour nous affecter.

***1/2


Wyldest: « Dream Chaos »

24 février 2019

Wyldest est un trio londonien qui, après avoir écumé la scène de la capitale et sorti quelques EPs, se lance aujourd’hui dans le grand bain avec leur premier album, Dream Chaos.
Zoe Mead (chant / guitare), Mariin Kallikorm (basse) et Jack Gooderham (batterie) proposent un disque de pop atmosphérique, empli de positivité et de lumière. Des morceaux tels que « Upside Down » et « Barefoot » sont le parfait exemple d’une inspiration qui semble s’aventurer dans un imaginaire façon Beach House.

Le groupe ne rechigne pas, néanmoins, à prendre à contre-pied son auditeur en agrémentant sa dream pop d’apparence classique de rythmiques et mélodies plus entraînantes, à l’image d’un « Mind Over Body » qui, après une longue intro éthérée, dévie sur une pop plus enjouée, allant jusqu’à faire hurler l’électricité en toute fin.


Il en ira de même sur la traditionnelle balade de mi-album, « Lightweight », qui flirtera avec le post-rock, notamment grâce à sa ligne de basse entêtante et l’electro ne sera pas, lui non plus, avec un « Quiet Violet » et sa synthpop vaporeuse ou « Reverse Tide » inspiré, de son côté, par la new wave.
Sans transcender le genre, Wyldest se trouvent au final être un bon substitut à Warpaint et Cocteau Twins, offrant un son eighties remis au goût du jour. Dream Chaos est un disque qu’on a le sentiment d’avoir déjà entendu mais qui parvient tout de même à atteindre son objectif : être accessible, bien fichu et agréable à écouter.

***


Martin Frawley: « Undone at 31 »

24 février 2019

Ce nouvel album de l’ex-leader des Twerps est, pour l’Australien, l’heure de faire un bilan en particulier sur les affres d’une rupture amoureuse à l’âge « canonique » de 31 ans.
Un bilan à la fois mélodique et touchant. Touchant parce qu’à travers des paroles simples, Martin Frawley trouve les mots qui vont droit au but. Mais simplicité n’est pas vacuité ni facilité. Le premier morceau, « You Want Me? », dans lequel le garçon se demande si la personne aimée veut encore de lui, pose les bases de la ligne directrice de l’album et s’inscrit dans la tradition du spoken word, le parler vrai sans cynisme. Tout cela sonne juste à prpos puisque mis au service de la clarté du propos. Le second morceau « End of the Bar » sonne comme une dernière supplication, un playdoyer pour que celle qui s’en va revienne retrouver au bout du comptoir si éventuellement elle en a encore envie.

Simplicité des paroles mais grande variété mélodique (la basse y est très présente) qui donne à la première partie de l’album un rythme guilleret et qui va s’accélérant jusqu’au point culminant qu’est « Chain Reaction ».

Ensuite, le disque va alors basculer vers une tonalité plus introspectiveFrawley analyse sa personnalité, n’y voit pas grand-chose à redire et trouve même des excuses au départ de sa dulcinée sur « Something With Me. » La Belle appartient désormais à un autre comme « Lo and Behold » nous le raconte alors que, dans un dernier sursaut, il ui demande de lui revenir. Des mots simples, de jolies mélodies, ; Undone at 31 est un grand disque d’amour déchu et déçu que l’auteur-compositeur australien nous propose, un disque dont les secrets et les strates se dévoilent au fur et à mesure des écoutes sans tomber dans la mièvrerie et toujours avec la dignité qui sied à de tels émois.

***1/2