Si vous venez de découvrir Drugdealer, le groupe psychédélique d’influence folk centré sur le frontman aux multiples facettes Michael Collins, vous êtes pile à l’heure. Le groupe a fait ses débuts en 2016 avec son LP, The End of Comedy, une sortie de 11 titres où l’on voit Collins tenter de trouver un équilibre entre son large éventail d’influences et les fondre en quelque chose de tout nouveau. Le groupe a vraiment commencé à briller sur son album Raw Honey, sorti en 2019. On peut vraiment entendre l’alchimie entre les membres du groupe, tandis que l’écriture de Collins commence à s’épanouir et à devenir plus vulnérable et poétique. Ces deux albums sont liés par des guitares tordues et des arrangements influencés par le jazz qui servent de toile de fond aux paroles mélancoliques de Collins.
Sur leur dernier album, Hiding In Plain Sight, le groupe continue d’améliorer ce qui le définit et d’expérimenter de nouvelles tonalités et de nouveaux sons, troquant l’intimité de leurs deux premiers albums pour des grooves satinés qui s’apparentent à des disques de soul classiques, ce qui constitue le meilleur travail de Drugdealer à ce jour.
Si Collins n’a pas peur d’explorer de nouveaux sons pour le bien de la chanson, une chose qui est toujours cohérente dans son travail est la façon dont il donne le ton à ses disques. Qu’il s’agisse d’une ballade lente ou d’un morceau de country de style western, Drugdealer sait toujours exactement comment introduire un concept et exécuter ce son à son maximum. Une fois de plus, ils ont trouvé le bon ton avec l’incroyable morceau d’introduction de leur nouvel album, « Madison ». On découvre immédiatement une nouvelle facette de Collins, un conteur plein d’âme qui est influencé à parts égales par le pub rock des années 70 et la soul des années 60. Collins combine ces deux époques pour créer des textures uniques.
Bien qu’il s’agisse d’un pas dans une nouvelle ère pour Drugdealer, ils ne semblent pas pouvoir se détacher de leurs racines. Une chanson comme « Hard Dreaming Man » présente certaines des meilleures compositions de l’album, mais le groupe glisse à nouveau vers le son d’inspiration folk de leurs débuts en 2016, créant un sentiment d’incohérence. C’est une excellente chanson, mais elle ne s’intègre pas au reste de l’album, et cette belle combinaison d’influences de la première piste disparaît et le LP est freiné à cause de cela.
Les efforts de Drugdealer pour créer une musique plus soul sont évidents dans les arrangements, mais la performance vocale de Collins est la force motrice de ce nouveau son. Le groupe a toujours eu d’excellents arrangements sur ses albums, et celui-ci n’est pas différent. Bien qu’ils s’aventurent dans de nouveaux territoires et réussissent avec une instrumentation plus serrée, ce sont les voix qui emballent parfaitement ces nouvelles sonorités. Collins n’a jamais sonné aussi bien, il est capable de changer sa voix de manière inédite et son sens naturel du timing permet un changement de rythme choquant pour le frontman. « New Fascination » est un moment fort, pour cette raison, les accords de guitare bancals sont rencontrés avec des harmonies tout aussi élastiques de Collins, créant l’un des morceaux les plus expérimentaux de Hiding In Plain Sight. Le chant sur « New Fascination » est un changement bienvenu par rapport à leur son passé, au lieu de laisser l’instrumental faire le gros du travail, c’est la voix de Collins qui conduit ces chansons, et ajoute des éclats de texture et des couleurs vives à leurs arrangements déjà généreux.
Drugdealer ne construit pas de mondes avec sa musique, ils décomposent le monde qui les entoure et créent des morceaux de musique simples mais puissants avec ce qui reste. Avec Hiding In Plain Sight, Collins est à son meilleur niveau de confiance et de créativité, avec une production luxuriante et une écriture vague mais intrigante qui éclate de couleur et de personnalité. Si ses deux premiers albums étaient des flocons de neige, Hiding In Plain Sight est l’avalanche qui en résulte et qui dévore l’auditeur avec des solos séduisants et des chansons émouvantes, ce qui en fait un album qui vaut le détour.
***1/2