Ce neuvième album de Laura Veirs justifie fort bien son titre puisque Warp & Weft est en effet un terme de couture évoquant un riche canevas de trames. Celles-ci créent un patchwork mélodique où dominera une abondante tapisserie de sons et d’idées musicales créés avec son partenaire et producteur Tucker Martine.
Comme très souvent, son folk est nimbé de références à la nature mais celles-ci sont étayées par une multitudes de tonalités où l’éclectisme intervient en contrepoint pour accompagner le cycle des des saisons.
Ainsi « Sun Song » ouvrira l’opus sur la pulsation chaude d’une guitare acoustique, d’une pedal steel et de viole, couperosés par le tranchant sporadique d’une guitare électrique, ainsi le morceau qui cloturera Warp & Weft, « White Cherry » sera un impitoyable voyage dans une mélopée où s’introduiront dissonance et dodécaphonisme.
Conçu au moment où la chanteuse était enciente de son deuxième enfant, on comprend très bien pourquoi elle a été sensible aux infimes variations des éléments qui faisaient comme accompagner sa grossesse. « Shape Shiter » évoque l’hiver et la nécessaire obligation de s’entourer de compagnie, un thématique de la convivialité qui a été intensifiée par les affres de sa situation. « Dorothy of the Island » incorporera alors le refrain de « Motherless Children », un standard du blues et « Sadako Folding Cranes » sera le récit éprouvant de la mort d’un bambin due à des radiations atomiques. L’orchestration sera celle d’une mandoline plaintive ponctuée par un jeu de cymbales et des textures de claviers, rendue d’autant plus émouvante par la façon dont la vocaliste nous offrira un solo sifflé à mi-parcours dont la simplicité et la pureté se fracasseront conter la dureté du sujet.
« America » la verra aborder de manière sardonique la thématique des conflits, personnels et sociétaux et célébrer la démarche des artistes, fascination pour l’autre que ne démentira pas la simple unisson des guitares et des harmonies vocales encadrant « Finster Saw The Angels » (l’illustrateur connu pour ses pochettes de R.E.M.) alors que « That Alice » offrira une biographie condensée de la harpiste de jazz Alice Coltrane.
Bien que parfois lugubre, ce nouvel opus permet à Laura Veirs de percer dans un registre où le personnel a parfois peine à nous éclairer sur notre nature et nos idéaux. C’est aussi cette inventivité instrumentale qui nous autorise à goûter ce folk mâture qui réussit si bien à s’échapper de sa tradition.




