En 2015, Mike Krol avait enfin connu la consécration avec son troisième album Turkey,le prmier pour une major. Suite à cela, le musicien résidant à Los Angeles a fait profil bas toutes ces années avant de revenir avec une nouvelle production intitulée Power Chords.
Marchant sur les pas de son prédécesseur, Mike Krol veut ous prendre pour témoins des coups qu’il a pu prendre depuis le début de sa carrière par le biais de l’image de sa figure abîmée sur la pochette et à grands renforts d’un son garage-rock lo-fi et de riffs fuzzy bien sales.
Sur des morceaux racés et énergiques comme « What’s The Rhythm », « An Ambulance » et autres « Left For Dead » comptant un solo de guitare signé Sean Lango, le musicien nous fait part de ses chagrins, déceptiosn et insomnies qui l’ont rongé durant tout ce temps.
C’est en usant des riffs fuzzy, des effets de larsen et des inspirations dignes du regretté Jay Reatard ou encore de King Tuff que Krol sarvient ainsi à passer des messages via son bubblegum-power-garage-trash.
Les décibels sont élevés sur des titres accrocheurs comme « Blue and Pink », « Wasted Memory » ainsi que « Nothing To Yell About ». Bien sûr, il y a tout de même quelques moments de lucidité avec notamment « I Wonder » qui comprend également les choeurs de sa nouvelle copine Allison Crutchfield qui figure aussi sur le piano du très pop « Arrow In My Heart ».
L’album se terminera de très belle manière sur « The End », point d’orgue à un Power Chords qui ne décevra pas en matière d’efficacité, de clairvoyance et, chose inédite chez quelqu’un surtout connu pour ses uppercuts musicaux, de sensibilité.
La genèse de Tiny Ruins est un projet en solitaire solitaire, celui d’Hollie Fullbrook, artiste britannique vivant en Nouvelle-Zélande.Elle y est escortée de Cass Basil (basse), Alex Freer (batterie) et Tom Healy (guitare) qui assistent la jeune femme depuis son « debut album » un Some Were Meant For Sea plutôt folkqui a a laissé place, ensuite, à des ambiances plus contrastées sur Brightly Painted One.
Tiny Ruins essaie, sur ce troisième opus, à trouver un équilibre qui caractérise aujourd’hui sa musique, entre pénombre et rayonnement intense. C’est donc dans la continuité que s’inscrit Olympic Girls, un troisième album où l’acoustique des débuts semble arriver à un stade plus abouti avec l’espoir de situer le combo dans les hautes sphères du folk-rock international.
Cinq ans séparent ce nouvel enregistrement du précédent, pourtant Hollie Fullbrook est loin d’être restée inactive. La chanteuse a d’abord collaboré à New-York avec une légende de la « Kiwi Pop », Hamish Kilgour (cofondateur de The Clean avec son frère David), pour un mini-album à la beauté abrupte (Hurtling Through). C’est ensuite David Lynch, fan auto-proclamé de Tiny Ruins, qui a enregistré et produit le troublant « Dream Wave », un single figurant dans la bande originale du troisième volet de Hunger Games supervisée par Lorde. Des tournées à travers le monde en compagnie de Calexico, Sharon Van Etten ou The Handsome Family ont enfin permis aux membres du groupe de gagner en assurance et en cohésion. Là où trois petites semaines de travail avaient suffi à mettre en boîte Brightly Painted One, la formation d’Auckland a dédié une année entière à l’élaboration de cet Olympic Girls que précède une réputation particulièrement flatteuse.
Figure de proue du renouveau folk féminin néo-zélandais avec Nadia Reed et Aldous Harding, Hollie Fullbrook trouve ici le cadre instrumental parfaitement adapté à ses mots tranchants et sensibles. D’une nature vulnérable propre à cette catégorie de singers-songwriters traumatisés par les œuvres de Leonard Cohen et Nick Drake, l’écriture écorchée de Tiny Ruins se révèle, ici, encore plus aventureuse. Ainsi, une guitare électrique vient régulièrement troubler le calme apparent des lieux, et esquissant d’audacieux motifs redevables au folk-rock anglais d’autrefois. Parfois mystérieuses (« Holograms »), occasionnellement fantaisistes (« One Million Flowers »), régulièrement mélancoliques (« School Of Design) », ces chansons ont enfin le souci permanent de l’a justesse (le melloton de« Kore Waits in the Underworld »). Avec Olympic Girls, Tiny Ruins semble plus que jamais parée pour décrocher lune médaille qui ne serait ni en bois, ni en chocolat mais sur une des plus hautes estrades.
Night Flight est un groupe londonien qui a sorti son premier album dans l’indifférence générale mais qui, pourtant, posède un univers bien à lui. La cohérence demeure d’ailleurs le point fort de cenouveau disque au titre significativement éponyme. Night Flight est un opus surprenant, planant, parfois émouvant avec, en préalable, deux splendides morceaux d’ouverture ; un « Departure » à la rythmique mélancolique accompagnant des textes sensibles et une superbe montée en puissance suivi de « Parade » qui ne fera qu’accentuer le sillon creusé.
« Forever And » et « Machiavellianites » suivront le chemin tracé avec moins de succès mais, fort heureusement, Night Flightréservera d’autres surprises. Et la plus belle prouesse de l’album est bien ici : associer indie parfois presque pop à des ballades sans pour autant perdre en cohésion.
Quelque part,il est assez impressionnant pour un jeune combo de faire preuve de maturité et de ce type de talent. « Death Rattle » sera, en quelque sorte, un pont entre les différents genres : le rythme est plus soutenu, la voix du leader mise à rude épreuve et la ligne de basse, solide et précise, apportere le plus nécessaire.
« God Knows » sera la fameux single, passage requis et obligatoire à tout LP ; une ballade pop/indie à couper le souffle. Un riff répétitif mais bien trouvé, des choeurs planants et un refrain entraînant. Night Flight ne fait certes pas dans la simplicité mais c’est justement cette prise de risque le rend intéressant.
Pour conclure, « Amsterdam » l’avant dernier morceau, sera une autre prouesse du genre avant « Medicine » qui saura clôre l’album avec douceur. A écouter de toute urgence et sans oeillères.
Poétesse, multi instrumentaliste et chanteuse… on découvre l’univers mystérieux et la « vision sauvage » de cette new-yorkaise habitée. Shades est une première œuvre, un premier essai. Et donc pour nous l’occasion de faire connaissance avec une auteure que l’on découvre totalement. La sphère visuelle et musicale de l’artiste Sola est difficile à cerner et teintée d’un voile de mystère. L’Américaine baigne dans un étrange halo. Vera Sola est son nom de scène. Aykroyd est son patronyme mais l’univers intérieur de Vera Sola semble introspectif et insaisissable. Vera a beaucoup patienté avant de se jeter dans le grand bain, elle a d’abord abondamment tourné avec le songwriter et chanteur américain Elvis Perkins. Sa palette artistique est étendue – actrice, poétesse (elle a étudié la poésie et la littérature (russe avant tout), elle maîtrise le chant, joue de la basse, de l’harmonium et du piano.
Sola aurait pu, dans un autre monde, cotôyer le tout Hollywood car Shades ressemble à s’y méprendre à la bande originale d’un nouveau film noir et mystique réalisé et mise en scène par le maître du haut château David Lynch. Tout y concourt, de la pochette, très Eraserhead avec le spectre inquiétant et difforme de la chanteuse tapi dans le recoin d’une cuisine délabrée jusqu’au climat sonore bien noir et obsédant développé tout au long de cet opus. Ce premier LP abrite un univers chimérique. Les compositions de Sola que l’on qualifiera de folk gothique atmosphérique et western peuvent passer dans l’instant de la lumière à l’ombre, quelques accords angéliques se transforment bien vite en mélopées hallucinatoires, le ressenti est accentué par le timbre de voix puissant de Sola. L’enregistrement supervisé par l’ingénieur du son David Beeman s’est pourtant déroulé dans le cosy Native Sound Studio de St. Louis, situé dans le Missouri, état du Midwest des États-Unis bien loin des grandes métropoles. De 40 ébauches de chansons Sola n’en sélectionnera que quinze. L’unité de ses compositions au final s’avère remarquable.
La compositrice-auteure et interprète Vera Sola a tout contrôlé sur un Shades qui est comme son ombre ; l’enregistrement et la production (point de musiciens non plus à priori), c’est un fait notable à porter à son crédit. Chaque composition est un récit sépulcral et noir que l’on imagine prendre racine dans l’Amérique profonde et sauvage, toutes ces chansons pourraient illustrer à merveille quelques légendes et mythes. La production, cinématographique, sied parfaitement aux performances vocales habitées de Sola. Quelques gris-gris musicaux (marteaux, chaînes, mâchoire d’âne, sabots de chèvre, coups de feu, bris de verre, os) ont été ajoutés et mixés aux compositions. La basse bien présente tient le rôle de métronome. Chacune des dix mélodies auraient une singulière histoire à raconter, on s’en tiendra pourtant aujourd’hui à la musique.
L’angélique et mélancolique « Virgil’s Flowers » ouvre ce bal intimiste et expressif. On passe ensuite par différents états : western et flamenco (« The Colony »), lynchien (« Small Minds »), magnétique et angoissant (« Circles ») – ce titre nous évoque fortement Siouxsie Sioux et ses Creatures -, épuré (« For ») où l’atmosphère est bien ténébreuse et le chant de Sola plus sombre que jamais ou doux et apaisé (« Black Rhino Enterprises »). Les climats musicaux sont tous très chargés en émotion. « Loving, Loving » est peut-être le titre le plus intimiste de tous, un sobre constat sur un amour éteint, les chaines sont brisées le chagrin se propage alors inexorablement. « The Cage » lui n’est entravé par aucun barreau, cette ballade noire et rock est dominée par le chant prenant de l’américaine. La fin du voyage sera aussi habitée que précédemment : le minimal « De Mothlight » est joué en trompe l’œil, la tension est palpable mais le tempo ne s’emballe jamais – on y croit pourtant à chaque seconde – puis tout prend fin sur « New Nights », une composition qui finit par imploser (le rythme et la performance vocale sont alors à leur apogée) malgré un accompagnement minimal au piano. Les ombres, les fantômes, les esprits porteurs de messages c’est tout l’univers nocturne de Shades. C’est aussi comme le déclare la new-yorkaise l’empreinte laissée par une personne qui n’est plus physiquement à l’endroit où vous êtes mais qui vous obsède ou vous hante. Sur Shades l’esprit est plus que là !
Dans la lignée de Branches Of sun paru en 2018, Aukai délivre une dizaine de titres, véritables paysages sonores dignes d’une BO de western
Imaginez un western, un polar avec comme décor de vastes étendues glacées, des forêts et des montagnes à perte de vue, sans la moindre habitation. Ces images vous viendront sûrement à l’esprit au moment où von démarrera cet album, avec le titre « Hidden Harvest », avec ces notes de Ronroco (un instrument à cordes pincées venu d’Argentine qui sonne un peu comme un banjo) jouées par Markus Sieber.
Car ce sont bien de véritables paysages sonores que nous offre une fois encore le compositeur d’origine est-allemande… qui nous avait déjà régalé de la même manière avec son album éponyme sorti en 2016 et Branches Of sun en 2018.
Accompagné par la violoncelliste Anne Müller, Aukai délivre 10 titres qui comme pour Branches Of sun ont été composés dans le Colorado, au cœur de la nature. Arrangé autour d’instruments divers (piano, guitare, vibraphone, Mellotron, harpe…), ce disque relativement court mais d’une grande pureté devrair régalertout amateur de BO de Nick Cave
Deux choses peuvent se produire lorsqu’on combine les forces de deux artistes de renom : leurs qualités peuvent se dédoubler, sans qu’il n’en résulte de plus-value; ou la chimie opère pour un résultat supérieur à la somme de leurs talents respectifs. Le projet indie folk de Conor Oberst et de Phoebe Bridgers, qui répond au nom de Better Oblivion Community Center, entre sans contredit dans la deuxième catégorie.
Une telle collaboration ne sort pas de nulle part. En fait, Conor Oberst (Bright Eyes, Desparecidos) est un de ceux qui avaient chanté les louanges de Phoebe Bridgers avant même la sortie du premier album de la chanteuse, Stranger in the Alps, en 2017 et il figurait d’ailleurs dans le premier disque de Bridgers, sur la chanson « Would You Rather ».
Mais leur connexion s’avère encore plus profonde. Depuis les débuts de son groupe Bright Eyes au milieu des années 90, Conor Oberst s’est imposé comme une des voix les plus importantes du renouveau folk-rock aux États-Unis. Son album Ruminations,paru en 2016 en formule solo, témoignait d’un dépouillement presque jamais vu dans sa carrière, minimalisme duquel émergeait une solitude qui magnifiait sa musique.
À 24 ans, Phoebe Bridgers apparaît comme une recrue dans le milieu indie folk par rapport à Oberst, mais son parcours sans faute jusqu’ici (elle fait également partie du super-groupe boygenius) nous oblige déjà à la considérer comme l’une des meilleures songwriters de sa génération. Elle partage avec Oberst un don pour exprimer la mélancolie et la vulnérabilité.
Le disque est basé sur un concept un peu flou autour d’un centre de bien-être fictif (d’où le titre Better Oblivion Community Center). Le duo a poussé l’idée aussi loin que possible en allant dans la production de fausses brochures faisant la promotion de l’établissement ou en plus de créer une fausse ligne téléphonique.
Une telle mise en scèneun peu superflue mais elle est compenséepar la force d’un’album où tout s’appuie et réside dans la qualité de l’écriture. La première chanson « Didn’t Know What I Was In For » évoque d’ailleurs vaguement le concept, avec le récit d’une fille embauchée pour l’été au centre, et qui se donne l’illusion de répandre le bien autour d’elle.
La magnifique « Dylan Thomas »évoque, quant à elle, l’imaginaire familier de Bridgers, où les fantômes rôdent, tandis que « Forest Lawn » montre sa fascination pour la mort.
Musicalement, les chansons voguent entre le folk intimiste que les fans de Bridgers adorent (la nostalgique « Chesapeake) » et le folk un peu plus rugueux typique d’Oberst (la rythmée « Sleepwalkin’ »; le country rock de « My City) ».
Mais c’est dans la beauté des harmonies vocales que Better Oblivion Community Center frappe dans le mille. Le mix ne se contente pas d’additionner les voix, il es marie selon leurs forces et leurs faiblesses. Parfois, c’est celle de Bridgers qui est mise en avant, celle d’Oberst fournissant un contrepoint discret. Et d’autres fois, c’est l’inverse.
Les meilleurs moments de l’album sont sans doute ceux où ni la plume d’Oberst ni celle de Bridgers ne sont immédiatement reconnaissables. La lourde « Big Black Heart « (remplie de distorsion) et, à l’autre bout du spectre sonore, la ballade « Dominos » (portée par un puissant crescendo à la fin) apportent un autre éclairage à leur œuvre respective et démontrent la pertinence de ce très bel opus qu’est Better Oblivion Community Center.
Night Beats est un groupe américain qui s’était jusqu’ici surtout fait connaître pour sa musique mêlant Garage Rock et Blues texan, état dont est originaire le chanteur Danny Lee Blackwel. Au fil des albums ils ont progressivement fait évoluer leur Rock terreux et énergique pour arriver à ce quatrième opus, « Myth of a Man », qui marque un tournant dans leur discographie.
Moins Blues, plus Soul, Night Beats semble avoir tourné son regard vers Nashville tout en conservant un jeu de guitare teinté de psychédélisme 70’s. A vrai dire, cet album s fait beaucoup penser à Arctic Monkeys, ou ce à quoi aurait pu ressembler son successeur s’ils étaient restés concentrés sur les guitares, notamment parce qu’il y a indéniablement quelque chose d’Alex Turner dans la façon de chanter de Danny Lee Blackwell. Une voix plutôt chaude, un petit côté crooner qui fonctionne à merveille sur des titres posés et particulièrement mélodiques tels que « (Am I Just) Wasting My Time ».
L’aisance du trio dans cet exercice de style confère à Myth Of A Man le son d’un autre temps, très 60’s à de nombreuses reprises (« Eyes On Me » ou « Stand With Me » dont l’introduction fait beaucoup penser à la version originale de « Layla »).
Ajoutons quelques titres vraiment marquants comme « Her Cold Cold Heart », le plus direct « One Thing » ou le beau final rêveur et magnifiquement orchestré qu’est « Too Young To Pray ».
Avec un pied du côté de Black Rebel Motorcycle Club, et un autre vers chez Jack Whit, voilà un bien jloli disque réalisé avec maîtrise et cœur, personnalité et complétude.
Rescapés du bouillonnement rock des 90s, Swervedriver continue à prodigueraujoirdhui une pop énervée sur fond de murs de guitares explosives. Parmi les derniers représentants du shoegaze encore en activité, le combo livre un album en forme de déclaration d’amour à ce genre enseveli et à la puissance de l’électricité servie par la six cordes. Le groupe taquine ainsi la mélodie un peu à la façon les Écossais de Teenage Fanclub mais avec un goût plus appuyé pour les arrangements propulsés à la distorsion et aux roulements de caisse claire. « Mary Winter » qui ouvre ainsi l’album se révèle comme le titre le plus réussi de ce Future Ruins, grâce à un cantilène qui s’incruste dans le pavillon auditif pour ne plus en sortir. « The Lonely Crowd Fades In The Air » poursuivra le même registre pop sans se révéler, toutefois, aussi frappant. Plus loin, « Drone Lover » vrombira comme une pépite et le plus power pop « Spiked Flower » se révèle ra tout aussi attachant..
Le reste des morceaux peinera néanmoins à convaincre. La faute à une son monolithique et répétitif et une voix fragile qui manque de charisme pour transformer l’essai de ces brûlots sur la longueur « Golden Remedy » ou « Good Times Are So Hard To Follow , titre on ne peut plus ironique.
La même remarque pourra être également faite sur ce « Everybody’s Going Somewhere & No-One’s Going Anywhere » qui semble, lui, aussi, n’aller nulle part.
Jormis la nostalgie sympathique d’un son anachronique, il ne reste malheureusement pas grand-chose à se mettre sous la dent. Swervedriver auraient sans doute gagné à expérimenter davantage et à débrider leur créativité sur ce Future Ruins, quitte à l’éloigner des codes balisés d’un idiomequ’il a déjà bien longtemps exploré.
Un joli minois avec une pochette pour le moins aguicheuse ; il n’en faudrait pas plus pour cataloguer Mint de Alice Merton comme un produit de consommation pop-rock soigneusement empaqueté et ficelé.
« Learn To Live » qui entame l’album ne dissipera qu’à moitié les réticences ; entre pop et variété a quelque chose de séducteur un peu trop séduisant. Il faudra pousser le bouchon un peu plus loin, sur « Two Kids » par exemple pour que le clou ne soit enfoncé et de manière bien profonde.
La suite sere, certes prévisible, mais , qu’on le veuille ou non, positive et même addictive. « No Roots » puis « Funny Business » montreront que la demoiselle puise son inspiration là où il lui sied avec bonheur (la dance pop sur « Funny Business », le groove harmonieusement cadencé avec « Speak Your Mine » voire le tragique et poignant « Honeymoon Heartbreak »).
« Why so Serious » résumera ainsi sur quel registre Mint doit être considéré: pétillant et sexy comme sur « Lash Out », dans l’air du temps quand celui-ci se veut ensoleillé (« Trouble In Paradise »); en bref, un album qui puise dans ses références qu’il ne se permettre pas de qualifier de racines.
Ce titre rend bien l’ambiance de ce troisième opus d’Eva Moolchan, alias Sneaks. L’hypnose, elle est dans les subtiles nuances, l’apparent minimalisme instrumental, la répétition et l’allitération, les percussions tout en lenteur chez cette artiste qu’on aura aussi bien classée dans le post-punk que dans le hip-hop par le passé. Objet protéiforme, donc. Moolchan prend son temps ici : Highway Hypnosis respire avec allégresse et même alacrité. Quel effet sur l’esprit ressortira alors gagnant de ce duel entre aliénation et transe ?
Misant parfois sur le grotesque (« Addis », « The Way It Goes ») et parfois sur l’apaisement du trop alangui (« Saiditzoneza », « Money Don’t Grow on Trees »), cette nouvelle oeuvre de la musicienne de Washington agit bel et bien sur le corps. Difficile de ne pas rapprocher Moolchan d’autres artistes femmes sans peur, comme M.I.A. (« Hong Kong to Amsterdam »), Sudan Archives ou Princess Nokia (« Ecstasy »).