Accords Perdus: Interview de Del Bronham (Stray)

Géré par des gangsters et en proie à de mauvais contrats de disques, la malchance a maudit la carrière de Stray (Égaré ; sic !, en Anglais) et, autrefois, pair de combos comme Judas Priest ou UFO.

Nous sommes en 1966 et l’Angleterre est sur le point de remporter la Coupe du monde de football, les Who vont enregistrer le plus grand succès de leur carrière (« I’m A Boy » se classant à la deuxième place), les Rolling Stones font encore mieux avec « Paint It Black », avant que Jimi Hendrix et « Hey Joe » n’arrivent comme une météorite enflammée. 

Dans une année aussi glorieuse pour le rock’n’roll, il est parfaitement excusable que la formation de Stray soit passée comme une note de bas de page. Plus de 50 ans plus tard, le mur du salon du guitariste Del Bromham n’est pas tapissé de disques d’or et de platine, mais il a accompli quelque chose d’aussi difficile. 

Manquant cruellement de soutien de la part des maisons de disques, son groupe a accumulé des anecdotes colorées sur le rock’n’roll tout en s’associant à de sombres figures du monde des gangs pour enregistrer plusieurs des albums les plus sous-estimés des années 1970. Et, continuant à défier les aléas de l’industrie musicale, le groupe existe toujours aujourd’hui. 

« J’ai été membre de ce groupe pendant la majeure partie de ma vie d’adulte », se souvient Bromham. « Je rencontre souvent des gens qui me disent que Del Bromham et Stray sont une seule et même entité. Ils ont peut-être raison » 

Conformément à l’aspect brut et sans prétention de leur son, les autres cofondateurs de Stray – le chanteur Steve Gadd, le bassiste Gary Giles et le batteur Steve Crutchley (remplacé plus tard par Richard Cole) – sont issus de milieux ouvriers, s’étant rencontrés dans diverses écoles du quartier londonien de Shepherd’s Bush. 

Tous les quatre ont été sevrés de pop-rock par les Small Faces, mais très vite, ils ont été séduits par le blues électrifié et convivial de Led Zeppelin et par le style d’écriture de Pete Townshend des Who. Gadd et Giles n’avaient que 17 ans lorsque Stray a commencé à donner des concerts prestigieux au Roundhouse de Londres, en ouvrant pour des groupes comme Deep Purple et Spooky Tooth. 

« En très peu de temps, nous sommes arrivés à ces endroits après avoir joué des airs pop et des trucs de Tamla Motown dans des clubs d’hommes d’affaires », se souvient Bromham, « mais les choses ont commencé à s’accélérer à mesure que nous devenions plus lourds. » 

En l’espace d’un an, les jeunes gens ont signé un contrat avec Transatlantic Records, un label britannique spécialisé dans le folk-rock de Pentangle, Ralph McTell et The Dubliners. Publié en 1970 et contenant les neuf minutes de « All In Your Mind » – reprises plus tard par Iron Maiden – le premier album éponyme de Stray était un effort assez louable mais, avec le recul, la liaison mal assortie entre le groupe et le label était condamnée dès le départ. 

« Aller avec eux [Transatlantic] était la mauvaise décision. Transatlantic voulait se lancer sur le marché du prog, et la presse, qui ne nous a jamais vraiment regardés d’un œil favorable, pensait que nous étions trop jeunes pour être bons », se souvient Bromham à propos de l’échec de l’album au hit-parade.

Au fur et à mesure que les années 1970 avancent, des groupes comme UFO, Judas Priest et Motorhead font la première partie de Stray, qui offre un spectacle à haut volume et visuellement amélioré, avec notamment une poubelle qui explose (oui, vraiment) pendant « All In Your Mind ». 

Cependant, signé par un label qui n’a ni l’argent ni l’envie de les promouvoir, le groupe a du mal à se faire connaître. Bien qu’enregistré en seulement 30 heures, l’album Suicide (1971) est un pas dans la bonne direction. En plus de présenter « Jericho », que le groupe interprète encore aujourd’hui, l’album contient le même Mellotron que les Beatles ont utilisé sur « Strawberry Fields Forever ».

Portant, avec Saturday Morning Pictures en 1972, la confiance de Stray dans son mécanisme de soutien s’est affaiblie. En plus d’engager Martin Birch comme coproducteur, Transatlantic sort cette fois-ci un « single », « Our Song », et organise un spectacle inspiré du titre, à 9h30 au Rainbow Theatre de Londres. 

Quand SMP ne réussit à se faire une place dans les hit-parades, la participation prévue au festival de Reading en 1971 a été annulée. Le groupe s’est donc rendu dans une petite ville côtière de l’Essex pour rejoindre T. Rex, Rod Stewart et Status Quo au désormais semi-légendaire Weely Festival. 

Cela a conduit à une situation embarrassante lorsque les effets pyrotecniques qui se sont déclenchéespendant « All In Your Mind » ont été confondus avec des fusées de détresse dans la ville voisine de Clacton-On-Sea, ce qui a provoqué une course de bateaux de sauvetage. « Nous nous sommes excusés et leur avons envoyé un don », grimace Bromham.

Les choses menacent de se compliquer alors lorsque Stray est engagé comme manager par un individu louche appelé Wilf Pine, le premier Britannique à être accepté dans la vague américaine du crime organisé, Pine ayant été, à ce titre, l’un des poids lourds de Don Arden au cours de la décennie précédente. 

Ami intime des gangsters londoniens, les jumeaux Kray (dont les exploits dans les gangs ont été détaillés plus tard dans le livre de John Pearson, One Of The Family : The Englishman And The Mafia), Pine était devenu un ami de confiance de l’influent parrain Joe Pagano et, avec l’aide de son partenaire commercial Patrick Meehan, il a commencé à faire des vagues dans le monde de la musique, accumulant une liste de gestion et de promotion comprenant Black Sabbath, Yes, The Groundhogs, Gentle Giant et The Edgar Broughton Band. 

« Wilf est arrivé et il ressemblait à un véritable cliché, avec un costume blanc, un gros cigare, une voiture Mercedes, en insistant sur le fait qu’il pouvait nous emmener plus loin », se souvient Bromham. « Mais ça n’a pas été le cas. Des années plus tard, après avoir renoué des liens d’amitié avec Peter Amott et Ivan Mant [les premiers managers du groupe], j’ai appris qu’ils étaient sur le point de nous faire signer chez Island Records, qui était le label de l’époque. Si nous avions fait partie de cette écurie, l’histoire aurait pu être très différente ».

Après la déception de l’année précédente qu’a été la participation de Stray au festival de Reading en 1972, Bromham décide de faire parler de lui en confectionnant un costume entièrement recouvert de miroirs. 

« Tout allait bien jusqu’à ce que j’essaie de marcher avec », s’amuse-t-il. « J’étais comme le Tin Man du Magicien d’Oz, parce que je ne pouvais pas plier les genoux. Trois roadies ont dû me soulever sur la scène. »

« On jouait après Status Quo et avant Wizzard – notre concert avait lieu pendant la journée – mais on m’a quand même dit que c’était magnifique. C’était un an ou deux avant que Noddy Holder [le chanteur de Slade] n’ait l’idée de son fameux chapeau haut-de-forme réfléchissant. » 

Le quatrième album de Stray devait être leur dernière tentative réaliste pour atteindre le sommet. Des musiciens de l’Orchestre symphonique de Londres ont apporté des cuivres et des cordes à l’album Mudanzas, enregistré en 1973 avec Pine comme producteur, alors que le groupe se préparait à quitter Transatlantic.

De nombreuses décennies plus tard, Mudanzas reste un superbe album un opus que beaucoup de fans citent encore comme leur préféré. Si leurs soucis commerciaux les déprimaient – étonnamment, il a fait surface via Transatlantic après que le label ait décrit la session secrète comme « fantastique » – ils n’affectaient la confiance de personne, ni le désir de continuer à repousser les limites. 

En effet, les notes de la pochette rédigées par Tony McPhee de The Groundhogs, qui a qualifié l’album de « toujours de la musique de Stray, mais avec des changements », semblent un excellent résumé.

« Sommes-nous allés trop loin avec Mudanzas ? » s’interroge Bromham. « Je ne pense pas, mais le groupe a peut-être été un peu submergé par les éléments orchestraux. Cela dit, on me dit souvent qu’Oasis a, plus tard, chapardé dans ce que nous essayions de faire. » 

Bien que Mudanzas ne soit pas parvenu à se hisser au sommet des charts, le travail de terrain a permis au groupe d’obtenir son seul et unique disque d’or au Royaume-Uni. En difficulté avec Transatlantic, Wilf Pine, en une sorte de fuite en avant, suggère de choisirMove It, emprunté au tube de Cliff Richard de 1958, comme titre de leur prochain album. 

« On s’est dit : Qu’est-ce que c’est ? ! Mais Wilf a insisté » s’émerveille Bromham. Stray s’était rendu en avion dans le Connecticut pour enregistrer Move It de nuit – dans le même studio où Donovan enregistrait également, car il travaillait de jour. 

D’un point de vue critique, le groupe commence à gagner le respect des critiques, mais les ventes ne se concrétisant toujours pas, ils sont également conscients que Pine les met « en veilleuse », selon les mots de Del Bonham, car d’autres intérêts commerciaux occupent son temps. Plus dommageable encore, la tension avec Steve Gadd, qui commençait à faire entendre sa volonté d’écrire davantage, était sur le point d’exploser. 

« Comment puis-je dire ça ? », Bromham soupire. « Steve était un grand frontman – un croisement entre Mick Jagger et Paul Rodgers – et nous avions été un groupe soudé, jusqu’à ce qu’il trouve de nouveaux amis – de nouvelles amies femmes. Pendant un moment, il y a eu un peu du syndrome John et Yoko. »

Le départ du chanteur a failli se terminer sur des échauffourées avec Richie Cole notamment, mais plus tard, dans des années plus sages, après une longue période d’éloignement, Gadd avouera à Bromham : « Je n’aurais pas pu supporter ce que, à l’époque, j’étais devenu. » 

Assumer le rôle de chanteur principal était quelque chose qui remplissait Bromham d’une frayeur à glacer le sang. D’un naturel timide, lors d’un des premiers concerts du groupe à Dunstable, le manche à balai d’un machiniste a été utilisé pour le pousser des coulisses à la vue du public. Bromham assumant également la responsabilité supplémentaire de jouer des claviers sur scène et en studio, Stray s’adjoint un second guitariste, Pete Dyer, pour leur album suivant en 1975.

Bien que son contenu ait été largement conçu comme un album solo de Bromham, Stand Up And Be Counted est un autre mélange de hard et de soft rock, offrant des morceaux de qualité tels que « For The People » et « Precious Love ». Une fois de plus pourtant, le groupe ne parvienne pas à s’installer dans un créneau particulier. L’excentrique mais bien intitulé « Waiting For The Big Break » comprend, d’ailleurs, ce passage révélateur : « Peut-être qu’on ne sortira jamais de notre contrat d’enregistrement et qu’on disparaîtra tous dans le trou du milieu » (Maybe we’ll never get out of our record contract/And all disappear down the hole in the middle)

A ce moment-là, Wilf Pine les a éloignés de Transatlantic, mais les mêmes vieux problèmes de désintérêt de la part des labels et de manque de succès dans les charts sont revenus après que le groupe ait signé avec Dawn, la filiale prog de Pye Records. Lors d’un voyage en Amérique pour faire la première partie de Spirit et Canned Heat, Stray a été choqué de voir le visage familier d’Ozzy Osbourne dans la foule du Starwood de Los Angeles (ils avaient fait la première partie de Black Sabbath à l’Alexandra Palace de Londres en 1973). 

« Ozzy est venu dans les coulisses et a insisté pour produire notre groupe », s’amuse Bromham. Les choses sont devenues encore plus surréalistes lorsque des policiers ont arrêté la voiture du groupe après qu’Ozzy ait demandé qu’on le conduise à son hôtel, également sur Sunset Strip. 

« Notre chauffeur a grillé un feu rouge et soudain, il y avait toutes ces sirènes », se souvient Bromham. « Assis entre moi et Gary [Giles], Ozzy a commencé à se tortiller. Le lendemain, dans la même voiture, à notre grand étonnement, nous avons trouvé cette corne d’élan pleine de poudre blanche à l’aspect douteux, cachée au dos du siège. Je ne dis pas qu’Ozzy l’a laissée là, mais faites-vous votre propre opinion. »

De retour chez lui, Pye Records a mis fin à l’exploitation de la marque Dawn, plaçant Stray comme compagnon de route de groupes non rock tels que Brotherhood Of Man, Frankie Vaughan et Carl ‘Kung Fu Fighting’ Douglas sur leur liste principale. 

Fuyant les orchestres et les distractions outrées, le groupe s’est imprégné de l’ambiance américaine et a joué sur un registre plusdépouillé pour l’album Houdinisorti en 1976. Avec la radio américaine en tête, « Feel Like I’ve Been Here Before « et la chanson-titre de l’album, le groupe semblait alors beaucoup plus confiant que ces dernières années.

La sortie de Houdini va coïncider avec les premières dates britanniques des titans américains du glam-rock, Kiss. C’est étrange de le dire maintenant mais, toujours incertain du pouvoir d’attraction des têtes d’affiche, le promoteur John Curd a réservé Stray pour s’assurer quelques rangs puissent garnir les scènes même si les membres de Stray connaissaient très peu le combo américain avant la première soirée de la tournée à l’Odeon de Birmingham. 

Juste au moment où nous sommes montés sur scène, ils ont déboulé dans cet escalier, complètement maquillés, comme s’ils sortaient tout droit d’une bande dessinée de Captain Marvel, et ont crié : « Bonne chance, les gars ». « C’était la chose la plus bizarre qui soit », se souvient Bromham. 

Avec le punk rock comme force musicale dominante, 1976 a été une année difficile pour Stray. Captain Sensible vient parfois aux concerts du groupe, et à une occasion notable, The Damned et Stray partagent une scène à St Albans. Et malgré lun âge moyen de seulement 25 ans, la discographie expansive de Stray a donné au groupe la réputation de faire partie des dinosaure du rock.

« Beaucoup de groupes punk avaient le même âge que nous », dit Bromham, « et bien sûr, les Stranglers étaient encore plus âgés. Les Clash aussi, je crois. (En fait, Joe Strummer, leur membre le plus âgé, est né un an après Bromham). Mais nous nous sommes retrouvés fermement à l’écart de ce qui se passait, et, avant que nous puissions nous en rendre compte, lnous nous sommes retrouvés comme interdits de concerts. »

Après s’être séparés de Wilf Pine et à la recherche d’une solution rapide, les liens de Stray avec la pègre allaient s’intensifier avec l’engagement de nul autre que Charlie Kray comme manager. L’aîné de la fratrie du duo de gangsters Ronnie et Reggie, Kray avait été un agent du showbiz dans les années 60, mais fraîchement sorti de prison pour avoir aidé à se débarrasser du corps de Jack « The Hat » McVitie, l’association avec Charlie a garanti au groupe une notoriété instantanée. 

« Ce n’était qu’un coup de pub, et nous avons fait la une de tous les quotidiens, mais cela s’est retourné contre nous comme un gant », regrette aujourd’hui Bromham, sans surprise. Le plan initial était qu’Arden lui-même les prenne en charge, mais après une rencontre fortuite dans le bureau d’Arden à Wimbledon, l’accord improbable a été conclu. 

« Comme moi, Charlie était venu voir Don, mais Charlie n’attend personne et au bout d’une heure, il s’est rendu compte qu’on nous donnait des réponses évasives », se souvient Bromham. « Nous avons donc discuté pendant que je le conduisais chez sa mère à Bethnal Green. » 

Le marché conclu, il n’a pas fallu longtemps pour que les choses changent. « Le premier soir de notre tournée, à Scarborough, le manager du club est entré dans le vestiaire et a demandé : « Est-ce qu’on s’attend à des problèmes ? ». Des policiers en civil avaient débarqué. Les autres groupes étaient terrifiés par nous. Tout est devenu incontrôlable. Pendant un moment, il y a même eu une rumeur stupide selon laquelle nous en venions aux mains avec les groupes qui assuraient nos premières parties. »

 

Stray a sorti un autre album, le sous-estimé Hearts Of Fire, et a fait la première partie de la tournée britannique de Rush à la mi-1976 – le batteur Neal Peart était devenu un fan du groupe alors qu’il vivait dans le quartier londonien de Hammersmith – mais à la fin de 1977, submergés par les assignations, les dettes et le bagage artistique perçu, ils ont donné leur dernier concert au Boat Club de Nottingham.

La sortie de Houdini coïncidera avec les premières dates britanniques des titans américains du glam-rock, Kiss. C’est étrange de le dire maintenant mais, toujours incertain du pouvoir d’attraction des têtes d’affiche, le promoteur John Curd a réservé Stray pour s’assurer que qu’il y aurait un public appréciable. Les membres de Stray connaissent très peu Kiss avant la première soirée de la tournée à l’Odeon de Birmingham. 

Juste au moment où nous sommes montés sur scène, ils ont déboulé dans cet escalier, complètement maquillés, comme s’ils sortaient tout droit d’une bande dessinée de Captain Marvel, et ont crié : « Bonne chance, les gars ». C’était la chose la plus bizarre qui soit », se souvient Bromham. 

Avec le punk rock comme force musicale dominante, 1976 a été une année difficile pour Stray. Captain Sensible vient parfois aux concerts du groupe, et à une occasion notable, les Damned et Stray partagent une scène à St Albans. Et malgré leur âge moyen de seulement 25 ans, la discographie expansive de Stray semble leur valoir la réputation de « dinosaure du rock ». 

« Beaucoup de groupes punk avaient le même âge que nous », dit Bromham, « et bien sûr, les Stranglers étaient encore plus âgés. Les Clash aussi, je crois. (En fait, Joe Strummer, leur membre le plus âgé, est né un an après Bromham). Mais nous nous sommes retrouvés fermement à l’écart de ce qui se passait, et avant que nous le sachions, les offres de concerts se sont taries. »

Après s’être séparés de Wilf Pine et à la recherche d’une solution rapide, les liens de Stray avec la pègre allaient s’intensifier avec l’engagement de nul autre que Charlie Kray comme leur prochain manager. L’aîné de la fratrie du duo de gangsters Ronnie et Reggie, Kray avait été un agent du showbiz dans les années 60, mais fraîchement sorti de prison pour avoir aidé à se débarrasser du corps de Jack « The Hat » McVitie, l’association avec Charlie a garanti au groupe une notoriété instantanée. 

« Ce n’était qu’un coup de pub, et nous avons fait la une de tous les quotidiens, mais cela s’est retourné contre nous » , regrette aujourd’hui Bromham, sans surprise. Le plan initial était qu’Arden lui-même les prenne en charge, mais après une rencontre fortuite dans le bureau d’Arden à Wimbledon, l’accord improbable a été conclu.

 « Comme moi, Charlie était venu voir Don, mais Charlie n’attend personne et au bout d’une heure, il s’est rendu compte qu’on nous donnait des réponses évasives », se souvient Bromham. « Nous avons donc discuté pendant que je le conduisais chez sa mère à Bethnal Green. » 

Le marché conclu, il n’a pas fallu longtemps pour que les choses changent. « Le premier soir de notre tournée, à Scarborough, le manager du club est entré dans le vestiaire et a demandé : « Est-ce qu’on s’attend à des problèmes ? ». Des policiers en civil avaient débarqué. Les autres groupes étaient terrifiés par nous. Tout est devenu incontrôlable. Pendant un moment, il y a même eu une rumeur stupide selon laquelle nous en venions aux mains avac les groupes qui ouvraient pour nous. »

Stray a sorti un autre album, le sous-estimé Hearts Of Fire, et a fait la première partie de la tournée britannique de Rush à la mi-1976 – le batteur Neal Peart était devenu un fan du groupe alors qu’il vivait dans le quartier londonien de Hammersmith – mais à la fin de 1977, submergés par les assignations, les dettes et le bagage artistique perçu, ils ont donné leur dernier concert au Boat Club de Nottingham.

Il y a eu plusieurs réunions au cours des années 1980, y compris une période sans Bromham, qui a formé un groupe éphémère avec l’ancien leader de Heavy Metal Kids, Gary Holton. Bromham est revenu un an plus tard et Stray a été brièvement rejoint par Gadd en 1984, avant de se séparer à nouveau. 

La valeur de Stray a augmenté de façon incommensurable en 1990 lorsque Del a reçu un appel téléphonique de Steve Harris. Le bassiste d’Iron Maiden voulait savoir si son propre groupe pouvait reprendre « All In Your Mind en tant que face B » de leur  « single » « Holy Smoke ». 

« Quand Steve a appelé à l’improviste, j’ai cru que c’était une blague « , raconte le guitariste. « On s’est retrouvés pour boire un verre et on a fini par devenir de bons amis. » 

Maiden a ensuite invité Stray à faire une tournée européenne avec eux en 2003, et Lauren, la fille de Steve, a repris, « Come On Over » qui figurait sur Mudanzas sur son premier album. 

Au cours des deux dernières décennies, Del Bromham a patiemment reconstruit le nom de son groupe. « Certains artistes de mon époque pensent encore qu’on est en 1972, qu’ils peuvent simplement rentrer dans une salle et qu’elle sera pleine », commente-t-il. « Je suis là pour leur dire que ce n’est pas le cas ». 

Le catalogue de Stray reste une mine de trésors inconnus (bien que parfois défectueux), mais la remasterisation de leurs huit premiers albums par Castle Music en 2007 a donné un coup de pouce bienvenu à leur visibilité. 

Le groupe a pu travailler avec le producteur Chris Tsangarides, nommé aux Grammy Awards, sur leur dernier album studio, Valhalla (2010), dont la soirée de lancement a vu une réunion spontanée avec Pete Dyer et Steve Gadd, sous le regard de Gary Giles depuis le bar. 

En fin de compte, la diversité de Stray s’est avérée être à la fois une bénédiction et une malédiction. « Les gens sont déroutés en voyant ce groupe de hard rock bruyant sur scène, mais quand ils ont reçu nos albums chez eux, ils comportaient souvent des chansons acoustiques », souligne Bromham. « En tant que fan des Beatles, c’est quelque chose dont je me félicite. 

Bromham conserve l’énergie et le dynamisme d’un homme qui a la moitié de son âge – mais il n’a pas l’intention d’arrêter tout de suite. « Je suis le dernier membre restant du groupe original, et la raison pour laquelle je continue à faire ça est très simple : Je n’ai jamais voulu faire autre chose », déclare-t-il fièrement. « Je jouerais dans le salon de quelqu’un pour rien tant qu’il y a des gens qui veulent encore entendre des chansons ».

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