Le titre de ce treizème album de Wire pourrait se traduire par : « Le changement nous sied. » ce qui est tout à fait approprié pour ce groupe. On sait qu’il a, à chaque nouveau disque, regardé ses précédentes productions avec distance et qu’il s’est toujours employé, « live », à jouer des titres inédits plutôt que des morceaux familiers de son audience.
Qualifiés de « à peine écoutables » en 81 au post punk, les incarnations de Wire ont été multiples et Change Becomes Us en est une représentation paradoxale. En effet, il s’agit ici d’une sorte de compilation qui voit le groupe s’intéresser à ses premières années. Bien sûr, connaissant Wire, ça ne pouvait être un Best Of mais une reprise de morceaux inédits sur disque mais déjà interprétés en concert.
On retrouve la férocité avec laquelle ils jouaient à l’époque ; celle-ci s’est un peu adoucie et est devenue plus introspective à moments, plus débridée, mais exécutée avec expertise, à d’autres. La plupart des compositions sont excellentes et on peut même se demander pourquoi ils n’étaient pas inclus dans les mythiques, et incendiaires Pink Flag, Chairs Missing et 154.
Les plages ont un côté « arty » détaché, particulièrement les vocaux combinant textes cryptiques et travaux métalliques sur la voix. Le résultat est assez dérangeant avec des guitares s’y conjuguant pour générer une atmosphère morbide. Dans laquelle ceux qui apprécient les accords mineurs et les alternances satisfaction/dépression se régaleront.
De ce point de vue, Wire supplantent aisément PI.I.L. avec des morceaux comme « Doubles And Trebles » ou « Adore Your Island » où la mélancolie s’orne de guitares acérées et de longs crescendos qui peu à peu créent un pesant climat de claustrophobie. Ailleurs ce seront les lourds et industriels « Eels Sand » et « Stealyh Of A Stork » dont la furieuse précision rappelera l’origine punk du groupe et, à l’inverse, « Love Bends » ou « B/W Silenced » qui arboreront un visage vaguement « prog rock ».
Wire a été surnommé « « l’art band » par excellence », c’est encore plus apparent ici, dans ce court mais indispensable concentré de l’approche novatrice du combo.




