Il y a quelques mois, le combo belge Briqueville avait sorti un brillant disque, Quelle un opus qui explorait la vacette doom des choses. Aujourdhui, d’Outre-Quiévrain agalement, Alkerdeel nous présente, avec leur disque Slonk,du doomy black metal de la même engeance.
En écoutant Slonk, on remarque clairement à quel point le groupe plonge tête baissée dans des « symphonies » de type ouragan et à quel point il réfléchit à ses chansons. Cela devient évident lorsque vous regardez la durée des quatre morceaux et chaque composition est exactement aussi longue qu’elle doit l’être, ce qui signifie que nous ne pouvons pas parler de doom metal ou de black metal seuls mais d’un mélange des deux.
Les chansons sont souvent centrées sur une combinaison intéressante de riffs rapides qui sont à la fois durs et ouverts, mais être un simple groupe de black metal n’est pas suffisant pour le quatuor de Gand, qui évolue de plus en plus vers un son de type nouveau Seattle, ile label Sub Pop et les groupes qui l’entourent et qui ont dominé la scène hard rock à la fin des années 80 et au début des années 90, Gand semble être l’endroit où il faut être pour tout ce qui se situe entre le drone ambiant et le black metal ; et Alkerdeel est une partie importante de cette scène depuis plus de 15 ans maintenant.
Slonk est leur quatrième album après un Lede datant de 2016. Il met en scène un groupe qui essaie de défier son public en ne lui donnant rien de à la mode et de repos ou de paisible, ce disque n’est pas du blackgaze ou de l’atmo-bm, c’est dans votre face dans un sens qu’il ne faut pas écouter si vous ne voulez pas être littéralement pris d’assaut ! Le groupe est capable de changer très subtilement le rythme d’une chanson en prenant lentement un cran ou deux sans que l’auditeur s’en aperçoive – un bon exemple serait le morceau d’ouverture « Vier » qui passe d’un morceau très ambiant à un monstre de malheur et se termine ensuite par une cascade de black metal de riffs de combat et de blastbeats. Le groupe intègre également beaucoup de grincements et de bourdonnements dans ses chansons, ce qui lui donne une sorte de ressemblance avec un groupe comme Gnaw their Tongues, avec lequel il a déjà sorti un album en collaboration. Slonk montre qu’Alkerdeel n’est qu’une unité soudée après 15 ans de collaboration et il ne faut pas s’en étonner mais la précision dont on peut être témoin sur ce disque est vraiment impressionnante.
Cependant, lorsque l’on parle des disques d’Alkerdeel, il ne faut pas oublier de parler des paroles et du concept qui se cache derrière le disque. Les paroles ne sont pas compréhensibles – et ce n’est pas à cause des cris de Pede mais à cause de quelque chose de très particulier : ils utilisent un dialecte de leur Belgique natale et, comme si cela ne suffisait pas, ils utilisent l’ancienne forme de ce dialecte, le genre de mots utilisés par les anciens – comment quelqu’un en dehors de ce groupe de personnes devrait-il avoir une chance. Et pour couronner le tout, Pede aime aussi utiliser des mots très ambigus pour rendre le tout encore plus inaccessible. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas une sorte d’idée derrière Slonk. Le disque parle des quatre éléments « Vier, Eirde, Zop, Trok » (Feu, Terre, Eau et Vent) et tout est entremêlé avec une sorte de mysticisme qui a trait à une langue développée au 16ème siècle par l’écrivain anglais John Dee qui s’appelle Enochian Key. John Dee utilisait cette langue dans ses journaux et disait que l’angélique était la langue que Dieu parlait avec ses anges et qu’Adam l’utilisait pour nommer tout ce qui se trouvait sur terre. Le journal montre certains éléments d’Enochian Key tels qu’interprétés par l’artiste qui a créé des illustrations pour représenter chacun des éléments en conséquence. En regardant ces illustrations, on sait tout de suite qu’elles représentent la parole ou les mots, mais quelle langue, quels mots, quel code – cela reste caché. Et comme l’a dit le chanteur Pede dans une interview, c’est ce qui caractérise Alkerdeel : cacher des choses dans leurs chansons. Eh bien, on peut cacher beaucoup de choses sous ces cacophonies brillamment arrangées.
Alkerdeel montre une fois de plus que le black metal belge ou néerlandais est parmi les plus intrigants et que ce quatuor est l’un des plus intrigants du lot, parce qu’il demande beaucoup d’attention tout en vous donnant quelques petits trucs à mâcher qui s’avèrent ensuite si savoureux et amicaux que vous ne pouvez que les ronger jusqu’à ce que vous puissiez en tirer une conclusion sur ce que vous êtes en train de digérer pour vous-même. Si c’est ce que le groupe avait l’intention de faire ? On ne le saura probablement jamais, mais cela ne fait-il pas partie du jeu ? ! Si, ça en fait partie ! Ou pas ? Ne demandez pas à Alkerdeel.
***1/2