« I’ve got this family, and I feel this responsibility to gild this crazy world » (J’ai cette famille, et je me sens la responsabilité de dorer ce monde fou), déclare Martin Courtney, guitariste et compositeur de Real Estate. Le groupe a clairement découvert à quel point il peut être cathartique et épanouissant de faire de la musique qui résonne avec d’autres personnes. Et l’objectif de suivre un cheminement personnel d’inspiration, en espérant inspirer et encourager cela chez les gens autour d’eux, est le concept derrière ce nouveau projet.
Mais si le cinquième album studio de la formation du New Jersey touche à un terrain familier – qui trouvera plus que probablement une résonance chez les fans – on peut aussi entendre des techniques nouvellement recherchées. On les retrouve dans des grooves encore plus brumeux, avec des couches de sons plus riches et plus profondes, tandis que les références principales du projet continuent à se concentrer sur le mélange instantanément reconnaissable du groupe, inspiré par les sons de Yo La Tengo, Felt et Steely Dan.
Plus d’une décennie s’est écoulée depuis leur projet classique Days, et apparemment Real Estate a estimé qu’il était temps de mettre à profit toute l’expérience qu’ils ont acquise en créant une pop à la guitare mélodique et contagieuse, de creuser plus profondément et de se surpasser. Les 13 morceaux de The Main Thing témoignent d’une grande perspicacité personnelle et d’une complexité fascinante.
Le premier morceau, « Friday », présente ce nouveau projet en forme de boursouflure. Un début doux, calme et apaisant, qui passe rapidement et avec confiance au sentiment plus lumineux et plus optimiste avec « Paper Cup » – un morceau mettant en scène Sylvan Esso. S’attaquant à la recherche de ce qui est vrai et réel dans la vie, le morceau a aussi un sens de la nostalgie et de l’espoir.
Mais les atmosphères pures et douces ne sont pas difficiles à trouver. « For now enjoy the innocence. I can’t imagine what will be in your earliest memories » (Pour l’instant, profitez de l’innocence. Je ne peux pas imaginer ce que seront vos premiers souvenirs), nous dit-on sur un « You » envoûtant, immédiatement suivi de « We almost sucumbed to gravity » (nous avons presque succombé à la gravité). Le sentiment d’exploration et d’aventure de « Silent World » est un moment de fraîcheur, tandis que « Also a But » dégage une atmosphère plus mélancolique et introspective.
Ailleurs, « The Main Thing » et le son brumeux et rêveur de « November » représentent des moments lumineux et mélodiques, tandis que « Shallow Sun » et « Falling Down » offrent des lignes de guitare riches, veloutées et réconfortantes, avec des morceaux qui projettent une chaleur automnale. « Procession » est mené par un jeu apaisant, menant à un atterrissage encore plus doux avant « Brother », le dernier morceau de l’album.
Rêveur mais réel, flou mais pur et perspicace, ce projet permet de nourrir de nouvelles ambitions et explore de nouveaux horizons pour Real Estate. Et peut-être que ce disque les rapprochera encore plus de cet insaisissable « élément principal » qui jalonne les quêtes culturelles et artistiques dont Real Estate est porteur.
***1/2