From Indian Lakes avait fait parler de lui avec son album Everything Feels Better à l’automne 2016. Ce projet musical californien mené par Joey Vannucchi est considéré comme étant une valeur sûre de l’emo revival américain de cette décennie. Cette fois-ci, il décide d’opérer un changement drastique sur ce nouvel album intitulé Dimly Lit.
Dix ans après sa formation, From Indian Lakes souhaite évoluer et élargir ses horizons musicaux et ce nouvel opus va répondre à cette problématique. Cela s’entendra parfaitement à travers des morceaux plus pop et plus synthétiques comme l’entraînante introduction « New Love » mais également « It Pulls You Up » et « No One Else » qui garderont, toutefois, une base indie rock.
Le nouvel album est également riche en collaborations, ce qui est une nouveauté. On peut citer Soren Bryce de Tummyache qui pose sa voix à trois reprises sur les enivrants « Dissonnance », « Cover My Eyes » et « Almost There » tout comme Nandi Rose Plunkett de Half Waif qui intervient sur « Your Heartbeat Against Me » et sur « A Bad Dream ». Mention spéciale à Miriam Devora des excellents Queen of Jeans sur les divins titres que seront « Garden Bed » et « Faces ». Chaque invité apporte ainsi son ingrédient spécial sur des compositionsqui rappeleront la grâce de M83 et de The Postal Service.
Entre temps, on qura pu apprécier les cexplorations indie pop électroniques autant oniriques que pêchues que sont « Breathe It Out » et « When It’s Love You Want ». From Indian Lakes a indéniablement réussi sa réinvention artistique avec ce Dimly Lit résolument aventureux et novateur sans jamais désorienter sa fan base initiale.
L’idée de l’outsider est un concept pour lequel tout le monde éprouve de la sympathie l’outsider. Par exemple, le jeune footballeur qui est l’homme du match ou, dans un domaine plus musical, Anthony Reynolds, un amusicien qui mériterait plus de considération.
Cet homme est, en effet, un véritable artiste : signé sur un label indépendant reconnu par le puissant Warner Chappell pour ses talents d’auteur-compositeur, il a sorti de nombreux albums, écrit des biographies, produit, écrit et collaboré avec de nombreux artistes et même chanté avec le Moscow Philharmonic.
Chose dite, nous passons de l’Hadès au Mont Olympe, des ténèbres à la lumière. Le morceau d’ouverture, « Was Born », juxtapose la bande originale d’un thriller d’espionnage des années soixante avec les détails factuels de la naissance de l’artiste. Les paroles sont factuelles, drôles et voûtées, exactement ce que l’on peut attendre d’un maître orfèvre.
Lorsque Reynolds ouvre ses cordes vocales, un riche baryton se dévoile agréablement.
La production est fantastique, et avec des collaborateurs volontaires comme Rob Dean, Fiona Brice et Carl Bevan, c’est un album formidable qu’il faut absolument rechercher.
A Painter’s Life est une vie idiosyncrasique, chaleureuse, drôle et tendre. Un ensemble de compositions musicales à chérir. Un vrai maestro est à porté de nos tympans et il est temps que le reste du monde le sache.
Ce quatrième album de The Almost est en totale opposition avec le dernier opus d’Underoath. Là où Erase Me se la jouait très synthétique, bourré d’effets électro, d’ambiances et de claviers, Fear Caller est hyper organique. Aaron Gillespie, le frontman, le racontait dans une récente interview que le processus d’enregistrement avait été très roots et chaotique (des histoires de studios pas bookés ou déjà surbookés), et qu’au final, c’était son meilleur souvenir dans la création d’un disque. Mais qu’attendre du successeur surprise de l’oubliable Fear Inside Our Bones (très clairement le moins bon de tous leurs disques) sorti en 2013 ? Comme évoqué plus haut, Fear Caller est un album organique et sans fioritures (si ce n’est un superbe solo de saxophone d’un membre de Less Than Jake sur la magnifique « Tame A Lion ». Il s’agit de l’album le plus pop-rock de la bande, et on sent qu’Aaron a désormais pris ses marques en tant que songwriter unique d’un groupe et réussit à se libérer (presque) totalement de l’ombre d’Underoath. Très rock dans le côté direct des morceaux (« I Want It Real » qui renoue avec Monster Monster, tout comme « Fire » « Over And Underneath »), à la recherche de l’émotion à chaque instant (la très belle ouverture sur « Chokehold » avec un très beau refrain et une superbe performance vocale, « I »Won’t Miss »), Gillespie sait où il va et y fonce. C’est une certitude. Sur certains titres, l’influence Underoath se fait encore présente, mais ça fonctionne toujours extrêmement bien (l’interlude « Fear Caller » ou « Lif » » sont de bien meilleurs titres que tout ce qu’on peut trouver sur Erase Me, et pourtant on ne peut s’empêcher d’y penser, cette ambiance, cette lourdeur, ces guitares).
Gilllespie a donc réussi son pari de proposer un quatrième volet à ce projet mis en suspens pendant trop de temps et surtout à écrire un album homogène, beau et accrocheur. Moins rentre dedans que ce que l’on pouvait trouver sur les deux premiers albums, mais plus personnel et encore plus affûté. Fear Caller est un bien bel album, et montre encore, si besoin était, à quel point Aaron Gillespie est un monsieur talentueux. A ne pas manquer.
Ambiance sinistre, évocatrice, inspirée de l’automne et de l’hiver, à la fois isolante et belle. Sleepmoss, le deuxième album de Lara Rix-Martin sous le nom de Meemo Comma, arrive délibérément au cœur de l’automne. L’artiste de Brighton, qui dirige également le label expérimental Objects Limited, affirme que le disque s’inspire de la descente de l’hémisphère Nord en hiver et, surtout, de la façon dont ces mois d’obscurité affectent son état de conscience. Ce n’est pas la première fois que Rix-Martin explore les espaces liminaux. L’EP Cyclizine de 2016 (sous le nom de Lux E Tenebris) a été réalisé en réponse à la prise de médicaments contre l’hyperémèse, ou nausées matinales extrêmes, pendant la grossesse, tandis que le LP Ghost On The Stairs de 2017 évoquait l’expérience modifiée de l’artiste dans le traitement des troubles auditifs. Ces cadres conceptuels, aussi abstraits soient-ils, contribuent peut-être à l’étrangeté stylistique de la musique de Rix-Martin. Sleepmoss, à travers la planète Mu, est aussi étrange et onirique que tout ce qu’elle a jamais fait.
Mêlant nature et saisons, Rix-Martin réalise un album d’ambiance luxuriant, régnant dans ses précédentes expériences de jeu de pieds en faveur de quelque chose de plus classique. Il y a des violons romantiques (« Sleepmoss »), des roulements de tambour orageux (« Meadhead ») et des bois flottants (« Murmur »), souvent associés à des échantillons de vent, de pluie et d’appeaux. Bien que cela donne une atmosphère douce et mystique, la caractéristique distinctive de Sleepmoss est le sentiment sinistre qui se cache en dessous.
Chaque plage a tendance à se décomposer au fil du temps, comme des artefacts laissés de côté dans les éléments, en commençant par une qualité de soufflage ou de lueur, puis en finissant par être discordants et obsédants. La conception sonore, aussi, a un sens de l’ironie. Aussi apaisant que cela puisse paraître, il y a généralement quelque chose d’inquiétant dans les cris d’animaux fantômes de « Night Rain », les bourdonnements d’acouphène de « Amethyst Deceiver alors que « Windross », avec sa distorsion boueuse, sonne comme un chœur d’anges noyés dans une tourbière.
Ces ambiances et ces textures font de Sleepmoss Rix-Martin le disque le plus évocateur à ce jour. Son boisé éthéré est facile à évoquer, tout comme son sentiment de s’installer dans l’obscurité de l’hiver. Elle peut être à la fois isolante et belle. Alors que cet album est un développement prometteur de la part d’un producteur dont les disques passés ont chassé des idées difficiles et abstraites, Sleepmoss ne parvient pas à livrer une certaine fraîcheur vocale. En prélude à cet album, Rix-Martin a sorti un mix FACT, où une poignée de ses titres, nouveaux et anciens, côtoyaient des contemporains comme Puce Mary, Caterina Barbieri et l’artiste Objects Limited RUI HO. La musique de ces femmes constitue le point culminant stylistique et émotionnel du mélange. Les productions de Rix-Martin semblaient moins lourdes, se contentant d’ombrager les espaces intermédiaires. Pourtant, ils sont essentiels pour faire flotter la vision plus large de l’artiste, l’univers sombre et onirique de Sleepmoss évoque aussi.
Studio Electrophonique est le projet solo de James Leesley, jeune Anglais de Sheffield, ancien guitariste des High Hazels, groupe qui a eu son petit moment de gloire sur la foi de quelques titres plutôt bien troussés rappelant parfois Felt ou The Smiths.
Le fait que Leesley ait enregistré ce disque tard dans la nuit, atténuant le bruit afin de ne pas déranger le bébé du voisin a eu une influence esthétique déterminante sur ce disque. Par contre, si vous aimez une certaine douceur, une sophistication tout en simplicité, la mélancolie, il y a de fortes chances que vous fondiez pour ce disque. L’utilisation d’un magnétophone rudimentaire, d’une guitare et d’un clavier a également été fondamentale dans la conception, l’écriture et l’enregistrement des morceaux. Aller vers quelque chose d’essentiel, de très naturel, introspectif et fragile, une certaine pureté, un romantisme.
Et, si cela fonctionne aussi bien, c’est parce qu’il y a une sincérité, une honnêteté, un talent d’écriture mélodique assez évident, une profondeur de champs et de son. Des chansons simples, mais qui développent un vrai univers (« Jayne », les très beaux « You had Me Hanging On » ou « I Don’t Think I Love You Any More »…), avec du cœur et de belles mélodies. 6 titres à écouter seul, tard le soir et se laisser envahir…Vous l’avez compris, cet album
n’est pas tout à fait un disque comme les autres. C’est le genre de production qui va vous accompagner jusqu’à la fin de votre vie, au-delà de la vitesse de 33 tours 1/3.
Au cours de la dernière décennie, Neil Young nous a présenté des albums qui, somme toute, ont été couci-couça. Une seule exception : Le Noise (2010); disque enregistré et réalisé par Daniel Lanois et seul opus où Young a fait appel à un réalisateur en bonne et due forme. Puisque le doyen âgé de 73 ans n’a plus envie de se regarder le nombril infiniment, il préfère maintenant s’en remettre à son instinct plutôt qu’à un exigeant travail de création. C’est parfaitement son droit. À son âge, vu l’excellence de sa discographie, le Canadien d’origine est entièrement libre de faire ce qu’il veut !
Toutefois, c’est avec ce magnifique véhicule sonore chambranlant qu’est Crazy Horse que le barde nous a toujours offert le meilleur de lui-même .Ce 39e, le 40e ou le 41e album (on ne les compte plus !) en carrière de Neil Young. Le pionnier du mouvement grunge rameute ses bons amis Nils Lofgren, Billy Talbot et Ralph Molina (tous sont dans la soixantaine avancée) et nous propose Colorado; disque enregistré à Telluride, petit village situé dans l’état du… Colorado.
Colorado est un album assez grinçant, exécuté parfois de manière maladroite, qui porte sur l’état écologique lamentable de la planète et sur la folie des hommes; faisant surtout référence à un asservissement constant à des mythes qui perdurent depuis trop longtemps (croissance économique infinie, scepticisme face à un désastre environnemental à venir, etc.)
Sans atteindre les sommets qu’il a déjà conquis avec son « cheval fou » (Rust Never Sleeps, Sleeps with Angels, Zuma, etc.), Young ne décolère pas et égratigne juste assez nos oreilles pour demeurer crédible. On ne peut que s’incliner devant autant de détermination, de générosité et d’indignation. Au lieu de rester bien assis sur ses vieilles fesses (comme la vaste majorité d’entre nous), l’homme poursuit sa croisade contre les « bienfaiteurs » de ce monde, coupables de cupidité et d’irresponsabilité crasses.
Musicalement, force est d’admettre que le poids des années se fait sentir pour Neil Young & Crazy Horse. Par moments, la cohésion fait sérieusement défaut. Il s’agit d’écouter attentivement Ralph Molina dans l’épique « She Showed Me Love » pour se rendre compte que le batteur a sérieusement perdu en efficacité, ce qui influence la vitesse à laquelle les chansons sont jouées. Mais les guitares, elles, sont toujours aussi encrassées et la voix nasillarde/inharmonieuse de Young n’a rien perdu de sa singularité.
Il y a belle lurette que le parolier a délaissé les images poétiques afin d’opter pour une approche littéraire plus concrète. L’homme a envie de se faire comprendre par le plus grand nombre; une intention noble soit, mais qui camoufle inconsciemment un certain mépris quant aux capacités d’attention et de compréhension de ses semblables… ce que Nick Cavea refusé de faire, littérairement parlant, sur Ghosteen.
Neil Young & Crazy Horse sont à leur summum quand les guitares écorchent; l’instinctive et imparfaite « She Showed Me Love », la tribale « Shut It Down » et la menaçante » Help Me Lose My Mind » se classent parmi les meilleurs morceaux de ce nouvel album. « Eternity » «évoque le Neil Young d’After the Gold Rush et « Rainbow of Colors » est une émouvante profession de foi pour la sauvegarde de notre planète.
Cette création est sauvée de l’indifférence grâce à la détermination de l’artiste d’en découdre avec la nonchalance environnementale de nos décideurs et avec l’aide de ces cinglantes guitares. D’abord et avant tout, c’est la voix magnifiquement inesthétique du vétéran, reconnaissable entre toutes, qui permet à ce Colorado d’atteindre le seuil de la respectabilité.
Stephen Mallinder était l’un des fondateurs du célèbre groupe de Sheffield, Cabaret Voltaire. Il était au sein du combo qu’il formait pendant un temps avec Richard.H Kirk et Chris Watson le chanteur et bassiste. Fascinés par les dadaïstes des années 1910, le groupe avait emprinté son nom au célèbre café-bar de Zürich qui accueillait la plupart de ces gens aussi talentueux qu’azimuthés. Si les Cabaret Voltaire n’existent plus depuis 1994, Richard Kirk continue de travailler sous cet alias en solo, surtout afin de faire de rares apparitions scéniques. De son côté,Mallinder, aussi nommé « Mal » par la plupart des fans du groupe, a quitté le Royaume-Uni après la dissolution du groupe et s’est installé en Australie. Là bas, il est devenu docteur et professeur en musicologie. Sa carrière musicale s’est un temps stoppée (il a néanmoins participé à quelques petits projets pendant les années 2000, comme Amateur Night In The Big Top, l’album solo de Shaun Ryder (des Happy Mondays). Il aura fallu attendre 2013 et la formation de Wrangler avec Benge (clavier de John Foxx & The Maths) ainsi que Phil Tunge pour que Mal reprenne sérieusement du service dans la musique. Ce nouveau projet, croisement entre la musique industrielle pure et l’électrofunk des années 80, se concrétise avec la sortie de deux albums, l’excellent L.A Spark en 2014 et le nettement moins bon White Glue en 2016. Un peu plus tard, Wrangler s’associe avec le chanteur John Grant et le projet change de nom, se nommant alors Creep Show. Leur album (unique pour le moment), sorti l’an passé, Mr. Dynamite, poursuivait les expérimentations de Wrangler avec le chant de Grant. Mallinder, n’ayant sorti qu’un seul disque solo il y a déjà bien longtemps (Pow Wow en 1982), se lance dans le même temps dans la confection d’un nouvel opus. Ce dernier est selon lui une réaction à la vague de nostalgie des musiciens envers le matériel analogique, qu’il pense beaucoup trop intellectualisé. Son nouvel album, presque à la manière des dadaïstes, sera quasiment fait en « composition automatique », laissant les machines s’exprimer d’elles mêmes pour nous faire danser. Nommé Um Dada et produit par Benge, le disque n’est finalement pas tellement différent des productions de Wrangler. Mallinder construit sa musique de la même manière : à partir d’un attirail assez impressionnant de machines analogiques (au hasard, un Roland System 100, un Moog Modulaire, une Linn LM1), il fait s’entremêler basses rondes et hypnotiques sur des rythmiques foutraques. Le tout est augmenté de samples de sa propre voix et d’autres effets si caractéristiques de son créateur, qu’on trouvait déjà dans la musique de Cabaret Voltaire.
L’album lui-même est composé de neufs titres, tous assez similaires dans la production. Cette homogénéité est appréciable, d’autant plus que les morceaux s’enchaînent dans une fluidité parfaite. De l’ouverture sur le funky « Working (You Are) » jusqu’au final avec l’entraînant « Hollow », l’auditeur à tout le temps de dodeliner de la tête en rythme sur les morceaux, tous assez dansants. Mention spéciale à « Satellite » qui évoque furieusement Human League ; des compatriotes originaires eux-aussi de Sheffield; ou bien « Colour » », qui rappelle là non-seulement par le nom mais également par la musique le meilleur des toutes dernières productions de Cabaret Voltaire. Dans le même temps, des titres comme « Robber », ou « Um Dada », renouent avec la veine plus dark de l’ariste. L’album, finalement assez intemporel par sa production, fait à la fois intervenir le meilleur des années 80 et 90 afin d’en apporter une synthèse parfaite, aux accents parfois un peu DIY mais maîtrisée de bout en bout et main de maître par un fin connaisseur du genre. Permettant aux fans les plus nostalgiques de retrouver la veine la plus dansante de l’univers de Stephen Mallinder, Um Dada reste également l’un des meilleurs disques de musique électronique de l’année 2019. N’apportant cependant rien de bien nouveau à un genre déjà bien fourni, le disque reste tout de même un véritable plaisir à écouter.
Le premier album de de duo franco-britannique composé de Dean Spacer et Clément Sbaffe est à l’image de son patronyme, entre amusement (fun) et deuil (funeral). Le tandem est intrigant également par sa musique, évanesente et pleine de faux-fuyants sinueux comme le seraient les circonvolutions du cerveau ou, parfois, du coeur.
Le disque a été bricolé en semi retraite dans une petite chapelle de la Manche, lieu isolé permettant de se transformer en bulle de créativité débridée, entre moyens limités, lo-fi, et tâtonnements.
Les voix hauts-perchées et la guitare folk en sont la structure, squelettique comme elle se doit de l’être. Autour de celle-ci, boîtes à rythmes, synthés, instruments jouets et autres objets détournés de leur usage premier constituernont une instrumentation hasardeuse.
Le résultat est déroutante et cristallise à la fois frustration et intérêt. Peut-être est-ce sur ce dédale qu’il conviendra de se repérer puis se guider sans être, toutefois, certain d’y accéder.
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Dixième album du trio, A Rock Supreme est doté d’une pochette réussie et est un bon album de rock’n’roll. Avec ce qu’il faut de guitare et un basse/batterie toujours impeccable. La base rythmique empruntée à AC/DC (« I‘m in a Band », « We’re Crazy » » et les hommages sous-entendus à Kiss et à Motörhead ne sont pas réduits à peau de chagrin. Non, de ce côté-là, pas de soucis.
Le problème est que Danko Jones a du mal à renouveler des riffs déjà entendus maintes et maintes fois dans ses précédentes productions, et quand le chanteur explore de nouveaux horizons vocaux(« Dance Dance Dance », « Fists up High), il nous rappelle qu’il n’est pas Caruso. Si bien qu’après plusieurs écoutes, ce sont les titres inspirés de ses meilleurs brûlots des disques précédents qui font mouche « I’m in a Band », « That Girl »). En fait, le Jones qu’on apprécie en général est celui au ton monochorde (« Burn in Hell ») qui va vous prendre prend aux tripes.
A Rock Supremeest un opus entraînant et rythmé, fait par ou pour les passionnés de rock qui tabasse et qui sent la sueur. Une recette n’est modifiable que si elle est stérile; libre à chacun de décider si il préfère réécouter les premiers albums du bonhomme.
Avec son premier album A Suitable Girl sorti en 2017, Ali Barter semblait bien partie pour devenir l’un des plus beaux secrets trop bien gardés de la scène australienne. Son nouveau disque peut espérer dépasser les frontières de son pays puisqu’il bénéficie aujourd’huid’une distribution internationale.
Son panel musical s’est, de ce fait, élargi et pas seulement d’un point de vue géographique. On pourrait, en effet, parler de montée en puissance car, si son premier album revisitait avec brio l’indie rock des années 90, avec une vision très féminine et affirmée façon Liz Phair, Hello, I’m Doing My Best fait exactement la même chose, mais en plus grand et plus fort. A programme : distorsion et gros riffs de guitares accompagnés de sa voix plus haut perchée que jamais. Peu d’artistes prennent, de nos jours, le parti de se référencer à une musique qui n’est plus dans l’ère du temps ; les solos de « History Of Boys »voudront, à cet égard, nus ramener à la période du le premier album de Weezer.
Hello, I’m Doing My Bestva naviguer en plein power pop, ce qui, en outre permettra de nous gratifier de chansons addictives mais, cerise sur le gâteau, de nous présenter pune collection de titres au ton très autobiographique qui retracent ses différentes relations. On aura droit ainsi à des allusions pertinentes et matures à son corps, à ses instincts, à la sobriété et ses anciens vices, ainsi qu’aux personnes qui lui sont chères. On pourra, à ce sujet, mettre en exerguele très tranchant « Ur A Piece Of Shit »qui se déploie sans filtre et qui est comme une illustration significative de la moue désinvolte qu’elle affiche sur la couverture du disque.
On ressent d ’ailleurs comme une envie d’en découdre et une ambition décuplée. Chaque morceau est très direct et marche à l’instinct, celui d’une sensibilité musicale de singer songwriter sous un costume de rockeuse enragée. Cette formule lui permet de faire mouche à de nombreuses reprises. C’est certain, elle n’a pas besoin de dire qu’elle fait de son mieux pour arriver à ses fins et séduire son audience. Ce nouvel album lui offre l’occasion de s’exprimer haut (« January ») et fort (« Big Ones ») et d’attirer sur elle une attention plus que méritée. En bref, un vrai disque de rock comme on en entend trop rarement et dans lequel elle fait bien plus que son mieux.