Withered Hand c’est le nom que s’est donné Dan Wilson, un natif d’Édimbourg, qui écrit des chansons comme forme d’expression alternative aux arts visuels. À l’aulne de son nouvel album, New Gods, il raconte ses pérégrinations comme le fait d’avoir été élevé par les Témoins de Jéhovah, d’avoir étudié dans une école pour filles et de la découverte de la composition musicale.
Est-ce que « Cornflake », qui a fait de vous le plus grand compositeur pop des Adventistes du Septième Ciel depuis Prince, a été vraiment la première chanson que vous ayez écrite ?
Oui, ça a été ma première composition. Je voulais que ce soit une sorte de manifeste et il y a beaucoup d’éléments autobiographiques dedans, comme dans toutes mes chansons d’ailleurs.
Le fait d’être un « outsider » est assez cliché dans le rock, mais vous sentiez-vous physiquement et psychologiquement aliéné de vos pairs enfant en raison de votre éducation parmi les Témoins De’ Jéhovah, et cela a-t-il affecté votre vision et votre art ?
Noël et les anniversaires étaient, de toute évidence, les exemples les plus frappants ; on ne les célébrait pas et je devais assister aux services religieux à l’école. Mais, au-delà de toute cela, il y a ce sentiment que le monde et la vie sont fondamentalement temporaires dans ce système et que nous vivons véritablement la fin des temps. Il y a la croyance que les anges et les démons sont réels et qu’il y a aussi bien d’autres choses que la culture occidentale grand public regarde de haut. Cela a procuré d’emblée à mon tempérament artistique matière à réflexions et ça continue encore aujourd’hui.
Quand on vous élève en vous disant que ça va être bientôt la fin du monde, vous interprétez tout comme un signe et je ne pense pas être capable d’effacer cela de mon esprit. Cela s’infiltre dans mes chansons je suppose. La Foi est quelque chose qui me fascine, et je la recherche toujours autour de moi.
« Love in the Time of Ecstasy » sur votre premier album, Good News, semble être une charge existentielle et mélancolique où vous demandez à être délivré de la machine à vagues et du bikini transparent.
J’aime cette interprétation. C’est avant tout une méditation sur le fait de grandir dans une petitre ville sans cachet, Bishop Stortford, vous retrouver ensuite très très loin et, sur plusieurs sens, abandonné à Athènes au début de vos années 20. J’étais censé y étudier aux Beaux Arts mais, au milieu de la confusion qui régnait lors des premiers participants du Programme Érasme, mon amie et moi avons réussi à passer entre les mailles du filet et à ne jamais venir aux cours. On a passé la plupart de notre temps à glandouiller dans les parcs, dessiner, boire de la bière et lire. On nous avait attribué un hôtel dans la partie le plus horrible de la vielle et ça a été vraiment une expérience en terme de maturation d’autant que sa toile de fond était la fin d’une relation personnelle.
Vous hymne, « Religious Songs » a ce refrain : « Frappant à la porte de Kevin. » datant d’une époque où vous faisiez du porte à porte pour les Témoins de Jéhovah. Est-ce que cela vous fait bizarre que ces mots et ces souvenirs d’enfance soient repris verbatim par votre public ?
Oui, c’était étrange au début. Je n’aurais jamais imaginé que ça puisse se produire. Alun, mon batteur, m’avait dit que ce serait le cas et, comme souvent, il avait raison.
Que dire sur l’interface du disque et cet auto-érotisme « sofa bed » ? Est-elle née d’un scénario réel ou métaphorique ?
Les deux….Ça donne à penser à toute le monde…
Parlez-moi de cette école de filles dans le Hertforshire…
J’ai passé deux ans dans un lycée qui était, à l’origine, destiné aux filles. La proportion était de 10 garçons pour 1000 filles. C’est la pire chose que j’ai pu faire par rapport au fait de développer une impression saine du sexe opposé. Au lieu de m’éveiller sexuellement comme tout adolescent peut l’enisager, cela m’a rendu timide et renfermé. Je quittais l’école entre les cours car la maison de mon père était à côté et me cachais dans le garage pour peindre.
Vous êtes ensuite entré aux Beaux-Arts et avez commencé en tant qu’artiste dans le visuel.
Oui, j’ai étudié au Art College de Londres. À cetet époque j’avais un style de vie très frugal ce qui était bien car ça se conformai à mon esthétique. Je lisais tous ces livres sur la faim, tout ces livres auxquels vous devez vous abonner si vous allez exister avec peu d’argent. Si vous souhaitez dire que vous êtes doté d’intégrité (Rires).
Ensuite, je suis parti à Édimbourg avec ma petite amie qui est aujourd’hui mon épouse. J’ai installé un studio pour faire mes dessins et mes tableaux dans ma cuisine. Le voisin du dessus avait une fuite et il y avait toujours des bouts de plafond qui tombaient sur ce que je faisais. Mais je commençais à penser que ce type d’art se raréfiait de plus et que je faisais peut-être une erreur on optant pour lui. Je détestais l’idée de faire quelque chose dont vous pensiez qu’elle s’adressait à tout le monde et à ensuite la mettre dans une boîte pour une galerie et ne pas être là pour voir si les gens la comprenaient ou pas. Ça peut résulter en quelque chose en totale contradiction avec vos intentions. En outre je n’aimais pas cette idée de mécénat. Beaucoup de choses me faisaient penser que ça n’était pas pour moi. J’ai alors commencé à penser que ce pouvait être la musique.
Vous avez démarré un groupe pour réagir contre les limites du visuel ?
Oui, j’ai commencé à faire du surf punk très speed avec mon ami Neil Sylvester qui m’a d’ailleurs à nouveau rejoint à la basse. On s’appelait The Squits et nous sommes devenus une groupe de art rock qui a peu duré Peanut. Nous voulions voir ce qui arrivait quand vous faisiez quelque chose de très bruyant et que vous vous confrontiez aux gens. Il y avait cette fille à la batterie, et elle n’en avait jamais joué. Elle était violoniste et elle ne pouvais jouer qu’un rythme. C’était cool mais, très vite, ça s’est avéré limité. La seule bonne chose que nous lui devons c’est de nous avoir forcés à chanter, ou plutôt hurler.
C’était la première fois que je chantais depuis qu’on m’avait vitré du choeur de mon église quand j’étais môme. Finalement, je me suis habitué à brailler dans des clubs merdiques. J’ai toujours considéré que c’était de l’art néanmoins.