Howlin Rain: « Mansion Songs »

Mansion Songs de Howlin Rain s’ouvre sur des vocaux a cappella glorieusement réfrigérants émis par le leader du groupe Ethan Miller. Ils sont bruts et poisseux mais aussi assurés et poétiques. Sur « Big Red Moon » il évoque ces environnements glauques que sont les allées et les bars des bas-fonds avec une instrumentation qui intervient avec détermination et autorité au moyen d’une slide guitar en fuzz et une section rythmique chargée de ces humeurs marécageuses qui étaient l’apanage de Creedence Clearwater Revival.

La voix de Miller est rude, suggérant un Bob Dylan qui aurait abandonné sa pose « laidback » et, quand elle se transforme en hurlement désespéré et ébranle le confort d’une stabilité que donne le rock traditionnel on n’en est à peine étonné.

Si Howlin Rain emprunte en effet à l’idiome rock, ils veulent aussi pousser cette convention hors de ses limites habituelles. Il est donc naturel pour eux de créer des moments de fixation où règne le chaos, un sentiment que les compositions pourraient s’effondrer à chaque instant. « The New Age » est une ballade injectée d’Americana triomphante avec une voix de la taille de celle de Bono qui parle de la venue du futur mais dont le climat victorieux que suggère le tempo vif est sapé dans les dernières secondes quand Miller hurle un « I don’t want » qui résonne comme le cri d’un condamné qu’on mènerait au peloton d’exécution.

Mansion Songs va parcourir ainsi toute une gamme allant de titre rock accrocheurs comme « Meet Me in the Wheat » at « Wild Bush » à des moments plus tendres en particulier sur les trois morceaux qui concluent l’album, « Restless », « Lucy Faitchild » et « Ceiling Fan ». Les deux derniers auraient pu être plus courts et éviter ainsi l’excès d’un sentimentalisme qui ne peut qu’étonner alors que « Restless », comme l’indique son titre, véhicule à merveille cette agitation et ce sentiment que tout peut exploser à n’importe quelle seconde. Miller avait dit de ce disque qu’il voulait qu’il ne reflète a aucun moment une sensation de désespoir qui soit digne, il y parvient en traduisant ce sentiment que l’on essaie à se raccrocher à des choses qui ne veulent que céder sous nos doigts.

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