On avait laissé les Violent Femmes en 2016 avec un album We Can Do Anything qui, titre et contenu aidant, avait prouvé qu’ils étaient encore dans un étét d’esprit combatif. Alors forcément un nouvel album du groupe américain est toujours bienvenu avec un patronyme qui, lui aussi, est significatif, Hotel Last Resort.
Avec ces nouvelles compositions, Violent Femmes reste dans sa zone de confort avec marque de fabrique qu’on reconnaîtra instantanément ; un répertoire folk-punk que le groupe de Milwaukee arrive à maîtriser avec, notamment, des titres qui vont de l’introductif « Another Chorus » à « This Free Ride » en passant par « I’m Nothing », « Not OK » et autres « Everlasting You ».
Même si rien de nouveau est à annoncer sous le soleil, on ne pourra pas en vouloir à Violent Femmes de rester droit dans les bottes. Hotel Last Resort regroupera, en effet, quelques petites surprises comme le morceau-titre conviant Tom Verlaine le guitariste de Television, mais également des moments plus langoureux comme « I’m Not Gonna Cry » et « Paris To Sleep ». On pourra également relever l’exercice a cappella de Gordon Gano sur « Sleepin’ At The Meetin’ » qui se finit sous des allures gospel. Même si les heures de gloire de Violent Femmes sont bien derrière, Hotel Last Resortdémontre que le combo n’a rien perdu de sa verve et de son étrangeté et que cet « Hotel Last Resort » ne marque aucunement le bout de la route ou le denier recours pour le combo.
Après Det Andre Rommet puisÅra, ce troisième album reprend le fil de la discographie dutrio violon Hardanger-guitare-batterie, pour une sortie qui, d’ailleurs, n’est pas vraiment celle d’un trio puisque l’accordéoniste Frode Haltli se trouve invité sur l’intégralité du disque. Une nouvelle fois, on constate donc que les activistes de la scène jazz expérimentale norvégienne vont et viennent d’un projet à l’autre, étant tantôt invités, tantôt au centre des publications.
Bien qu’ayant utilisé le terme « jazz », on se trouve ici plutôt en face d’un free-folk expérimental, allant puiser quelques sources dans des registres traditionnels, comme le suggèrent les participations vocales (spoken word ou chant) d’Harald Takle (allitérations et onomatopées sur « Takle »), Karen Hatleberg et Audun Takle, le jeu de cithare de Stephan Meidell et les percussions sèches manipulées par Øyvind Hegg-Lunde.
C’est même un style presque « folklorique » que les quatre Norvégiens poursuivent sur « Cirkus » avec son pizzicati de violon typique, et le caractère un peu mécanique, proche de la musique tzigane, de sa mélodie.
Dans ce contexte, il est évident que l’accordéon de Frode Haltli n’a aucun mal à se greffer aux compositions de ses comparses, à l’image du dialogue ouvert avec le violon Hardanger sur « Kirkegangar ». L’interaction se fait donc très pertinente tout au long de la grosse demi-heure de ce disque qui prouve, à nouveau, que cette formation, menée par Erlend Apneseth déploie une impressionnante capacité d’adaptation et d’évolution dans des répertoires variés.
En 2017, Florist avait marqué les esprits avec un second album, If Blue Could Be Happiness. Le groupe de Brooklyn mené par Emily Sprague a fait parler de lui grâce à un subtil mélange de bedroom-pop et d’indie folk lo-fi. Deux ans plus tard, la meneuse du combo a décidé de travailler en solo avec avec un nouvelopus le bien nommé Emily Alone.
Emily Sprague a, en effet, préféré s’aventurer toute seule pour n disque où elle s’est exilée telle une Justin Vernon période For Emma, Forever Ago afin de se ressourcer et de se retrouver spirituellement et humainement parlant. Écrit, composé, produit et arrangé à elle toute seule, Emily Alone ouvre les portes de son jardin secret à travers de ballades sentimentales en fingerpicking.
Il en résulte des morceaux plus que touchants tels que « As Alone » en guise d’introduction mais également « Celebration » et « I Also Have Eyes » où notre hôtesse met à plat un deuil suite au décès de sa mère. Florist émeut plus que d’habitude avec ses arrangements flirtant ses travaux ambient et new age mais en plus folk lo-fi que ce soit sur « Time Is A Dark Feeling » ou sur « Rain Song » et « Shadow Bloom » ou sur des ballades au piano comme « M » avec un chant susurré et des paroles introspectives qui ont de quoi bouleverser.
Florist apparaît comme une artiste touchante ce qui fait de ce Emily Alone une œuvre qui mérite le détour. Emily Sprague est parvenue à exorciser ses pensées les plus sombres et morbides en musique cathartique et sensible ce qui la rend profondément humaine.
Ce trio écossais sort, ici son troisième album, Junior, le premier étant devenu presque instantanément un hit mondial et le combo s’était tout de suite retrouvé dans sphère médiatique. Après des participations dans des gros festivals, une fanbase active et un potentiel immense cet opus pourrait être celui de la confirmation.
Le groupe brasse des influences très larges : de la pop, en passant par le rap et le hip hop, jusqu’au rock. Pas facile d’y instaurer une harmonie, dans toute cette masse musicale. C’est là où l’album excelle. Junior est un condensé, sous pression, de ces genres, empreint du culot et de la détermination du rappeur Kerr Oran.
Après avoir écouté les deux premiers titres, « All In » et « Alpha », il serait facile de réduire The LaFontaines à un énième groupe imitant Linkin Park. Moins métal, plus pop, le mélange rap/rock/pop, les parallèles sont présents, mais ne résument pas tout. Les Écossais assument leurs penchants pour les rythmes pop et soul et ont préparé, ici,quelques surprises. « Anything at All » et « Pro » sont, ainsi, plus proches du tube de l’été que de la piste de rock et, sans tomber dans le titre estival sans relief, ils renvoient toujours autant d’urgence et d’intensité à leur écoute.
Le batteur Jamie Keenan a endossé la responsabilité de co-chanteur du groupe après le départ de leur guitariste Neill Mulholland. Sa voix apporte un contraste frappant avec les lignes fluides et pressantes de rap de Kerr Oran. Après coup, cet ajout apporte beaucoup à l’harmonie entre les genres, donnant naturellement une touche pop aux refrains de titres plus agressifs comme dans « Body ».
« Tomorrow Won’t WorryMe » et « Body »terminent Junior avec deux titres rock coups-de-poings qui voient The LaFontaines mixer une fois encore différents styles avec beaucoup de vista. Entre les riffs mélodiques et pop à la guitare et les lignes de chant martelées sur « Tomorrow Won’t Worry Me », on retrouvera toujours cet équilibre, si agréable à l’oreille, toujours marqué par l’énergie et l’efficacité
Quatorze ans, c’est ce qu’il aura fallu pour que Calexico, le groupe qui a permis à pas mal de monde de placer la ville de Tucson, Arizona sur une carte, et Iron & Wine, le barde barbu carolinien, fassent de nouveau cause commune sur un même disque. In the Reins, leur première collaboration, remonte déjà à 2005 et avait laissé un souvenir très profond aux fans de ces deux entités singulières. Le désir de chaque partie de retravailler avec l’autre s’est heurté, durant toutes ces années, à des difficultés d’emploi du temps, chacune étant prise dans le cercle infernal albums – tournées – retours au bercail et, plus simplement, par la vie personnelle des trois musiciens qui, bien évidemment, suivait leur cours respectif. L’espoir des retrouvailles allait en s’amenuisant, mais l’attente a finalement pris fin avec la parution de ce Years to Burn aussi inattendu que bienvenu en ce mois de juin 2019. Sam Beam, accompagné de Rob Burger et Sebastian Steinberg, deux de ses musiciens de tournée avec Iron & Wine, a pu rejoindre Joey Burns et John Convertino, les deux têtes pensantes de Calexico, secondés de leur côté par Jacob Valenzuela et Paul Niehaus, eux aussi de Calexico, en décembre 2018 à Nashville pour enregistrer leurs nouvelles compositions. C’est donc au cours de brèves (on parle de quatre jours seulement) mais sans doute très intenses et fructueuses sessions d’enregistrement que le groupe ainsi constitué a pu se rassembler et enfin donner libre cours à sa créativité après des années d’attente et de patience.
Sur In the Reins, Sam Beam avait composé la totalité des morceaux. Sur Years to Burn, c’est encore lui qui en a écrit la majorité, cinq sur les huit, en laissant une à Burns, tous les musiciens présents collaborant sur les deux restantes. Et si l’on est familier des dernières productions d’Iron & Wine (Beast Epic en 2017 et l’EP Weed Garden en 2018), c’est en terrain connu que nous ramène Beam, puisque l’on retrouve dans les chansons qu’il propose ici la même atmosphère chaude et accueillante qui les entourait. C’est donc avec délice que l’on écoute « In Your Own Time », son orchestration et ses superbes harmonies, « What Heaven’s Left », légère et décontractée, « Follow the Water », aussi douce que le délicat écoulement d’une rivière, ou encore « Years to Burn », feutrée et sensible. Mais c’est bien la lumineuse « Father Mountain » qui emporte tout : des harmonies célestes, des chœurs puissants, une instrumentation de toute beauté (le piano, les guitares, la batterie, tout est parfait !), des paroles touchantes qui visent juste, un allant irrésistible, c’est tout simplement un des morceaux de l’année me concernant, de ceux que l’on réécoute sans jamais se lasser et qui passeront toujours aussi bien des décennies plus tard. Pour vous situer un peu, Beam parvient à recréer l’effet « Call It Dreaming » (sur Beast Epic), ce qui n’est pas un mince exploit.
À côté, « Midnight Sun » » la compo de Joey Burns qui précède « Father Mountain », paraît plus voilée et sèche et apporte une légère tension au disque. Elle n’en reste pas moins très réussie et agit comme une sorte de voyage initiatique en plein désert, épopée striée par la guitare électrique de Burns, elle-même apaisée par la steel guitar de Paul Niehaus. N’étant pas vraiment un spécialiste de Calexico, je peux tout de même avancer que l’on retrouve leur patte dans ce morceau, cette ambiance aride, de base acoustique que Convertino et Burns développent depuis plus de vingt ans. Patte de nouveau identifiable sur le court instrumental mâtiné de cuivres « Outside El Paso », forme dans laquelle les deux hommes ont appris à exceller depuis longtemps et qui, étant donné son nom même, s’avère typique de leur œuvre et s’y insère donc sans difficulté. Enfin, l’odyssée épique « The Bitter Suite », divisée en trois segments dont les deux premiers ont été composés ensemble par Beam et Burns et le troisième par Beam seul, est longue de plus de huit minutes et porte les marques des deux groupes. Le segment a, le lancinant « Pájaro », chanté en espagnol, laisse lentement la place au b, le quasi instrumental « Evil Eye », qui porte assez bien son nom avec ses guitares et sa rythmique inflexibles et que la trompette de Valenzuela accompagne dans un écho fantomatique. Il s’éteint au moment où Beam reprend le micro pour le dernier segment, le c, « Tennessee Train », qui conclut avec une sobre et discrète élégance ce triptyque où chacun a eu son mot à dire. Les variations rythmiques et stylistiques ainsi que la diversité des voix et des instruments qu’on y retrouve en font sans aucun doute l’exemple le plus probant justifiant le bien-fondé de cette tardive réunion.
Et le seul bémol que l’on peut adresser à cette dernière, c’est uniquement sa trop courte durée : huit morceaux pour trente minutes de musique environ, c’est bien peu, surtout comparé à l’attente et aux espoirs que le retour de cette association avait fait naître lors de l’annonce de sa résurrection. Mais comme ce Years to Burn (magnifique titre au passage, et somptueuse pochette également) se tient de bout en bout et délivre de véritables trésors, on n’en tiendra pas réellement rigueur aux musiciens, qui trouvent chacun un espace où s’exprimer, en espérant néanmoins que l’on n’ait pas encore à attendre quatorze longues années pour les voir se réunir de nouveau.
Mozes and the Firstborn a fait ses premiers pas en 2013 via le biais d’un premier album éponyme. Très vite, le groupe néerlandais a rapidement su se faire un nom avec un mélange de grunge et de power-pop qui s’est concrétisé avec un successeur, Great Pile Of Nothing trois années plus tard. Aujourd’hui, ils reviennent avec leur troisième effort discographique Dadcore.
Comme on puovait s’y attendre, Mozes and the Firstborn a l’air de se complaire dans lsa zone de confort. On en veut pour preuve leur fusion musicale qui fait toujours effet sur des morceaux à l’image de la chanson-titre mais également « If I », Baldy » et « Sad Supermarket Song » qui auront de quoi ravir les éternels fans de Weezer ou encore de Guided By Voices. Avec l’aide de multiples producteurs dont Chris Coady et Raven Aartsen, le groupe d’Eindhoven saura perfectionner un son en lui donnant plus d’envergure.
Entrecoupés d’interludes, Mozes and the Firstborn saura aussi puiser son inspiration dans les décennies antérieures sans paraîtreringard. Cela donnera des moments comme « Blow Up », « We’re All Saints » ainsi que « Amen » qui viendront se mesurer à des passages plus audacieux comme les allures étrangement slacker de « Scotch Tape/Stick With Me » en compagnie de Kelsey Reckling. Il arrive que le groupe ralentisse le tempo et se fasse plus contemplatif avec notamment la ballade de clôture intitulée « Fly Out II » ponctuant un Dadcore qui se trouvera en bonne compagnie pour les années 2000.
En deux albums, Elena Setién a réussi à se faire un nom sur la scène internationale grâce à sa musique enchanteresse. L’auteure-compositrice-interprète et musicienne multi-instrumentiste espagnole avait laissé agréable souvenir pour son second opus Dreaming Of Earthly Things il y a trois années de cela. Et bien la voici de retour avec son successeur intitulé Another Kind of Revolution.
Elena Setién poursuit son bonhomme d’un chemin toujours aussi somptueux. Pour Another Kind of Revolution, elle décide de vouloir afficher son côté utopique et engagé tout en restant droit dans ses bottes avec dix nouvelles et planantes compositions. L’Espagnole résidant à Copenhague idéalise une Amérique parfaite et respectueuse des traditions avec le titre d’introduction nommé « The Wheel That Drives You » mais encore « Window One » ainsi que son sequel sans oublier « Old Jamie » et ses ambiances qui se font étrangement intimistes et éthérées.
Avec des arrangements étoffées et des ballades mélancoliques, que demande le peuple ? Quoi qu’il en soit, Elena Setién tient la formule magique pour nous enivrer à l’écoute des perles sensibles à l’image de « Down The Meadow » et « We See You Shining For A While ». S’achevant sur un « She Was So Fair » totalement prenant, Another Kind Of Revolution donne envie de rêver d’un autre monde perçu comme une nouvelle direction.
Les beats de Rod Modell tournent autour de 140bpm sur son début en solo, Captagon. Auparavant, l’artiste nous avait gratifiés d’un Autonomous Music Project qui avait également allègrement franchi cette même barre de son avec une musique rappelant les années 90, époque où le haut du pavé était occupé par Monolake, Matrix et Erosion (T++), à savoir une musique techno profonde et hypnotique.
Cette approche se veut ici comme une bouffée d’air frais et d’énergie qui, en boostant ainsi le tempo, sert à véhiculer sentiment d’urgence qui nous sortirait de notre rêverie pour nous entraîner vers une belle tranche de mysticisme mâtiné d’aérobique.
Si on ajoute des références ces claires à la scène de Detroit, la manière sont Modell s’empare de ces dynamiques subaquatiques place automatiquement la barre de Captagon au plus haut et fait de ce nouvel opus la meilleure production qu’il a réalisée depuis un bon nombre d’années.
Ce nouvel album Albrecht La’Brooy capture les sons de l’été enregistrés à Healesville près de Melbourne. Son contenu improvisé pour deux pianos est agrémenté de chants d’oiseaux et de carillons à vents. On y entendra des conversations bucoliques et des atmosphères apaisées et bienheueuses.
Healesville est un disque d’une fluidité absolue avec des claviers et des guitares prenant alternativement la sirection des opérations avec des samples pastoraux fournissant un accompagnement rupestre détendu. L’étrangeté réside dans le fait que celui-ci est nourri d’électronique, un peu comme si on écoutait le récit de vacances d’un autre que nous. En décaoule un esprit d’espace qui ne nous concerne pas et qu’on pourrait ailleurs, dans un bureau, un tain ou un avion ; partout sauf dans une étendue campagnarde non touchée par la modernité.
Les gratte-ciels sont, ainsi ici, transformés en persepectives verdoyantes où se mêlent sons de machineries légères lignes de synthétiseurs ; une vague nostalgie minimaliste se dégagera d’un climat où on discernera de lointains échos de surf et des claviers hantés dans de vastes chambres vides où un ensemble comme Grouper y trouverait logis.
Bruno Silva, autrement dit Ondness, se écrit lui-même comme un « activiste de son » ; il est vrai que le Portugais s’est oujours été entiché de notions telles que le hasard le chaos et l’ambigüité, choses qu’il embrasse ici dans son deuxième album, Not Really Now Not Any More.
Grâce à une approche minimaliste de son usage des percussions il rappellera le funk écrasé de Anthony “ »hake » Shakir canaliés comme il l’est au travers du prisme des variations rythmiques de Raster Noton. En d’autres terems, on aura droit à des accents affutés mais fluides sur le « dance floor », en mouvement constant, disparaissant puis se reprofilant avec encore plus de prégnance.
Les modes rythmiques de « Tone » qont ainsi fracturés avant de reprendre leur surmultipliée avec« Gem Genie » dont les atermoiements bass and jazz rappeleront Atom Heart alors que « Mau Vibe » se fragmentera entre tribal et tripal avant de s’évanouir dans le néant et que « Casa Fora Fallout » invoquera l’esprit le plus débridé possible façon Malteo.
Not Really Now Not Any More est une bizarrerie courte et intense, ce qui rend l’album d’autant plus irrésistible.