Portal: « Avow »

Le sixième album de Portal, Avow, voit le groupe revenir à un son plus proche de certains de ses premiers travaux. Ils restent l’un des groupes les plus uniques du death metal, avec un son absolument claustrophobe, sombre et effrayant. Leur capacité à invoquer un sentiment d’effroi dans leur musique reste inégalée avec leurs riffs dissonants et chaotiques, et le grognement chuchotant du chanteur The Curator.

Portal a connu une évolution dans son son, surtout dans les deux derniers albums. Avec Vexovoid en 2013, ils ont réduit le chaos des riffs pour se concentrer sur une attaque plus directe, tandis que le Ion de 2018 a offert la sortie la plus frappante de leur carrière, le plus grand changement de son venant sensiblement des guitares. Dans les albums précédents, le groupe utilisait des instruments à 8 cordes qui contribuaient à créer un son sombre et dense, mais pour Ion, le guitariste Horror Illogium a retrouvé sa vieille Carvin Ultra Flying V, une guitare à 6 cordes avec une attaque en forme de rasoir qu’il a utilisée pour composer et créer le son unique de l’album. Alors qu’auparavant, on pouvait entendre des clins d’œil à des groupes comme Morbid Angel, Gorguts et Incantation, avec Ion, il semble que le groupe canalise l’essence du thrash allemand des années 80, comme Sodom ou Destruction, mais d’une manière unique et tordue.

Lors d’une interview avec Bardo Methodology à l’époque de la sortie de Ion, Horror Illogium a révélé que le groupe avait enregistré des titres pour un album complet, mais qu’il avait décidé de le mettre de côté avant qu’il ne soit mixé. Cette décision s’explique notamment par la montée en puissance de nombreux nouveaux groupes qui tentent d’adopter une approche ou une esthétique similaire. Avec Ion, ils ont réussi à faire un disque qui se démarque de ces imitateurs et qui, à mon avis, est l’un de leurs meilleurs albums. La première chose qui nous a frappé à propos d’Avow, c’est qu’il marque un retour, notamment en termes de production, aux anciens enregistrements du groupe. Les guitares qui étaient si tranchantes sur Ion ont été déplacées dans le mix pour unifier les dissonances et le drone qui est plus prononcé. Il n’y a pas un seul moment qui ne soit pas étouffant dans son exécution. Aucune information réelle n’a été donnée dans la bio de l’album, mais honnêtement, la première pensée qui m’a traversé l’esprit était de savoir si oui ou non le groupe avait décidé de revisiter certains des matériaux de leurs travaux abandonnés. Quoi qu’il en soit, les fans des premiers albums du groupe seront probablement très satisfaits de la direction prise ici. Le chant de The Curator est également à noter. Il reste un point très fort qui élève la menace et l’effroi mis en avant et libère essentiellement la musique pour qu’elle prenne la direction qu’elle veut.

Dans l’ensemble, l’album est plus impénétrable que les deux précédents, mais il n’en est pas moins intriguant à écouter, et c’est là que réside l’une des plus grandes forces de Portal. La cacophonie de Portal transcende toutes les idées que l’on peut se faire de ce que peut être le death metal, et ils continuent de réussir à être l’un des groupes les plus uniques du genre, que les imitateurs soient damnés.

***1/2

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