A Boat On The Sea de Moron Police est unopus pop-prog guilleret ; comme quoi, la Norvège ne recèle pas que des groupes dépressifs. Après avoir sorti deux albums en autant d’années, nos quatre « policiers abrutis » ont pris leur temps (cinq ans) pour peaufiner ce petit bijou de gaîté musicale effervescente.
A l’instar d’un A.C.T. Moron Police fait partie de ces rares groupes capables de construire des pèces mélodiques très complexes mais également rafraîchissantes et étourdissantes de joie et dans lesquelles il est impossible de détricoter le prog du pop. Les enchaînements improbables sont légions et pourtant leurs chansons et surtout leurs refrains s’impriment très facilement dans votre cortex cervical. C’est bien simple, à la fin d’une première écoute de cet album, on reste absourdi devant ce raz de marée mélodique d’à peine 33 minutes d’une densité et d’un punch incroyables. Le superbe artwork de la pochette style Arche de Noé cartoonesque est l’œuvre d’Antonio Segura Donat et elle est complètement en phase avec l’ambiance qui prédomine sur A Boat On The Sea.
Passée l’intro, sorte de ballade inachevée, on prend une claque avec l’échevelé « The Phantom Below », un étoursissant « Captain Awkward » aux couplets farfelus et qui setrouve être le titre le plus apparenté à A.C.T. La part belle est donnée aux claviers de Lars Bjørknes, souvent mis à l’honneur sur l’album pour habiller les riffs et en charge des soli avec le renfort de violon, sax et autre accordéon. La section rythmique constituée par Thore Omland Pettersen (batterie) et Christian Fredrik Steen (basse) est d’une précision chirurgicale (« Captain Awkward »). Le chant du guitariste Sondre Skollevoll rappelera celui de Michael Eriksen d Circus Maximus même q il l’atteint toutefois pas les aigus en particulier sur « Isn’t It Easy ! ».
Telle une balle de tennis de table qui rebondit partout, la set-list est sautillante alternant les titres plus martiaux (« The Invisible King », « The Dog Song ») avec d’autres hyper endiablés (« Beware The Blue Skies », « Captain Awkward », «The Undersea »).
On n’est, ainsi, pas au bout de ses découvertes certes musicales (car une écoute est largement insuffisante) mais surtout du propos. Si musicalement, c’est hyper joyeux, les textes offrent un contraste saisissant. Il est question de guerre, de dieu et d’argent avec parfois une bonne dose d’ironie désabusée comme l’illustre parfaitement « Beware The Blue Skies »où, sur rythme de lounge blues, on fait mention du non-alignement de la Norvègeirrespectueusement désacralisé.
Il est donc souvent question de bombes et justement, cet album en est une qui vous explose joyeusement aux oreilles telles celles que l’on allume pour les fêtes de famille, chaque chanson étant un cotillon qui vous donne la banane. Alors, à moins d’être fait de pierre, vous ne pourrez pas rester insensible à l’allégresse qui est générée par ce bijou de pop/prog ébouriffant.
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