Andrew Martin et Emily Franz ont traversé maintes adversités sur lesquelles il n’est pas besoin de revenir et ce sont précisément ces dernières qu’ils ont pu transmuter en formulation artistique. Duo de Caroline du Nord, Mandolin Orange excelle dans un style qui est propre à cet état, le bluegrass.
Plutôt que d’élaborer des textes qui ne seraient que récits de douleur et d’angoisse, ces troisième album, This Side of Jordan, a abandonné la thématique de la mort si prégnante dans ses deux disques précédents pour embrasser ici un climat d’optimisme qui va courir tout au long du disque. Ils continuent d’explorer dans leurs compositions la face obscure des choses (la peur, la colère, l’échec ou la perte) mais réussissent à y touver une forme de catharsis sui leur permet de s’élever au-dessus de cette négativité.
L’influence gospel en sera une des raisons tant elle imbibe les onze plages de l’album et celles-ci se promènent avec cette aisance que donnent l’espoir et la spiritualité. La Bible est abondamment citée mais elle est ici vectrice de perspectives nouvelles, plus modernes et axées sur l’amour et la vie d’aujourd’hui. Chaque titre exprimera la même foi, celle que des jours meilleurs vont surgir et cela s’exemplifiera par un son travaillé et riche, en plein essor grâce à la production de Jeff Crawford. Cette nouvelle approche de l’Americana a de quoi séduire tant le dépouillement qui transparait parfois est avant tout signe de qbeauté et de contemplation. Les harmonies, souvent à 3 vois, sont immaculées et hantantes tant elles s’élèvent au-dessus de la superficialité de certains procédés resasséss. Avec This Side of Jordan, Mandalin Orange montrent comment ils parviennent à s’extraire des clichés rebattus et maladroits d’une certaine tradition roots, et à l’instar d’un « The Doorman » à la fluidité exemplaire, signale combien la splendeur peut être faite d’un glissando sans efforts.




