Stephen Malkmus aime trop la musique pour l’abandonner et ce, malgré la séparation de Pavement. Wig Out at Jagbags est son quatrième albm avec The Jicks et son sixième depuis que son groupe d’origine a cessé ses activités. Il est, selon le bulletin promo qui l’accompagne, inspiré par Cologne, l’Allemagne, une rencontre imaginaire entre Weezer et Chili Peppers et autres idiosyncrasies. Peut-être était-il, à cet égard, bon d’en savoir plus (et mieux) de la bouche même de l’artiste.
Un bon nombre des titres de ce dernier opus ne sont pas entièrement inédits. Certains ont été joué sur scène, etc. En quelles circonstances avez-vous décidé de les rassembler et d’en faire cet album ?
Notre dernier disque, Mirror Traffic, n’est sorti que bien après Pavement ait fait une tournée de réunion ; celle-ci date de pas mal de temps et l’album n’est sorti que bien longtemps après. Ça faisait juste un certain temps que nous n’avions pas sorti un nouvel album. On a donc commencé à répéter quelques morceaux et à les développer. Ensuite on a fait quelques concerts, pas toujours des grands mais dans des petits clubs, ce qui nous a permis de mieux travailler notre répertoire.
C’est un des avantages de ne pas appartenir à un gros groupe : on peut jouer dans des salles plus petites et, à notre niveau, ça ne dérange pas le public d’entendre des choses nouvelles. On ne les ennuie pas avec quelque chose qu’ils ne comprennent pas ou ne connaissent pas, et on peut ainsi vraiment travailler notre répertoire dans un environnement « live ».
Certains morceaux ont changé de titres pendant ce processus : est-ce que cela inclut « Flower Children », « PR Tomb », « Take It or Leave It » et « Blind Imagination » ?
« PR Tomb » est sur le disque mais pas « Flower Children » et « Blind Imagination ». « Take It or Leave It » y figure probablement mais c’est le titre d’une chanson des Strokes. Je change souvent les titres au dernier moment, cogite beaucoup sur à quoi ça ressemblera en une ligne au dos de la couverture d’un album ou sur le fait qu’il y a peut-être trop de mots dans un titre. Un truc de style « go to » en ce moment est quelque chose qui sonne pas mal…
Il s’agit de deux mots et c’est ce qu’il faut pour faire le yin et yang parfait mais il y a tellement de titres que j’aime et qui sont constitués de deux mots que j’ai besoin de trouver des titres en un seul mot, des mots-valises ou alors une phrase entière Parfois ça n’a rien à voir avec le sujet de la chanson, ce qui compte alors c’est comment ça sonne ou de quoi ça a l’air.
Le cas extrême c’est Guided By Voices qui accolent quatre mots n’ayant rien à voir les uns avec les autres.
C’est sûr !
Est-ce que le titre de l’album est une référence à celui de Dag Nasty : Wig Out At Denko’s ? Auquel cas, est-ce un hommage à Remko Schouten qui a co-produit le disque avec vous ?
Oui, ça pourrait très bien être Wig Out at Remko’s ! C’est une façon de nous l’approprier, mais tout ce que mon esprit me dicte fonctionne d’un façon si bizarre… Je ne suis pas spécialement fan de Dag Nasty mais je connais ce morceau, « Wig Out At Denko’s » et c’est une super composition. Je me dis alors, pourquoi ne pas m’en emparer ?
J’appartiens à un groupe virtuel de baseball avec des types de Chicago. IL y a deux ans ils ont utilisé le terme « jagbag » pour faire référence à quelqu’un parlait trop ou ne disait que des conneries. Je ne sais pas pourquoi mais ça m’est resté.
L’année dernière vous avez interprété l’intégralité de Ege Bamyasi de Can à Cologne. Pensez-vous vous lancer à nouveau dans un projet du même type ?
Je ne me vois pas recommencer. C’est un de mes amis qui s’est occupé de ça. Si on me redemandait de faire un tel truc juste une fois lors d’un festival et que j’avais un peu de temps peut-être que j’y repenserai.
Tout arranger prend deux mois de votre vie. Ça nécessite de s’investir beaucoup pour un seul concert. Mais ça a valu le coup car ça m’a permis de rencontrer les membres de Can et ce groupe, Van Spar, qui étaient le « backing band ». L’expérience a été mémorable au bout du compte.
Qu’est-ce que ça donne de travailler avec Beack comme vous l’avez fait sur Mirror Traffic ? Beaucoup disent qu’il est assez difficile.
Beck est un type super, en tant que personne et musicien avec qui travailler. Ce qui se passe avec moi est que je me débrouille mieux sans un producteur car cela m’ôte quelques unes de mes idées. Si je suis forcé de le faire moi-même, ça rend les choses plus idiosyncratiques et meilleures.
L’intéressant de travailler avec quelqu’un d’autre se produit quand vous en êtes à huit ou neuf albums. Ceci dit, avec Beck tout s’est très bien passé car sa seule passion c’est la musique, et sa famille.
Finalement avez-vous jamais rencontré Mark E. Smith de The Fall ?
Jamais, non. Je crois que si c’étais le cas je serais assez intimidé. Il est venu à certains de nos concerts, en particulier le « reunion show » de Pavement. Je sais qu’il n’était pas très loin d’où nous séjournions un jour mais je n’ai pas osé l’aborder. Vous avez sans doute été dans cette situation où vous vous demandez : « Vais-je aller lui dire que j’aime ce qu’il fait, ou pas ? » Finalement ça ne s’est jamais produit