Y Dydd Olaf est le premier album solo de Gwenno, ex-membre des Gallois de The Pipettes un groupe avec qui elle avait connu un certain succès. Ici elle s’attaque à bien autre chose, un disque chanté principalement dans sa langue natale qui a pour ambition de délivrer ce qui fait frémir beaucoup de personnes, un « concept album ».
Ici, l’affaire est beaucoup moins ludique et plus politique puisqu’il s’agit d’une dystopie dans laquelle les robots ont pris le pouvoir. Tous les éléments étaient donc là pour que l’opus soit peu accessible mais aussi puisse souffrir de cette musique ampoulée qui aurait rappelé par exemple Tales From Topographic Oceans de Yes.
Si comparaison il doit y avoir ce devra pourtant être avec Mwng des Super Furry Animal, lui aussi chanté en Gallois. Le disque est subtil, construit de manière extrêmement complexe en termes d’arrangements et le message est véhiculé avec une telle passion, Y Dydd Olaf signifie Le Dernier Jour, qu’on n’a pas besoin de comprendre la langue pour s’en sentir investi et que certains titres comme « Chwyldro » (Révolution) bénéficient d’arrangements si subtils que jamais un slogan politique n’a pu sonner aussi fluide.
Musicalement l’electropop de Gwenno se rapproche des rythmiques de Kraftwerk période Autobahn, y greffera des synthés amples et omniprésents sans être envahissants et, au total, Y Dydd Ola mêlera exaltation, colère et mélancolie avec une si belle démonstration qu’on ne sera pas loin de se réconcilier avec le concept et la richesse d’interprétation d’un album chanté dans un langage qu’on ne comprend pas mais dont on perçoit, néanmoins, la ferveur insurrectionnelle.
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