En matière de relecture contemporaine du folk, The Gloaming est certainement fort habile — et ce troisième album du quintette démontre que les musiciens n’ont pas perdu leur maîtrise de la nuance et de la tenue des longs mouvements. Ainsi faut-il aborder les soixante-dix minutes de 3 comme on entrerait à l’aube dans un brouillard épais : avec la certitude qu’une lumière percera et que rien ne sera préalablement tracé. Presque rien, précisons-le, car les mélodies avec voix — toujours en sean-nós, ce chant traditionnel irlandais — restent le maillon faible de The Gloaming.
Alors que les pièces instrumentales (à trois têtes : piano, violons et guitare) laissent voir toute la finesse du jeu et des arrangements, comme l’évolutive « The Lobster » ou l’immense ondulation « Doctor O’Neil », les hybrides comme « Áthas » ou « Reo » tombent dans un ton affecté qui surprend, et même déçoit. Mais un album ne tient pas qu’à une chose : avec ses airs traditionnels aux canevas légèrement déconstruits, The Gloaming sait encore nous transporter.