Rapid Talk: Interview de Withered Hand

31 mars 2014

Withered Hand c’est le nom que s’est donné Dan Wilson, un natif d’Édimbourg, qui écrit des chansons comme forme d’expression alternative aux arts visuels. À l’aulne de son nouvel album, New Gods, il raconte ses pérégrinations comme le fait d’avoir été élevé par les Témoins de Jéhovah, d’avoir étudié dans une école pour filles et de la découverte de la composition musicale.

 

Est-ce que « Cornflake », qui a fait de vous le plus grand compositeur pop des Adventistes du Septième Ciel depuis Prince, a été vraiment la première chanson que vous ayez écrite ?

Oui, ça a été ma première composition. Je voulais que ce soit une sorte de manifeste et il y a beaucoup d’éléments autobiographiques dedans, comme dans toutes mes chansons d’ailleurs.

Le fait d’être un « outsider » est assez cliché dans le rock, mais vous sentiez-vous physiquement et psychologiquement aliéné de vos pairs enfant en raison de votre éducation parmi les Témoins De’ Jéhovah, et cela a-t-il affecté votre vision et votre art ?

Noël et les anniversaires étaient, de toute évidence, les exemples les plus frappants ; on ne les célébrait pas et je devais assister aux services religieux à l’école. Mais, au-delà de toute cela, il y a ce sentiment que le monde et la vie sont fondamentalement temporaires dans ce système et que nous vivons véritablement la fin des temps. Il y a la croyance que les anges et les démons sont réels et qu’il y a aussi bien d’autres choses que la culture occidentale grand public regarde de haut. Cela a procuré d’emblée à mon tempérament artistique matière à réflexions et ça continue encore aujourd’hui.

Quand on vous élève en vous disant que ça va être bientôt la fin du monde, vous interprétez tout comme un signe et je ne pense pas être capable d’effacer cela de mon esprit. Cela s’infiltre dans mes chansons je suppose. La Foi est quelque chose qui me fascine, et je la recherche toujours autour de moi.

« Love in the Time of Ecstasy » sur votre premier album, Good News, semble être une charge existentielle et mélancolique vous demandez à être délivré de la machine à vagues et du bikini transparent.

J’aime cette interprétation. C’est avant tout une méditation sur le fait de grandir dans une petitre ville sans cachet, Bishop Stortford, vous retrouver ensuite très très loin et, sur plusieurs sens, abandonné à Athènes au début de vos années 20. J’étais censé y étudier aux Beaux Arts mais, au milieu de la confusion qui régnait lors des premiers participants du Programme Érasme, mon amie et moi avons réussi à passer entre les mailles du filet et à ne jamais venir aux cours. On a passé la plupart de notre temps à glandouiller dans les parcs, dessiner, boire de la bière et lire. On nous avait attribué un hôtel dans la partie le plus horrible de la vielle et ça a été vraiment une expérience en terme de maturation d’autant que sa toile de fond était la fin d’une relation personnelle.

Vous hymne, « Religious Songs » a ce refrain : « Frappant à la porte de Kevin. » datant d’une époque où vous faisiez du porte à porte pour les Témoins de Jéhovah. Est-ce que cela vous fait bizarre que ces mots et ces souvenirs d’enfance soient repris verbatim par votre public ?

Oui, c’était étrange au début. Je n’aurais jamais imaginé que ça puisse se produire. Alun, mon batteur, m’avait dit que ce serait le cas et, comme souvent, il avait raison.

Que dire sur l’interface du disque et cet auto-érotisme « sofa bed » ? Est-elle née d’un scénario réel ou métaphorique ?

Les deux….Ça donne à penser à toute le monde…

Parlez-moi de cette école de filles dans le Hertforshire…

J’ai passé deux ans dans un lycée qui était, à l’origine, destiné aux filles. La proportion était de 10 garçons pour 1000 filles. C’est la pire chose que j’ai pu faire par rapport au fait de développer une impression saine du sexe opposé. Au lieu de m’éveiller sexuellement comme tout adolescent peut l’enisager, cela m’a rendu timide et renfermé. Je quittais l’école entre les cours car la maison de mon père était à côté et me cachais dans le garage pour peindre.

Vous êtes ensuite entré aux Beaux-Arts et avez commencé en tant qu’artiste dans le visuel.

Oui, j’ai étudié au Art College de Londres. À cetet époque j’avais un style de vie très frugal ce qui était bien car ça se conformai à mon esthétique. Je lisais tous ces livres sur la faim, tout ces livres auxquels vous devez vous abonner si vous allez exister avec peu d’argent. Si vous souhaitez dire que vous êtes doté d’intégrité (Rires).

Ensuite, je suis parti à Édimbourg avec ma petite amie qui est aujourd’hui mon épouse. J’ai installé un studio pour faire mes dessins et mes tableaux dans ma cuisine. Le voisin du dessus avait une fuite et il y avait toujours des bouts de plafond qui tombaient sur ce que je faisais. Mais je commençais à penser que ce type d’art se raréfiait de plus et que je faisais peut-être une erreur on optant pour lui. Je détestais l’idée de faire quelque chose dont vous pensiez qu’elle s’adressait à tout le monde et à ensuite la mettre dans une boîte pour une galerie et ne pas être là pour voir si les gens la comprenaient ou pas. Ça peut résulter en quelque chose en totale contradiction avec vos intentions. En outre je n’aimais pas cette idée de mécénat. Beaucoup de choses me faisaient penser que ça n’était pas pour moi. J’ai alors commencé à penser que ce pouvait être la musique.

Vous avez démarré un groupe pour réagir contre les limites du visuel ?

Oui, j’ai commencé à faire du surf punk très speed avec mon ami Neil Sylvester qui m’a d’ailleurs à nouveau rejoint à la basse. On s’appelait The Squits et nous sommes devenus une groupe de art rock qui a peu duré Peanut. Nous voulions voir ce qui arrivait quand vous faisiez quelque chose de très bruyant et que vous vous confrontiez aux gens. Il y avait cette fille à la batterie, et elle n’en avait jamais joué. Elle était violoniste et elle ne pouvais jouer qu’un rythme. C’était cool mais, très vite, ça s’est avéré limité. La seule bonne chose que nous lui devons c’est de nous avoir forcés à chanter, ou plutôt hurler.

C’était la première fois que je chantais depuis qu’on m’avait vitré du choeur de mon église quand j’étais môme. Finalement, je me suis habitué à brailler dans des clubs merdiques. J’ai toujours considéré que c’était de l’art néanmoins.


We Are Catchers: « We Are Catchers »

31 mars 2014

Un « debut album » est en général un peu brut, ça n’est pas le cas pour ce disque ponyme de We Are Catchers, groupe de Liverpool mené par Peter Jackson, enrichi par la participation de Bill Ryder-Jones.

La première impression est celle de confiance véhiculée par un ensemble dont la technique parvient à enrayer la technicité.

Le talent de Jackson (vocaux, piano, guitare) est évident dès le titre d’ouverture, «  Waters Edge ». Le morceau sonne comme une promenade façon 60s pleine d’émerveillement au vu de la côte ouest américaine « Tap Tap Tap » sera un témoignage supplémentaire de cette rencontre entre soleil californien et grisaille anglaise ; rencontre inattendue où la Northern Soul ferait connaissance avec les Beach Boys.

Le tempo sera encore plus vif et joyeux sur « The Fear » et beaucoup des plages de l’album continueront de procéder sur ce mode avec une petite mention pour le piano sur très beatle-esque « Thousand Step ».

Les qualités de We Are Catchers sont pourtant également son talon d’Achille. Le disque semble se contenter de s’enfoncer dans ce cocon confortable, fournissant un climat de sécurité sans éprouver le besoin de s’aventurer vers d’autres choses. S’il est un reproche à faire, c’est que We Are Catchers se repose un peu trop sur le passé. Le titre qui termine le disque, « Over The Hill » démarre pourtant de façon prometteuse mais retombe très vite dans les mêmes défauts. Il est un peu dommage que, pour nous ouvrir à n autre potentiel, le combo n’ait pas été capable de s’extirper d’une formule si peu mémorable.

***


Tony Molina: « Dissed and Dismissed »

31 mars 2014

Tony Molina est une figure emblématique de la scène de la Bay Area en tant que membre de Ovens, Lifetime Problems et Cage The Elephant.

Dissed and Dismissed n’est pas réellement un nouvel album puisqu’il est sorti l’année dernière et est aujourd’hui réédité. L’artiste s’est fait un nom par un usage « intensif » de la distorsion et de la fuzz mais ce disque est un départ abrupt de son univers habituel.

On remarque d’abord sa concision, un peu plus de onze minutes, mais cela n’obère pas la richesse de l’opus et sa longueur ne semble p)as être un souci pour Molina.

Notre rocker parvient en effet à glisser tant d’accroches en si peu de temps qu’il fait de ce qui pourrait sembler être un handicap, un adjuvant.

Stylistiquement, l’heure est à la power pop façon Rivers Cuomo et Weezer même si les 44 secondes de « Tear Me Down » sont uniquement composées d’un solo de guitare élaboré et de vocaux en harmonie. Sur un genre très codifé (couplet, chorus, etc.) Molina fait fi de toute idée reçue et s’embarque plutôt dans ce qui fait sa force, à savoir des mélodies infectieuses où chaque morceau semble surpasser l’autre en matière de « single » potentiel.

« Tear Me Down » flirtera avec ses racines « metal » mais maintiendra le cap de l’harmonie en amalgamant chorus heavy et léger toucher sur le solo de guitare et se piquera même d’y insérer ce qui pourrait être une ballade efficace si elle était menée jusqu’à son terme.

L’artiste démontre qu’il n’est pas limité à un seul genre, et que, même à l’intérieur de celui qu’il a choisi, il est capable d’en explorer toute sa versatilité sans avoir besoin de s’y étendre. On ne pourra qu’apprécier ce jansénisme sonore et y replonger avec exubérance.

***1/2


The Baseball Project: « 3rd »

31 mars 2014

La saison de baseball ouvre bientôt outre-Atlantique, c’est le moment choisi par The Baseball Project (un conglomérat assez informel formé en 2007 et réunissant Scott McCaughey – Young Fresh Fellows, The Minus 5 – et Steve Wynn – The Dream Syndicate – ) pour sortir leur troisième album de chansons ayant pour thème ce passe-temps national.

Pter Buck et Mike Mills (R.E.M.) les rejoignent ici ainsi que la percussionniste des Zulu Petals, Linda Pitmon.

On trouve sur 3rd 17 compositions (ou « innings » pour reprendre la terminologie dudit sport) couvrant des sujets allant de l’introduction de Babe Ruth au Hall of Fame (« The Babe »), celle de Hank Aaron (‘They Don’t Know Harry ») ou la disgrâce dont a été atteint le joueur Lenny « Nails » Dykstra (« From Nails To Thumtacks ») ou des évocations de « pitcher » sous acide Dock Ellis sur «  The Day Dock Went Hunting Heads ».

Accompagnant le disque, se trouve une biographie écrite par le journaliste Dans Epstein qui renseignera peu ou prou les néophytes comme nous pouvons l’être.

Bien sûr ici, le sujet s’efface derrière la musique, un rock professionnellement exécuté mais sans réelle surprise, même si la rythmique de Mills et Pitmon. Reste impressionnante et les guitares (Wynn, Buck, McCaughey demeurent versatiles à souhait.

3rd est un album conçu pour se faire plaisir et aussi constituer une célébration. Il ne faut pas attendre plus que ce qu’il offre, un peu comme The Traveling Wilburys cet ensemble formé voilà quelques décennies et réuni par un même esprit de fantaisie amoureuse.

**1/2


The Bad Plus: « The Rite of Spring »

31 mars 2014

The Bad Plus est un trio de jazz dont la notoriété est liée au fait qu’ils préféraient les Pixies ou Black Sabbath à l’exécution de standards.

Il s’en prennent ici au Rite du Printemps de Stravinsky et cette recréation semble étonnamment adaptée à leur démarche.

Ne nous y trompons pas, The Rite of Spring n’est pas un disque où un trio de jazz interprète une ballet vieux de 101 ans sous forme de jazz, The Bad Plus traduisent une des compositions phare de l’histoire musicale d’une façon aussi littérale possible au piano, à la basse et à la batterie.

Ça n’est pas véritablement une incongruité car l’oeuvre originale est complexe, cacophonique et terriblement puissante. Son rythme est omniprésent et propulsif et grand soin a été apporté aux détails et à sa dynamique (en particulier dans l’utilisation du dulcimer). On retrouvera la même articulation que celle initialement basée sur la musique folk, le swing et les cadences syncopées du folklore Africo-Américain.

The Bad Plus a toujours eu une affinité pour la musique excentrique et progressive, et la réputation de faire des reprises qui transforment la musique classique ou Aphex Twin sans les dénaturer. Tourner de manière incessante leur a permis d’élargir leur public au point que les institutions les plus prestigieuses n’hésite plus à leur commanditer des choses du type The Rite of Spring.

La gageure était de taille mais le trio réussit parfaitement dans son entreprise. On notera l’action convulsive sur « Sacrificial Dance » ou « Glorification of the Chosen One » ainsi que la majesté de « The Augurs of Spring » ou « Spring Rounds ».

Recréation rime également avec certaines liberté artistiques. Le paino et la basse fournissent les informations harmoniques et mélodique, les percussions peuvent alors se permettrequelques incursions backbeat ou le free jazz. Cela agrémente les éléments rythmiques de façon inédite et novatrice tout en restant loyal à l’esprit bouillonnant de Stravinsky. C’est cette clef qui permet à Bad Plus de sonner comme du Bad Plus et de préserver de par la même sa singularité.

***1/2


Nathan East: « East »

31 mars 2014

Nathan East est un multi instrumentiste (piano et basse) très recherché dans les milieux du jazz et de la soul e grand publict il a d’ailleurs joué avec Clapton, Collins, Whitney ou Streisand. Il ne s’est pss pour autant cantonné dans cet univers puisque, à la demande de Daft Punk, il a assuré les lignes de basse sur neuf des plages de Random Access Memories dont le « hit » « Get Lucky ».

Cet album éponyme est donc assez éclectique avec un petit clin d’oeil au duo français sur le titre « Daft Funk ». Le disque le voit tirer également tous les avantages possibles de son talent de producteur en particulier dans une reprise instrumentale du « Sir Duke » de Stevie Wonder ou sur le « Moodance » de Van Morrison et une autre, on ne peut plus onctueuse du « Yesterday » de ceux qu’on ne présente plus.

Hormis l’épisode Daft Punk, on peut donc dire que Nathan East est avant tout destiné à ceux qui ont suivi la carrière du musicien, en particulier son travail avec le groupe de « ‘modern jazz » Fourplay. On y trouvera des invités de luxe (Michael McDonald, le saxophoniste Tom Scott et le trompettiste Chuck Findley, Bob James, Chuck Loeb). De McDonald on notera les vocaux assez âpres plus proches de Arthur Brown que de Morrison. Intelligemment, le titre qui suivra « Moondance » sera une chanson écrite par McDonald lui-même, « I Can’t Let Go Now », interprété par Sarah Bareille. On retrouvera Clapton sur une reprise du « Can’t Find My Way Home » de Blind Faith, enjolivé par des subtiles parties électroniques et les vocaux impressionnants de East.

Nathan East est comme une jam session servie par des musiciens talentueux, chez qui la dextérité ne masque jamais le plaisir de jouer. On ne peut que retrouver les mêmes sensations à son écoute.

***


Rapid Talk: Interview de The Temples

28 mars 2014

Dans la foulée de leur premier album,  Sun Structures,Temples sont pris dans l’habituel tournoiement qui les veut et les voit tourner et assurer la promo de leur disque. On ne reviendra pas sur la qualité intrinsèque de l’opus, on demandera à James Bagshaw leur guitariste vocaliste comment l’album a pu s’agence rtout comme ce que le fait de jouer dans sa ville natale a représenté pour lui.

 

Votre son est définitivement classique, vous utilisez pourtant des techniques de production modernes. Comment avez-vous pu concilier les deux ?

Il y a des choses qui nous plaisent aussi bien dans les vieux disques que dans les nouveau. On essaie de brouiller les lignes entre production et interprétation.

Vous produisez-tout par vous-même ; comment avez-vous appris ?

À l’école, j’ai étudié la musique dans ce qui est l’équivalent du « A-level » (degré avancé au lycée). Mais j’en ai plus appris au travers de l’écoute que dans les livres dédiés à la production. Si vous ne restez que dans la théorie, ça ne peut pas être concluant en matière de production. Pour réellement connaître le son, vous devez comprendre comment il se crée et la façon dont il fonctionne.

Deux ans avant que Temples ne démarre, on a commencé à enregistrer chez nous. On n’a pas fait que tâtonner ; dès le début on était dans une logique d’apprentissage : jouer, enregistrer, apprendre. Quand je réécoute cela, je trouve que cela sonne différent mais toujours aussi fantastique. Bien sûr ça n’a oppas ce côté professionnel mais ça tient la route.

Où est situé le studio ?

La chambre où j’ai été élevé avec mes deux frères, une toute petite pièce. Dans un coin vous aviez la console et ailleurs il y avait mon lit et l’endroit où on enregistrait des trucs plus corsés. Ça n’est pas un véritable studio, c’est une maison avec du matériel d’enregistrement.

Ça semble être plus une pièce pour producteur que pour un groupe. Ceci dit aujourd’hui tout ce dont vous avez besoin pour faire de la musique est un ordinateur portable.

C’est exactement ce à quoi ça ressemble maintenant et nous embrassons absolument cet aspect des choses. C’est assez simple vraiment : beaucoup de gens ont tendance à utiliser un son pré-défini qui ressemblera à celui d’autres artistes Quand vous approchez les choses avec un groupe, vous risquez de tomber dans le piège de tout enregistrer de manière conventionnelle. Il y a beaucoup de choses sur notre disque qui ne le sont pas et on a sans doute joué des trucs qu’un producteur réputé réprouverait.

Enregistrez-vous tout dans la pièce ou enregistrez-vous individuellement chaqu son avant de le traiter ?

Ça n’est pas enregistré « « live ». C’est plutôt un travail de couches qui se superposent à d’autres. Très souvent les chansons sont écrits pendants que nous les enregistrons aussi il ne serait pas possible d’e terminer une composition et ensuite enregistrer tout le monde en même temps. Ça ne marche pas ainsi, pas pour ce disque en tous cas.

Initialement, on avait aucune intention de faire des concerts, juste enregistrer. Ensuite on nous a proposé de jouer en public et il a fallu nous y préparer avec des amis.

Le faire à deux n’était pas possible ?

Absolument pas. Le son est trop ample sur disque pour pouvoir être reproduit sur scène.

Avez-vous pensé à enregistrer certains sonsqui auraient servi de toile de fond ?

Si vous avez un esprit plus tourné vers l’électronique vous pourriez certainement vous passer de batterie et d’autres trucs. Ça ne nous semblait pas correct d’opérer ainsi, d’avoir un son qui serait celui d’une batterie enfermée dans une sorte de boîte. C’est le contraire de l’intuitivité et ça ne peut pas marcher. Si on était comme Kraftwerk, bien sûr on aurait pas un vrai batteur mais on est un groupe et il est important d’avoir ce désordre « live ».

Comment allez-vous pouvoir jouer dans votre ville natale ?

On y a fait notre premier spectacle l’autre jour. On a dû le faire dans un magasin de disque. C’était super bien et c’était aussi ridicule. Il était étonnant de voir tant de personnes, de tous les âges sachant qui vous étiez. Une belle expérience pour nous !

Il est compréhensible que vous attiriez plusieurs couches de gens. Tout est si pli aujourd’hui et vous apportez un élément humain dans ce que vous faites par votre production.

On n’oublie jamais jalons qui se sont produits en terme de créativité Dans les 60’s ils ont été des pionniers pour les sons et les techniques d’enregistrement, plus que dans toute autre ère. Il y avait un tel écart avec le rock and roll des 50’s dans cette façon inouïe de jouer avec le multi-tracking. Durant les 60’s ils ont véritablement travaillé de manière anti-conventionnelle. Je crois que c’est pour cette raison qu’elles sont de retour, elles représente quelque chose d’énorme en terme de qualité sonique. En plus les compositions étaient superbes même si ils n’avaient pas auto-tune et toute cette merde. Ils travaillaient avec ce qu’ils avaient.

Il y a quelque chose vous entourant qui rappelle la façon dont Led Zeppelin jouait avec le mysticisme et la mythologie.

On aime les éléments mystiques. On aime l’imagerie qui a une certaine identité visuelle ; que ce soit fictif ou la représentation picturale de quelque chose qui ne s’est jamais produit. Tout ce qui est surréaliste, possède un sens mythique et a une imagerie très forte compte pour nous. Un peu comme des cinéastes de la tempe de Kenneth Anger.

L’édifice sur la couverture de l’album en est un exemple. Il y a quelque chose d’ancien et de mystérieux.

C’est un vrai building et il est à cinq minutes de chez nous. On l’a choisi car c’était un endroit local pour nous. Il est très étrange, ila 3 côtés, 3 étages. C’est ce qu’en Angleterre on appelle une « folly », c’est-à-dire un bâtiment sans réel but. Il est resté inhabité et son architecte, Thomas Tresham, le voyait plutôt comme un objet d’art.


Simone Felice: « Strangers »

28 mars 2014

L’histoire de Simone Felice est véritablement intéressante et non pas un série de mots-clefs servant à consstruire une mysttuqe autour de lui. Il faut mendiant à New York avant de se lancer dans la poésie et de sortir ses premiers ouvrages au début de la vingtaine. Il a également publié quelques nouvelles, joué dans un groupe punk et co fondé un groupe de alt-country, The Felice Brothers.

Victime d’un anévrisme enfant il est resté longtemps cliniquement mort et il a également subi un traitement cardiaque en 2010.

Inutile de dire qu’en de telles circonstances il na pas beaucoup à chercher quand il s’agit de narrer des histoires. Strangers est le « follow up » d’un premier album relativement bien reçu et il se construira sur des lignes similaires, personnelles et intimes, avec néanmoins un canevas qui s’est enrichi.

Il s’agit d’un disque de songwriter et, à ce titre, il remplit parfaitement son rôle. Il est à la fois source d’élévation et de serrement de cœur, une musique composée pour que les émotions soient ressenties.

Du côté positif, le « single » « Molly-O ! » se singularisera par un chorus simple et propice à être repris en choeur, il sera cependant suivi d’un « If You Go To LA » offrant une toute autre tonalité avec ses vocaux et ses textes plaintifs. Le contraste sera d’ailleurs de rigueur avec le morceau qui suit, un « Running Through My Head » au coda gospel du plus bel effet.

« Our Lady Of The GUn », lui, sera puissamment émotif dans sa manière dont il touchera la guerre et la religion, prouvant que Felice sait également se frotter à des problématiques plus importantes. Un changement de clef au milei de « Heartland » est un xemple parmi d’autre de la manière subtile avec laquelle il traite les émotions, changeant sans effort le climat de cette chanson vers quelque chose rempli de plus d’espoir.

Ajoutant une production plus ample et luxuriante que sur son premier album. Elle permet de donner profondeur à choses qui autrement seraient trop dépouillées. Strangers est encore plein de retenue, mettons cela sur le registre de la pudeur.

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Colourmusic: « May You Marry Rich »

28 mars 2014

Colourmusic se disent inspirés par Blade Runner et ils prétendent faire de la musique à partir d’une expérimentation à la Newton visant à transférer le musique en lui donnant de la couleur. Pour cela la quartet s’entoure de 2 bassistes, bref on ne peut que penser que l’on va avoir à faire à une resucée des Flaming Lips.

Ce ne sont pourtant pas des « replicants » ni des hippies au cerveau frit par l’acide se lançant dans un rock orchestral. Ils ont par contre choisi de nous asséner leurs morceaux à un volume maximum, et, si il y a quelque chose du savant fou chez eux, tout sera en place, méticuleusement testé et passé au prisme de la lo-fi. La perception sonique sera déformée certes mais parfaitement filtrée.

Le disque n’est par pour autant fait de boulons et de visses sonores que vous fixeriez à un mur. « Satyricon » et « Audacity of Hope » nous emmènent au long d’un sentier sombre plus propice à la méditation avec des piliers de lignes de basse plate à la Bowie qui voudraient s’en prendre et venir à bout d’un câble électrique. On retrouve ici, cette sorte de tourment existentiel tel qu’il aurait pu être généré par Brian Eno, une musique qui illustrerait à merveille une histoire de Ballard.

Tout n’est pas non plus vecteur sinistre sur cet album. Le groupe n’a pas perdu l’arrogance de leurs débuts et on y retrouvera des hymnes ensoleillés qui rappelleront Yes ! « Horse Race » pourrait même être un « hit » scintillant à condition de vouloir entrer dans une immense « party » qui excéderait les 24 heures.

Musique colorée donc mais aux teintes d’une lumière qui s’affaiblit et que temps est venu pour que, à l’instar de Blade Runner par exemple, on puisse ressentir l’effroi.

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Howler: « World of Joy »

28 mars 2014

Les deuxièmes albums ont parfois tendance à monter moins d’énergie que les premiers ou alors à s’en montrer des copies conformes. Cela ne s’applique pas à World Of Joy.

« Al’s Corrall » avec ses guitares explosives à la Black Lips évacue la première problématique. « World Of Joy » déborde de verve et de vitalité et « Yacht Boys » verra sa construction, couplet, refrain, naviguer erratiquement comme un hors-bord en pleine mer. La tradition pop-punk sera en outre respectée avec le martèlement d’un « Louise » conjugué à des subtilités fouettant nos oreilles.

Le plus intéressant pourtant c’est la bizarre tangente sonique et expérimentale que va prendre ce groupe de Minneapolis.

Ainsi, « Her’s The Itch That Creeps Through My Skull » est enseveli sous des chorus de guitare à la Smiths et un effet 80s qui ne peut que nous prendre de cours si on considère leurs débuts beach-punk. Le morceau titre est, lui aussi, totalement différent de ce qu’ils avaient fait auparavant avec ses tobalités psychédéliques et ses influences quasiment Krautrock.

Le titre phare sera néanmoins « Don’t Wanna » ; un parfait artefact punk qui pourrait devenir un classique. Ce morceau résume assez bien le compromis auquel Howler est parvenu ; un son à moitié mature qui ne renonce pas à son énergie juvénile. À son meilleur, c’est un album excitant car malgré sa thématique assez stéréoptypée (les beuveries de teenagers, leurs romances et peines de cœur) il demeure transgressif et à son moins inspiré on aura connu bien pire. Howler est comme un vin qui mûrit ; son côté brut ne doit pas occulter qu’il s’affinera au moment où il s’agira de déboucher sa bouteille.

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