u r everything, le premier album de bauwaves d’Austin, TX, a été écrit à la fin d’un épisode dépressif. Le chanteur Lew Houston a sété atteint d’une dépression profonde en 2016, et, alors qu’il se sortait, l’inspiration a lui est venue pour engranger des compositions qui ont donné naissance à u r everything.
Cette histoire de fond semble importante – une grande partie du disque traite de la dépression et trouve les narrateurs autobiographiques de Houston en quête de connexion. Mais au-delà du thème, c’est un disque qui sonne comme s’il se débarrassait d’une brume spleenesque ; les guitares grésillent et s’embrouillent, et la voix de Houston se situe quelque part entre la plainte indie punk et le glas.
Cepandant la carte de visite de u r everything, plus que ses guitares grunge et le chant plaintif de Houston, est la façon dont tous ses membres jouent ensemble : c’est-à-dire de façon rapide et désordonnée, comme si l’ensemble risquait de s’effondrer à tout moment. Les rythmes ne gardent pas la cadence, ils testent plutôt la capacité du groupe à redresser le véhicule à grande vitesse qu’est chaque chanson. Par moments, c’est exaltant, on dirait un vestige du rock ‘n’ roll de la fin des années 80 ou du début des années 90 ; ailleurs, comme sur « years later », le groupe semble plus perdu qu’expérimental, comme si les rythmes qui étaient sur le point de s’effondrer s’étaient effectivement effondrés pendant l’enregistrement.
Ces contretemps se produisent surtout sur la première partie de l’album, celle qui contient ses meilleurs titres, comme si le groupe avait enregistré tous les morceaux les uns après les autres, en prenant de l’assurance au fur et à mesure. « early morning summer » ajoute une guitare acoustique à l’instrumentation du groupe, ce qui permet de différencier la chanson en tant que single et d’ajouter la variété nécessaire à l’album. Mais plus qu’une simple sonorité, la chanson montre Houston dans son état le plus vulnérable, sa voix hurlante ruminant des pensées suicidaires. À partir de là, les choses deviennent plus punk et tout aussi déprimées sur « to the floor » et « like sinking », donnant à la deuxième phase de u r everything un élan et une ligne directrice qu’elle n’a pas au départ.
C’est sur le dernier morceau de l’album, la chanson titre, que tout se met vraiment en place. Les rythmes tremblants et les guitares démesurées ne sont pas seulement un style – ils ressemblent à la vie, une métaphore du voyage tumultueux dans lequel chacun se trouve. « Sans toi, il n’y a rien » (Without you, there’s nothing), gémit Houston comme si sa vie en dépendait, ce qui est en quelque sorte le cas. u r everything est, à cet agard, autant un disque qu’un chemin vers l’acceptation de soi. Au terme de son périple, Houston a réalisé que la vie valait la peine d’être vécue et l’a transposé en chanson. Cela ne veut pas dire que ce sera facile, mais parfois, c’est dans les moments où tout s’écroule que l’on trouve le plus de sens.
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