Arto LIndsay: « Cuidado Madame »

10 Mai 2017

« Pele de Perto » et « Arto Vs. Arto » nous offrent la perspective sonique dans laquelle se situe la carrière de Arto Lindsay sur son nouvel album, Cuidado Madame. Tout y est disparate avec un rythme saccadé, une désorganisation apparente et, dans le chant, une atmosphère de proximité où dandyisme jouxte les tonalités afro-cubaines servies par un grand renfort de cordes de guitares en nylon.

Dualité constante entre le mélodique et l’expérimentation la plus agressive, entre minimalisme de la bossa nova contorsionnée par des distorsions de guitares, des effets electro. Le maître-mot sera ici le décalage avec sensualité et textures contemporaines, contrastes où la violence des orchestrations se met au service de l’intime (les « backbeats » de « Vão Queimar Ou Botando Pra Dançar » ou « Seu Pai” ».

Arto Lindsay a pour singularité de frayer dans l’avant-garde mais de puiser ses explorations dans les racines de ce qu’il y a de plus primal et organique, manière de confirmer qu’on peut être aventureux et demeurer dans le groove.

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Andrew Combs: « Canyons of my Mind »

10 Mai 2017

Se passerait-on d’être catalogué comme « l’homme le plus triste de la musique country » ? C’est une définition qui colle à la peau de Andrew Combs depuis qu’il a écrit un morceau aussi pénétrant que « Too Stoned To Cry ».

Ce surnom est même devenu inévitable quand All These Dreams (2015) a cimenté une telle image. L’album a prouvé que le Texan était aussi un compositeur émérite capable d’écrire des textes à la beauté intense et que ses nombreuses années passées à tourner lui avaient donné une vision très claire de ce vers quoi sa musique devait s’orienter.

Canyons Of My Mind maintient toujours cette approche « americana » mais, ici, le climat « singer songwriter » des 70’s s’échappe d’une formulation classique pour prendre une direction qui lui est propre et plus personnelle.

« Sleepwalker » est du Combs comme on est en droit de l’attendre (voix soyeuse appairée à une double basse et une steel guitar) mais les onze titres sont autant de petites vignettes servant de catalogue à un répertoire. « Hazel » vous hantera, « Blood Hunters » bouleversera vos entrailles comme un véritable hard rock et « Rose Colored Blues » déploiera un paysage qu’on ne pourra cesser de contempler.

« Dirty Rain » y amalgamera la fascination qu’on pourrait éprouver devant un spectacle où la désolation donnera âme et beauté à un tableau où l’espace semble confiné et verrouillé donnant à Canyons Of My Mind une ampleur éblouissante.

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