The Afghan Whigs n’ont pas réalisé d’albums depuis 16 ans. Leur leader, Greg Dulli, a une bonne explication pour cela : il ne peut nommer aucun groupe qui aurait pu les remplacer ! À prendre au second degré bien sûr car il a, entretemps, collaboré avec Dave Grohl et Mark Lannegan. En même temps l’écho des Whigs peut se faire entendre chez The National ou My Chemical Romance ce qui explique qu’il se soit reposé sur ses lauriers. Do To The Beast doit donc soutenir la comparaison avec son œuvre séminale, Gentlemen en 93 ou Black Love. Même si les résultats sont, pour le moins, peu convaincants, une rencontre avec Dulli s’imposait.

Do To The Beast est le premier album de Afghan Whigs en 16 ans. Pourquoi ce besoin et pourquoi maintenant ?.
C’est comme ça ; j’ai toujours fait les choses quand j’avais envie de les faire. Jamais je ne me suis dit que je me devais d’enregistrer. Ce qui m’a surpris c’est, qu’à la fin de la tournée, nous n’en avions jamais parlé. On n’évitait pas la discussion mais c’est ainsi que les choses se sont passées
Il y a eu le Usher show, le premier sans votre guitariste Rick McCollum. Vous étiez en place pour cet événement ?
Oui, on ne voulait pas faire un disque avec lui, considérant sa situation présente. Sans doute est-ce pour cale que nous n’en parlions pas en tournée. On existait car nous devions remplir nos obligations. C’était « fun » mais il y a eu des moments difficiles. Au Usher show on était vraiment cool et sans pression.
Vous avez donc eu plusieurs collaborateurs pour remplacer Rick durant l’enregistrement…
Alain Johannes et David Catching qui ont tous deux joué avec Queens of the Stone Age, Mark McGuire deEmeralds, d’ailleurs il joue paxs mal sur le disque. Et aussi Dave Rosser et Jon Skibic qui ont plusieurs cordes à leurs arcs. Je joue avec Skibic depuis 11 ans et Rosser, 8.. Je sais de quoi ils sont capables et je savais que j’allais les prendre pour les concerts.
« Algiers » ouvre l’album et débute avec le roulement de batterie de « Be My Baby ». Est-ce délibéré ?
J’avais le riff et chercher quelque chose pour démarrer le morceau. Je me suis dit beaucoup de gens et même Jesus & Mary Chain l’avaient utilisé. Alors pourqquoi pas moi ?q
Vous avez repis des satnadards R&B classiques comme « Band of Gold » ou « Come See About Me » : quel attrait a cette musique pour vous ?
C’est la musique avec laquelle j’ai grandi ; ma mère était une teenager à ma naissance et j’écoutais sa collection de disques. De la Motown, Dionne Warwick ou Dusty Springfield. J’ai grandi avec cette musicalité particulière, elle m’a toujours accompagné et il m’arrive encore d’en emprunter quelques passages.
D’ou vient le nom de « Matamoros » ?
Matamoros est une ville frontière près de Brownsville, Texas où des meurtres sataniques sesont- déroulés durant les 80’s . J’aimais les syllabes de ce nom et d’ailleurs il y a deux autres noms de lieu dans le disque, Alger et Can Rova. Ils sont évocateurs sans que je me sente obligé d’écrire quelque chose de particulier. Ce titre n’a donc rien à voir avec les meurtres sataniques au Mexique. Je ne fais que donner une information.
Il y a beaucoup de noms de lieux dans vos compositions, « Fountain And Fairfax » à Los Angeles est une intersection où ont lieu des séances des Alcooliques Anonymes…
« Decatur Street », ‘ »Front Street ». Tous ces endroits suscite quelque chose en moi et me poussent à écrire à ce propos.
Est-ce le point de départ de vos chansons ?
Non, c’est toujours la musique. Parfois un riff, parfois une partie de batterie. « Parked Outside » a commencé ainsi par exemple et ensuite on a construit le riff autour de la percussion. Pareil pour « Matamaros, la batterie a été mon premier instrument.
Et ensuite ?
Je n’ai jamais possédé de batterie, on m’en prêtait. Mais comme on était toujours à l’arrière j’ai voulu devenir chanteur J’ai commencé la guitare à 19 ans et c’était par nécessité. Je préférais écrire des chansons et les fredonner. J’ai appris la guitare et le piano tout seul et voilà…
Lors de votre tournée de réunion, une grande partie de votre vieux matériel avait des tonalités sombres. Est-ce difficile de revivre des vieux titres ?
Quand je les interprétais originellement ça allait. Par contre c’était plus dur après. Tout me revenait en mémoire et beaucoup des compositions tirées de Gentlemen étaient vraiment méchantes. J’ai commencé alors à ne plus trop m’aimer en raison du fait que je les avais écrites. Quand on a fait Black Love, j’en ai supprimé pas mal et refusais de les interpréter. Je reconnais la personnes qui l’a fait mais je ne me sens plus son obligé en tant que tel.
Ça a dû vous paraître étrange que les morceaux issus de Gentlemenont été celles qui vous ont attiré de nouveaux fans.
C’est certain. Je commençais à être cette personne de Congregation, qui est le moment où j’ai trouvé ma voix. Ceci dit, vous ne choisissez pas ce par quoi vous passez dans la vie. C’est cela que vous allez représenter artistiquement et, sur bien des plans, ça m’a aidé car ça m’a permis de me saisir de choses que j’avais en tête et de les mettre en face de moi. Ça n’était pas nécessairement plaisant à voir, mais c’était là.
À l’époque tout était très public et les gens voulaient me voir le faire. Il y avait quelque chose de masochiste et j’ai alors essayé d’altérer cette étrangeté avec la drogue. C’est devenu alors le gros foutoir aussi j’ai fait l’album suivant pour qu’il soit personnel mais dans un contexte cinématographique. Black Love m’a permis de me distancier de tous ces trucs et à de ne plus éprouver ces états d’âme. C’était un disque très protecteur.
Vous avez couvert Frank Ocean récemment. Quels chanteurs de R&B modernes admirez-vous ?
Martina Topley-Bird est une de mes favorites. J’aime aussi Lulu James, elle est assez jeune. Mais je n’ai jamais entendu quelqu’un rafraîchir le genre , cette dernière vient d’Afrique et elle apporte quelque chose. Son approche est très puissante et sexuelle mais toujours contrôlée.
Avez-vous entendu le nouvel album de Beyoncé ?
J’adore Beyoncé. Je n’ai jamais été très loin dans son répertoire mais je suis fan. Elle est un mélange de Prince et de Tina Turner et elel aussi maîtrise tout très bien. Je suis excité par ce qu’apporte Lulu de nouveau pourtant. Je voudrai voir si elle est une créatrice ou une création.
Et Janelle Monáe?
J’aime bien Janelle Monáe. Mais j’ai du mal à me connecter avec elle d’un point de vue émotionnel. J’aime la regarder mais c’est comme un mur . Tout est si conceptuel qu’on ne sait pas qui elle est réellement. C’est quelqu’un que je ne peux pas admirer.
Do To The Beast est le premier album sorti chez Sub Pop depuis 1992. Depuis combien n’avez-vous pas écouté Up In It, votre « debut album » sur ce label?
Je l’ai écouté avant notre tournée de réunion, tout comme les autres albums de manière à voir ce que nous allions jouer. Je crois qu’une grande partie de notre matériel est trop rapide. Il y avait l’urgence mais aujourd’hui je me demande si ça n’était pas artificiel. Disons qu’on a pris ça comme une jam session dans laquelle nous n’aurions pas peur de corriger les erreurs qu’on aurait pu faire plus jeunes en supprimant des trucs et en insistant sur ce qui avait marché et marche encore.
n’avez-vous pas écouté Up In It, votre « debut album » sur ce label?
Je l’ai écouté avant notre tournée de réunion, tout comme les autres albums de manière à voir ce que nous allions jouer. Je crois qu’une grande partie de notre matériel est trop rapide. Il y avait l’urgence mais aujourd’hui je me demande si ça n’était pas artificiel. Disons qu’on a pris ça comme une jam session dans laquelle nous n’aurions pas peur de corriger les erreurs qu’on aurait pu faire plus jeunes en supprimant des trucs et en insistant sur ce qui avait marché et marche encore.
Êtes-vous une personne critique de votre musique en général ?
J’essaie de l’être autant que possible. J’essaie de faire ce travail pour vous de manière à ce que, quand vous l’entendez, tout a été bien travaillé. «Il m’a fallu 20 ans pour aboutir à une version satisfaisante de « Son of Youth » mais, désormais, c’est une chanson que j’ai hâte de jouer chaque soir. C’est bizarre, j’avais 22 ans que je l’ai écrite et c’était assez gratifiant pour moi de me connecter avec le type de 22 ans que j’étais alors et de me dire : »Moi aussi, mec, j’aime ça. »
Puisque les lieux sont importants pour vous, où a été enregistré l’album ?
Dans plusieurs endroits mais surtout en Californie ; à Joshua Tee mais aussi dans le home sudio de Josh Homme à Burbank. C’est un super endroit nommé Pink Duck avec une grande pièce phénoménale et un super son. On a mixé et fait les overdubs vocaux à New Orleans. J’y ai un appartement depuis 11 ans. C’est une assez petite ville, tout le monde s’y connaît et les gens ont encore un sens civique là-bas.