Leave Your Body Behind ; voilà un nom sombre et trompeur pour un groupe qui sonne étonnamment doux. Un examen plus attentif du titre de leur deuxième album, Post Mortem Paradise, contraste en outre avec l’austérité initiale et l’on est conduit dans un pays où il n’y a pas de squelettes dans le placard, mais simplement un ensemble de neuf mélodies douces-amères qui réconfortent l’auditeur. Enregistrées sur un studio portable à huit pistes pendant la pandémie, ces chansons illustrent l’anatomie de l’acceptation de la perte et de la libération par phases progressives. Il n’y a pas de morosité excessive, mais plutôt une mélancolie saisissante avec un récit sincère et une lumière attachante au bout du tunnel.
Des voix musclées mais agréables ornent le disque et sont essentielles pour vous guider vers la terre promise de Post Mortem Paradise, cette hauteur de son si proche que le chanteur se sent comme un confident et un compagnon d’infortune. Basé dans les Midlands, Leave Your Body Behind était autrefois un groupe complet qui s’est transformé en un one man band à l’époque de la distanciation sociale. Le frontman Max Hickman crée des ambiances intimes et écrit des textes poétiques et existentiels qui méritent qu’on y prête attention. Les bons paroliers semblent rares de nos jours.
« Led Astray » donne un ton incliné et plutôt désenchanté, mais « Death of this Feeling » ouvre le spectre dans toute son ampleur, avec une luminosité omniprésente qui vous illumine mais vous met aussi dans une humeur méditative et réfléchie. Cela se retrouvera sur « Static Creation » dont la plénitude apaisante brille aussi magnifiquement qu’un coucher de soleil. Une merveille de lumière solaire qui explose. « Never Change » apporte une touche d’insolence qui peut rappeler le Brian Jonestown Massacre à l’époque de Take It From The Man ! et insuffle un groove plus joyeux. De même, le bohème « Daisy Chain » fait naître une atmosphère plus optimiste qui balaie tout.
Tous les morceaux de l’album s’imbriquent les uns dans les autres comme des variations évoluant dans les perspectives et le bien-être émotionnel. Il y a une quête permanente de la paix de l’esprit, particulièrement visible sur les deux derniers titres « Deliverance » et « Sunshine’s Gone ». Les mots de Leonard Cohen nous viennent à l’esprit dans ce royaume de clair-obscur : « Il y a une fissure dans tout, c’est comme ça que la lumière entre » (there is a crack in everything, that’s how the light gets in). Les notes finales de la dernière piste ressemblent à un esprit qui s’envole de façon épique et, en se dissolvant dans l’éther ; nous convient à entrer dans l’abîme pour avoir la chair de poule.
***1/2