Giana Factory est une trio féminin danois dont le deuxième album, Lemon Moon, vient de sortir et se situe toujours dans la même mouvance – à la fois gothique et électronique – que le précédent, Save The Youth. Les climats sont hantés et mélancoliques mais les jeunes femmes, en la personne de la chanteuse Loui Foo, sait se montrer enthousiaste pour nous parler de leur musique qui évoque sans la singer Sigur Rós et Röyksopp.

Comment peut-on se sentir à la veille de le sortie d’un second album ?
Très bien mais un peu effrayées quand on se pose dans la perspective de Lemon Moon. C’est un peu comme avoir eu un enfant et attendre son anniversaire tout en étant anxieux par rapport à la façon dont la fête d’anniversaire va se dérouler.
Il s’est passé trois ans depuis Save The Youth, qu’est-ce que le groupe a fait durant cet intervalle ?
Beaucoup de concerts et de festivals dans le monde entier et nous avons aussi sorti une série de microsillons de 7 pouces avec des reprises de Save The Youth interprétées par Veto, Autolux, Trentemøller et Glasvegas. On s’est aussi beaucoup détendu en nageant, en mangeant des fraises et en écrivant de nouvelles compositions dont certaines figurent sur Lemon Moon. On a beaucoup fait d’expérimentations sonores et aussi exploré une nouvelle instrumentation.
Quel a été le processus qui a conduit à Save The Youth ?
C’était notre premier disque et on avait la sensation d’être des détectives cherchant des preuves et des indices pour nous aider à façonner ce que devait être notre son. On avait cette vision d’en trouver un qui soit vraiment unique et on a passer énormément de temps en studio à expérimenter avec les tonalités, les textes et l’art du « songwriting ». Ren fait on se sentait comme une usine (« factory ») à innovation qui devait nous permettre de fabriquer une sorte de vaisseau spatial que personne n’aurait jamais vu auparavant. La seule spécificité est que notre méthode d’usinage s’apparentait à du bricolage.
Quelles ont été vos influences ?
Des tas de choses ; le cinéma, la philosophie, l’art et l’architecture. Et puis il y a la vie dans toutes ses composantes. La musique devient alors la somme de tout ce qui se passe dans nos trois têtes. Quand on a fait Save The Youth, on avait une sorte d’image qui pendait contre un mur, presque comme un miroir à idées, et on se dirigeait vers lui quand on se sentait coincées en plain milieu de la conception. C’était presque une cérémonie rituelle et ça nous a beaucoup apporté.
Vous avez une composition que vous affectionnez particulièrement ?
Non, pas vraiment . Ça change au fur et à mesure qu’un titre s’insinue dans notre esprit. Quand on a fini d’enregistrer, on a commencé à répéter pour les jouer « live ». C’est dans ces moments que les morceaux acquièrent un nouvel éclairage, une nouvelle vie et une signification différente. Quand d’autres artistes font des « remix » c’est un peu comme si ils transforment les compositions. On aime penser que la musique n’est jamais totalement finie mais a plutôt un élément dynamique et qui est toujours source d’inspiration. Quand quelqu’un écoute un morceau, sa perception sera différente d’un autre ; c’est en ce sens que la musique ne peut pas être figée.
Et le nom de Giana Factory est venu de quoi au juste ?
Comme je vous le disais, notre sensation initiale quand on a commencé à faire de la musique était d’être dans une sorte d’usine car on testait des tas de choses en studio. On aime le nom « Giana » car il est plus doux que « Factory ». À l’origine on a été influencées par un vieux jeu sur ordinateur, The Great Giana Sisters, et on y jouait toutes les trois quand on était gamines. C’était une histoire de sœurs super cools qui mangent des diamants, tuent des dragons et sautent dans les airs.
Que pouvez-vous dire sur Lemon Moon ?
Avec le précédent, il était important de construire notre univers. Sur ce disque on a voulu décortiquer chaque morceau en peaufinant suffisamment les mélodies et les textes pour qu’ils sonnent comme nus. L’album est, en ce sens, beaucoup plus dépouillé et notre producteur, Anders Trentemøller, nous a énormément aidées car il a une super oreille pour faire que chaque son adhère aux autres.
Qu’avez-vous écouté ces derniers temps ?
Du blues africain comme Tinariwen, Nick Cave, de la soul style Denitia et Sene. Mais on aime toujours les « classiques » comme Nick Drake, Nico et le Velvet Underground ainsiq que des choses plus récentes comme Anna Calvi.
Et avec quel artiste aimeriez-vous collaborer ?
J’aimerais beaucoup travailler avec Tinariwen, ils sont Maliens et font des choses très intéressantes en combinant la musique africaine et le blues du désert. Il y aurait aussi Portishead ; on aime leur musique, leurs textes et leur façon de produire.