Philary est le projet solo d’Alex Molini (Pile, Jackal Onasis, Stove), qui, ici, cultive un savant mélange de lourdeur et d’harmonie avec ce I Complain. Molini mélange des riffs boueux et graves avec des lignes vocales accrocheuses et mélodiques (avec l’aide de Becca Ryskalczyk de Bethlehem Steel) ; c’est une combinaison gagnante, et pourtant elle est interprétée d’une manière fringante que l’on entend rarement dans un tel registre. Les morceaux sont denses, avec des moments de légèreté entremêlés. Chaque chanson est juste assez longue pour articuler une idée, pour attirer notre attention, mais elle est suffisamment succincte pour maintenir l’élan de l’album, un élan qui est apparent dès le premier morceau et qui ne se démentira pas.
Le disque commence par « The Unclearness is Very Clear », une ode à l’incertitude à laquelle les artistes sont constamment confrontés. Pourtant, malgré lambivalence des paroles, les riffs du morceau le font avancer dans ce qui semble être un acte de détermination et de défi. Ce schéma se répète tout au long du disque ; des thèmes impliquant le changement et l’anxiété persistent dans les paroles et sont avalés par la densité des riffs qui les entourent, aidés par les lignes vocales chargées d’émotion.
Malgré la nature de ces thèmes, il est difficile de lire l’acceptation d’une défaite dans l’écriture des chansons de Molini. Au contraire, les morceaux sont comme un aconsentement et une tentative de donner un sens aux manières étranges, dures, humoristiques et imprévisibles dont la vie nous touche. Le dernier morceau, « Yay, Let’s All Go », semble plus optimiste que tous les autres, il ne ressemble pas nécessairement à une fin. Lorsqu’on coute l’album plusieurs fois de suite on arrive parfois à la troisième ou quatrième piste avant de réaliser qu’elle est terminée et qu’elle a recommencé. Cela se fait tout seul et rappelle que ces sentiments – qu’ils soient de peur ou d’espoir – sont cycliques.
I Complain est frais et passionnant, même maintenant, quelques mois après sa sortie. Outre son contenu émotionnel, c’est un disque monstrueux et très amusant à écouter. Malgré sa lourdeur inhérente, il suscite toujours beaucoup de joie. C’est un disque à écouter quand on a besoin d’un remontant et, à cet égard il pourrait bien véhiculer le son cathartique idéal dont nous aurons envie lorsque lnous pourrons, à nouveau, profiter de la musique en direct ensemble.
***1/2