Les supergroupes ne sont pas toujours la meilleure idée. En parcourant les listes des « meilleurs supergroupes de tous les temps », seuls un ou deux nous semblent être de véritables réussites (Nick Cave and The Bad Seeds, Crosby, Stills, Nash & Young). Il y a tellement d’accidents de voiture prétentieux et de combinaisons grand public qu’il est rafraîchissant de voir arriver un groupe qui fonctionne vraiment. Nightshift, originaire de Glasgow, est composé d’un casting brillant issu de la scène underground britannique : Andrew Doig (Robert Sotelo, Order Of The Toad), David Campbell (anciennement de I’m Being Good), Chris White (Spinning Coin), Eothen Stern (2 Ply) et Georgia Harris. Compte tenu de l’exode massif de ces dernières années de Londres vers Glasgow, la ville est un creuset croissant de créatifs exceptionnels.
Formé en 2019, nous avons complètement manqué leur premier opus autoproduit l’année dernière et nous le visiterons certainement rétrospectivement.
Nightshift a assemblé Zöe pendant le confinement de 2020, enregistrant séparément dans des home studios, se passant des boucles et superposant des idées folles par-dessus. D’une certaine manière, cela semble incroyablement cohérent et très bien produit.
Le premier morceau, « Piece Together », est délicat et presque méditatif. Il tourne autour d’un simple groove de basse semblable à celui de DEUS et nous trompe quelque peu sur ce à quoi nous devons nous attendre. « Spray Paint the Bridge » est fabuleusement tordu. La séquence d’accords simple et bancale et la voix rythmée proviennent de l’école de pop de Terry. Les touches de clarinette jazzy sont fantastiques. Cela rappelle Kaputt, un autre groupe de Glasgow, mais sans le strut.
Les premiers sons de style dEUS (bien sûr, c’est juste notre cadre de référence) reviennent sur « Outta Space ». Les légères courbes et harmoniques bizarres rappellent des morceaux comme « A Shocking Lack Thereof » et « Great American Nude ».
Mais la comparaison s’arrêtera là. En effet, les voix spatiales et les grandioseseffets en pâmoison des synthés créent une sensation presque trip-hop. Et elle est subtilement ludique.
« Make Kin » est plus optimiste. Le son sale de la basse crée une texture satisfaisante dans une sorte de groove no-wave « Need New Body ». C’est le morceau le plus « in your face » jusqu’à présent et Nightshift prend alors un virage légèrement plus pop avec le morceau « Fences » de Doig. Le son y est glorieux presque baîllantet offre oujours un plaisir à entendre, surtout avec des mélodies qui rappeleront Harry Nilsson. Musicalement, il approndira alors tune sensation de jam ouverte qui se marie bien avec le reste de l’album.
« Power Cut » est une composition absolument magnifique. Le drone du synthétiseur et la section rythmique des Talking Heads s’étendent jusqu’à un merveilleux point culminant optimiste et euphorique qui comprend des mélodies feel good à la Sacred Paws, le mur de son de My Bloody Valentine et une ligne de synthétiseur triomphante des années 80 de Springsteen. La voix du refrain nous rappellera étrangement le « Prince Charming » d’Adam Ant ( !).
Il est suivi par le scintillement sinistre d’ « Infinity Winner » arboranr un soupçon de The Sea et de Cake. Les touches staccato et la superbe ligne de guitare soutiennent la voix de Doig, qui semble presque endeuillée. « Romantic Mud » est éparpillé et fusionné, à l’image de Tortoise, avec un chant presque culte et un son de synthétiseur bizarre et guêpier dans le refrain. Cette approche hachée se poursuit dans la chanson titre « Zöe ». Le rythme 5/4 devient lentement méditatif, tandis que la guitare en sourdine et le rythme de la batterie s’installent comme un hamster qui tourne constamment sur une roue.
Le chant se situe quelque part entre la beauté de Bas Jan et le plaisir chantant de Sacred Paws, déjà mentionné. Comme toutes les bonnes choses, cela doit avoir une fin, et Nightshift va, ici, ermr boutique avec le sobre et rêveur « »Receipts ».
Savoir que tout cela a été réalisé en vase clos est remarquable. Tout au long de Zöe, le groupe semble complètement en phase les uns avec les autres. Chaque chanson se développe d’une manière tellement organique qu’on a l’impression qu’elle est le produit de plusieurs sessions de jam en groupe. C’est un album vraiment spécial réalisé par un e réunion de musiciens fantastiques qui, à chaque écoute, nous immergentdavantage dans leur monde cyclique. Un must absolu !
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