Une simple écoute d’un interlude musical du dernier album de Martha pourrait bien vous transporter dans une salle de répétition en Pennsylvanie, où des groupes comme The Wonder Years et The Menzingers échangent des accroches pop punk et perfectionnent les refrains à bras levé. Ce n’est pas surprenant si l’on considère que, sur ce qui est maintenant leur quatrième album, Martha a renforcé son son et a adopté un nouveau poids dans ses riffs de guitare, ce qui est évident sur le premier extrait « Every Day The Hope Gets Harder ».
Cependant, malgré les influences américaines emo et pop punk qui rongent leur son, dès que l’un des membres du groupe ouvre la bouche pour chanter, il se place immédiatement dans le nord-est de l’Angleterre. Il y a quelque chose d’authentiquement britannique dans leurs inflexions qui devient d’autant plus évident avec le fond plus croustillant. C’est une juxtaposition qui fonctionne bien avec les thèmes de Please Don’t Take Me Back. L’espoir brutal du rêve américain mêlé à un côté britannique concret correspond parfaitement au voyage du groupe de l’espoir au désespoir et vice-versa.
Sur la chanson titre de l’album, il y a un rejet audacieux de la nostalgie. Alors que les histrions de la guitare cèdent la place au refrain vaincu de « The old days were bad », nous avons droit à un rappel rafraîchissant que nous ne pouvons pas toujours voir nos vies à ce jour à travers des lunettes teintées de rose. Il vaut mieux laisser certaines parties de notre passé derrière nous, et ,sur Please Don’t Take Me Back, Martha a toujours au moins un œil optimiste sur l’avenir.
Les quatre musiciens sont passés maîtres dans l’art d’émettre des sons rapides qui laissent une impression durable. Après tout, à quoi bon utiliser 100 mots quand cinq suffisent. Comme un expresso avant d’aller se coucher, leurs riffs rapides et leurs répliques étonnamment pertinentes qui vous passent par la tête pénètrent vos sens. La prémisse derrière le punk déchiqueté de « Baby, Does Your Heart Sink » ne pourrait pas être plus simple, mais dans les mains de ces vétérans du DIY, elle sonne comme un chef-d’œuvre post-moderne.
Dans un style typiquement britannique et stoïque, le groupe ne se laisse pas trop emporter, comme le montre clairement le dernier morceau de l’album, » You Can’t Have a Good Time All of the Time « , qui les voit répandre une couche de shoegaze sur leur pop indé. Et même si c’est vrai, passer 35 minutes en compagnie de ce disque me semble être un sacré bon moment pour que ces vétérans du DIY nous offrent des sensations fortes.
***1/2