Spiritualized: « Everything Was Beautiful »

25 avril 2022

Les fans de Spiritualized ont probablement été attristés lorsque le leader du groupe J. Spaceman (alias Jason Pierce) a révélé que And Nothing Hurt en 2018 pourrait être leur dernier, d’autant plus qu’il semblait un peu en retrait par rapport à son prédécesseur, Sweet Heart Sweet Light (2012). Mais une suite, Everything Is Beautiful, est maintenant là pour fournir une fermeture, complétant la citation de Kurt Vonnegut homonyme de l’album dans le processus et reprenant littéralement là où And Nothing Hurt s’est arrêté, avec une intro en code Morse reflétant l’outro de son prédécesseur. regroupe une multitude de genres et d’idées dans ses sept pistes, allant de la soul au rock en passant par le country, avec la contribution de plus de 30 musiciens et Spaceman jouant de 16 instruments différents. Spiritualized a toujours pris des risques avec sa musique, mais cet album va encore plus loin. Ces risques finissent par payer avec un album qui offre certaines des meilleures œuvres du groupe, les plus puissantes, tout en rendant hommage à certains de ses plus grands classiques.

Des morceaux comme « Let It Bleed (For Iggy) » et « I’m Coming Home Again » amplifient la palette sonore étendue et collaborative de l’album. Le premier se compose de couplets doux et sereins qui vont crescendo vers des refrains intenses remplis de tambours rythmés, de sons de trompette pénétrants et d’un riche chœur, rappelant la grandeur instrumentale de classiques de Spiritualized tels que « Shine a Light » et « Broken Heart ». Cette dernière, qui dure un peu moins de 10 minutes, clôt l’album en beauté. Il prend progressivement de la vitesse et de l’intensité tout au long de l’album, introduisant des couches et des couches de nouveaux sons et de nouvelles sensations à chaque seconde, y compris des riffs de guitare électrique brute, le son des sirènes de police et des percussions complexes, faisant passer sa longue durée à toute vitesse.

L’instrumentation orchestrale permet à l’album de couvrir un vaste terrain. De temps en temps, la grandeur musicale nuit à la voix de Spaceman, comme sur les titres entraînants et optimistes « Best Thing You Never Had (The D Song) » et « The A Song (Laid In Your Arms) », où les instruments prennent parfois le dessus sur la voix, mais ailleurs, la voix a le temps de briller. C’est peut-être plus évident sur la ballade country « Crazy », avec Nikki Lane. Bien qu’il s’agisse de l’un des morceaux les plus simples musicalement de l’album, il se distingue par ses paroles magnifiques et déchirantes, notamment un hommage à une chanson plus ancienne : « Et je sais que tu ne peux pas m’aimer maintenant, pas aujourd’hui / Toutes mes pensées sont pour toi / Mais j’espère qu’avec le temps, nous pourrons trouver un moyen / Dieu sait combien le temps peut être cruel » (And I know you can’t love me now, not today / All of my thoughts are of you / But I hope in time that we might find a way / Lord knows how time can be cruel.

Spiritualized a livré un autre grand projet avec Everything Is Beautiful, un incroyable mélange de genres qui met en avant des instrumentaux vraiment impressionnants avec des paroles convaincantes. Cette capacité à sauter d’un genre à l’autre, tout en gardant l’album cohérent, n’est qu’un des nombreux talents de Spiritualized.

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Secret Machines : « Awake In The Brain Chamber »

26 août 2020

En 2004, Now Here Is Nowhere a fait entrer Secret Machines sur la scène musicale grâce à un grand coup de poing rétro et à l’attrait futuriste du rock spatial par laser. Après quelques albums de rendements décroissants et le départ du guitariste Benjamin Curtis du groupe, puis une mort tragique, The Secret Machines s’est doucement éteint.

Aujourd’hui, ils reviennent avec Awake in the Brain Chamber : les membres Brandon Curtis et Josh Garza se sont regroupés et se sont associés à des amis d’hier et d’aujourd’hui pour nous offrir un disque de huit titres aux lignes épurées. Le duo a reçu l’aide des musiciens Chris Kyle, Brian Bisordi et Sarah Pedinotti, mais le plus important est peut-être que les chansons ont bénéficié de la contribution de Benjamin Curtis, qui a apporté ses réflexions, ses idées et ses lignes de guitare avant sa mort.

Ce n’est pas un secret, ces machines fonctionnent mieux lorsque les énormes coups répétitifs de Garza propulsent les cordes, les synthés et les voix interrogatives de Curtis, poussant le groove hypnotique complet à s’envoler avec une énergie de recherche à toute épreuve. Les morceaux plus lents ont tendance à diluer les forces du groupe et à user leur accueil, mais lorsque le groupe monte en puissance, ils sont généralement couronnés de succès.

L’album, avec « « 1,2,3,4,5 Let’s Stay Alive », démarre en poussant dans cette direction, mais le psycho-rock qui se déchaîne ne s’enflamme jamais sur la rampe de lancement. Des efforts tels que l’exaltante succion de « Everything’s Under » et la distorsion et le tambourinage insensé de « Dreaming Is Alright » réussissent mieux à exploiter la synergie cosmique du duo. Mais Secret Machines ne se contente pas de reprendre sa vieille formule, puisque « Angel Come » utilisera des basses pulsées, des envolées orgasmiques et des lignes de synthé/guitare tourbillonnantes pour perturber ses tropes typiques.

Le premier « single », « Talos’ Corpse », s’oriente vers un morceau plus moderne, avec des rythmes de synthétiseurs pour les boîtes de nuit, mais le titre, ennuyeux, ne passera jamais à la vitesse supérieure. Un meilleur morceau influencé par les années 80 sera « Everything Starts » qui se balance avec une lueur de néon alors qu’il flotte doucement autour des lignes de guitare de Benjamin Curtis.

Les deux morceaux qui clôturent le film intègrent les groupes que les Beatles adorent dans leur grand style de percussion, alors que « A New Disaste » » apporte une légère luminosité au mouvement des hanches, avant que « So Far Down » n’incorpore des cordes, un piano, des harmonies et une orchestration grandioses, mais s’arrête juste quand il semble que les choses vont exploser. C’est un changement notable sur le nouvel album, les jams plus allongées ont été tronquées, alors que Secret Machines pouvait parfois errer, les meilleurs moments de la carrière du groupe ont toujours été longs « « First Wave Intact », « Alone Jealous & Stoned ») donc si ces chansons sont un retour agréable, elles ne s’empilent pas à côté des moments forts du groupe.

Retrouvailles surprenantes, The Secret Machines ont ouvert avec succès une nouvelle décennie avec Awake in the Brain Chamber, un album de retour qui sonne comme un retour à la maison avec leurs sorties passées tout en peignant une voie d’avenir si le groupe continue à explorer son cosmos rock.

***1/2


Oh Sees: « Smote Reverser »

18 août 2018

John Dwyer est prolifique en matière de parutions mais aussi en tant que pourvoyeur de patronymes différents attribués à son combo ; Orinoka Crash Suite, OCS, Orange County Sound, The Ohsees, The Oh Sees, Thee Oh Sees, liste non exhaustive.

Ici ce sera Oh Sees, soit ! Dwyer a sorti, depuis 1977, plus de 20 albums et autant de EPs et de singles ; Smote Reverser changera la donne tout en maintenant toujours le même démarche quand il est question de pénétrer la « psychedelia ».

À cet égard, il importe peu que l’on aime ou non ses productions tout comme l’on considère comme un nouvel avatar inconséquent le fait que les premières salves de l’opus soient constituées d’un mur sonique si complexe qu’il semble impénétrable. « Sentient Oona » mêlera un Amon Düül II qui aurait rencontré Bony M et ce même schéma se reproduira avec « Enrique El Cobrador » et le single « C ».

L’odyssée se poursuivra alors et retrouvera des accents Kraurock avec les hypnotiques « Otherthrow » et « Last Peace » avant que la pierre angulaire ne se soidifie définitivement avec un « Anthemic Agressor », monstruosité de 12 minutes inscrivant Smote Reverser dans un freak out où free jazz et solos brûlants cohabitent aussi harmonieusement que possible avec mélodies délicates et climats moins tempétueux.

L’un ne prendra pas le pas sur l’autre et on aur , en conclusion, à l’oreille un disque qui ménagera riffs high tempo et vibrations garage rock ; un ovni qui pourrait s’apparenter à ce que donneraient Can, King Crimson et Deep Purple réunis ensemble aujourd’hui si caprice leur prenait de s’acoquiner en jam session début seventies.

***1/2


The Heaters: « Baptitisna »

9 août 2016

Ce trio de Grand Rapids, dans le Michigan sort ici un deuxième excellentissime album si on est adepte de cette propulsion qui ménage psychedelia façon Nuggets et space-rock délirant comme Hawkwind avait l’habitude de nous en proposer.

Baptitisna chevauche une ligne de crête qui s’évade dans des nébuleuses, celles du l’espace profond au moyen de riffs de guitares où la réverb semble être l’adjuvant principal. Émane, alors, de celle-ci une tonalité garage qui semble se perdre dans les trous noirs les plus lointains.

Les seuls points de repère seront des petites touches de surf pop, amalgamant de manière éthérée Byrds,Thirteen Floor Elevators, Creedence Clearwater, Dick Dale ou même Blue Cheer.

Les vocaux, accentuent une monotonie qui lorgne du côté de Sacemen 3 ou Jesus and Mary Chain ainsi, bien sûr, de Dave Brock et Robert Calvert. Ajoutons une section rythmique ancréee sur celle des Sonics et on obtiendra une épopée dans ces fossés labyrinthiques où l’on retrouvera Desert Mountain Tribe ou autres Myrrors.

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Pond: « Man It Feels Like Space Again « 

26 janvier 2015

Pond a toujours été un groupe de cosmonautes, et avec ce Man It Feels Like Space Again qui suit Hobo Rocket, ces affiliés de la mouvance Tame Impala font à nouveau profession de nous entraîner dans des promenades extra-terrestres bruyantes, flamboyantes et remplies de slap-bass ou de distorsions galactiques à chaque embardée que fera un sixième album vaniteux en diable mais doté de cette élégance qui ne peut que charmer.

Tout le disque suivre cette ligne de crête ; sur la chanson titre les percussions sont fracassantes mais ne font que simuler une intention sombre et « Medecine Hat », de la même manière, sera un faux blues galactico-vénusien à moins que ce ne soit ce dernier élément qui se déguise en minuscule chanson bluesy. Que dire alors d’une composition comme « Heroic Start si ce n’est qu’à force de boursouflures elle pourrait devenir une énorme flatulence, chose avec laquelle Pond s’amuse habilement ?

Le second degré, on peut penser que Pond joue avec constamment d’ailleurs si on considère une « Elvis’ Flaming Star » titre glam-rock tenant lieu également d’hommage au western Flaming Star où Elvis Presley tenait la vedette. Caution artistique aidant on trouvera même une slap-bass directement venue de Sly & the Family Stone et qui évoquerait un extra-terrestre interprétant une version avinée de « Dock of the Bay », bref une abondance de références culturelles qui ne nuisent pas tant elle sont avancées avec une finesse diabolique.

Le pastiche nécessite une certaine subtilité et Pond ont choisi de délaisser les longs solos de guitares pour une approche instrumentale plus nuancée du glam de mauvais goût. C’est là qu’intervient le kitsch, l’éloge de la désuétude semblable à un vieux film de science-fiction aux costumes ringards. Du début à la fin, Man It Feels Like Space Again est le véritable manifeste de ces moments, ceux où l’obsolète se pare de nouveaux habits toujours aussi étincelants.

***1/2


Comet Control: « Comet Control »

23 mai 2014

Il y a un peu plus d’un an que ces héros du psyche-rock canadien que sont Quest For Fire se sont déparés. Le guitariste vocaliste Chad Ross et l’autre guitariste Andrew Moszynski ne restèrent pas in,actifs très longtemps et ils recrutèrent très vite trois autres membres (basse, batterie, claviers) pour former Comet Control dont le premier album, éponyme, semble prendre les choses là où elles en étaient restées et vouloir les pousser encore plus loin.

Le quintet a un art indéniable à mélanger l’agressif et le trippy, ceci même au sein d’une unique composition. Celles-ci courent donc le long de toute la gamme de ces explorations soniques fondées sur le délire et allant jusqu’au les explosions psyche-rock les plus lourdes. C’est cette habileté à le réaliser sans faillir qui fait de Comet Control un groupe spécial.

Comet Control s’ouvre sur « Black Magic », un titre épique de huit minutes comportant guitares fuzz appuyées alternant avec des parties plus douces et des solos qui semblent vouloir viser les cieux les plus inatteignables. « Future Forever » et « Century » sont des rockers arrogants avec une rythmique frénétique et toujours ces éternrelles guitares fuzz maniées comme s’il s’agissait de lancer des bombes.

Enfin, « The Soft Parade » sera un autre exemple de l’imagination du groupe avec des riffs noueux contrastant avec des solos toujours aussi aériens tout comme sur le boogie aveuglant qu’est le spacey « Ultra Bright ».

Les aspects les plus « trippy » du groupe se retrouveront sur « For The Haze » et « Hats Off To LIfe » ; le premier avec une batterie robotique accompagnant des guitares étincelantes et en fusion alors que le deuxième, lui, semble avoir pour mission de se diriger vers l’espace le plus éloigné.

Si vous voulez embarquer pour une telle destination, Comet Control est fait pour vous. C’est un disque exemplaire de dynamisme conjugué à des refrains accrocheurs. Il suffirait d’ailleurs de bien peu d’écoutes pour qu’on se mette à souhaiter ne plus jamais redescendre.

***1/2


Bardo Pond: « Peace on Venus »

25 novembre 2013

Quand de nombreux groupes tournent timidement autour du pot quand il s’agit de dire à quel point la prise de drogues a pu influencer leur musique, nos vétérans « stoners » et « space rockers » de Bardo Pond ne se privent pas, depuis 1991, de noter, combien les hallucinogènes constituent une raison d’être au travers de leurs albums. Ceux-ci empruntent souvent leurs titres à des champignons dont on devine la nature (Amanita), autres éléments psychoactifs (Bufo Alvarius, Amen 29:15) et des projets parallèles nommés 500mg, Hash Jar Tempo ou LSD Pond.

On comprend qu’avec ce type de références Bardo Pond n’est pas le genre de groupe qui passera sur des programmes grand public mais que, si vous avez de vous projeter librement de votre sofa vers le cosmos et d’avoir l’impression de vous réveiller d’un « trip » au milieu d’une forêt, écouter ce neuvième album de ce quintet originaire de Philadelphie sera pour vous.

Peace on Venus sera, en effet, une assez bonne approximation sonique de ce type d’expérience même si l’impression première (5 morceaux) pourrait sembler vous laisser sur votre faim. Sachant néanmoins que le titre le plus court, « Taste », dépasse les cinq minutes et que les deux compositions les plus longues (les kaléidoscopiques « Chance » et « Before The Moon ») terminent le disque sur une durée de 11 minutes environ chacune on entrera facilement dans ce qui nous est proposé : les vocaux plaintifs et la flûte trippy de la chanteuse Isobel Sollenberger, les grandes envolées de guitares en « freeform » de Michael et John Gibbons ainsi que les rythmiques martelées de Jason Kourkonis à la batterie et les lignes de basse stupéfiantes de Clint Takeda.

Si on devait emprunter une phrase iconique pour l’appliquer à Bardo Pond, ce serait une expression de Spacemen 3 : « Prendre de la drogue pour faire une musique vous donnant envie de prendre de la drogue. » Bardo Pond peut clairement s’y référer depuis 22 ans ; il n’est que d’écouter la distorsion et le feedback de « Fir » pour avoir l’équivalent auditif d’une recréation du big bang.

★★★☆☆

White Hills: « So You Are…So You’ll Be »

29 septembre 2013

Un disque qui débute, dès la plage deux, par une guitare frappée de manière chaotique (« In Your Room »), le psychédélisme propulsif qui accompagne la chanson titre ou la menace glaçante et industrielle qui jalonne « Circulating » ; So You Are…So You’ll Be des New-Yorkais de White Hills réclame toute l’attention que des jams de guitares de sept minutes jouées plein volume peuvent solliciter.

Comme sur leur disque précédent, Frying On This Rock, le chanteur guitariste David W. a recruté l’ingénieur du son Martin Bisi (Sonic Youth, Swans) pour aller encore plus loin dans l’aspect abrasif qu’il souhaite conférer à son « space rock ». « Rare Upon Earth » par exemple sera un titre où la guitare explosive mettra vos tympans à rude épreuve, circonvolution musicale qui flirtera avec le pandémonium de Frying on this Rock ou du disque qui le précède, H-P1, et « Forever In Space » pourrait aisément passer pour une collaboration déchiquetée entre les Stooges et Mudhoney.

Le disque recèlera pourtant des moments d’accalmie où l’anarchie se fera moins hirsute. On aura droit à des pulsations plus calmes. Les bips tout droit issus de jeux vidéos (« InWords », « Outwords ») sont plus des passages de remplissage que des éléments notables mais ils démontrent que White Hills savent aussi bien maîtriser la tempérance que la frénésie. À ce titre, « The Interior Monologue » sera emblématique du dépouillement (recueillement?) auquel le combo peut parfois aboutir, avec des synthés sous-jacents et un feedback fascinant . La basse presque laborieuse de « MIST (Winter) » et ses guitares sinueuses flirteront avec le stadium rock ; nouvelle et timide incursion vers d’autres univers où les ombres de Hawkwind disparaitront au profit de pratiques moins stroboscopiques.

★★★☆☆

The Octopus Project: « Fever Forms »

31 juillet 2013

The Octopus Project a autant de cordes à ses guitares qu’un poulpe peut avoir de bras. Technophiles consacrés sans pour autant faire de la techno, sorciers de l’électronique sans verser à fond dans l’electro, piliers du rock sans nécessairement en abuser  ; la musique du quatuor ressemble à un kaléidoscope qui, depuis 14 ans, a écumé une gamme insensée mais soigneusement organisée d’explorations visuelles et soniques hautement énergétiques.

Leur problème a été, jusqu’à lors, de parvenir à transférer sur disque la vibration que leurs concerts émettaient. C’est, en partie, ce que réussit à faire Fever Forms, leur cinquième album. L’entrée en matière, «  The Falls  », est significative avec son duel de guitares explosif se disputant la suprématie de leurs riffs respectifs et les 12 plages vont très vite nous entraîner dans un torrent de mélodies vocales tourbillonnantes, emplies de réverbérations et de textes psalmodiés. «  Pyramid Kosmos  » fait perdurer cette prédilection à la folie en y incorporant un synthétiseur entreprenant et agressif scandant le rythme des percussions toute les huit mesures avant que celles-ci ne s’envolent dans les hautes sphères.

Le «  single  » «  Whitby  », nous fera brièvement retoucher terre avant que le voyage intergalactique ne reprenne avec le bref «  Unspool  » puis «  Choi Signs  » et «  Perhap  », un instrumental chargé de théramine, le plus ancien instrument électronique inventé en 1919. « Death Graduates », « The Mythical E.L.C. » et « Mmkit », eux, s’évertueront à dépasser, un peu comme Hawkwind et leur « space rock », la vitesse de la lumière et, pour prouver son éclectisme ravageur, le groupe se paiera le luxe de frayer aussi dans l’univers d’un optimisme, débridé lui aussi, que ce soit sur leur second « single » « Sharpteeth » ou sur la « power pop » de «  The Man with the Golden Hand ».

The Octopus Project démonte, avec Fever Forms, qu’il n’est pas qu’un projet mais qu’il est passé au stade de la réalisation, de la concrétisation voire, peut-être, de la consécration.

★★★★☆

Lightning Dust: « Fantasy »

28 juin 2013

Lightning Dust est le projet parallèle de Amber Webber et Joshua Wells qui voulaient explorer un aspect plus tranquille de leurs sensibilités, chose que Black Mountain ne leur permettait pas. Les deux artistes de Vancouver sont partis d’une musique folk fantomatique et on peu à peu évolué vers des éléments lui donnant plus de nerfs. Fantasy est leur troisième opus et il les voit s’orienter vers l’électronique tout en maintenant un côté étrange permis par des boîtes à rythmes et des synthétiseurs de la première génération et des restes exsangues d’instrumentation accentuant le tonalité lugubre de leurs compositions.

La première sensation qu’on éprouvera pourtant sera celle d’une accélération. « Diamond » se caractérise par un tempo vif et des synthés touffus mais, en dessous, on trouvera très vite un deuxième loop plus mesuré, évocateur d’un vaisseau spatial prenant de la vitesse dans un univers tordu. C’est un « sample » qui annonce l’immersion du duo dans des sonorités « spacey », celles-ci servant de carburant à l’album.

Fantasy sera donc un album calme, même si la voix de Webber et ses vibratos soyeux commandent urgence et insatisfaction.  L’amour tâche » se lamente-t-elle d’ailleurs à mi-chemin entre résignation et ironie et c’est précisément ce dernier élément qui est la clé de l’esthétique du duo.

Les passions sont excisées et balbutiées avec précaution et le jeu de Wells est en phase avec cette approche. Chaque rythme, chaque pincée de synthé est abordée de manière dépouillée comme si’il était question de les accueillir un peu un, tels des invités. « Agatha » est est l’exemple le plus affectant avec la voix douloureuse de Webber s’élevant au-dessus d’un Wurlitzer et des cordes larmoyantes qui s’effondrent dans la dissonance à la fin du morceau. « Moon » sera, lui, un chef d’oeuvre de minimalisme qui, pour une fois, aura la préséance alors que des plages comme « Fire Me Up » ou « Loaded Gun » seront deux incursions disco en la partie centrale de l’album.

Lightning Dust s’est donc débarrassé progressivement de tout ce qui pouvait être synonyme de rusticité et d’intimité au sein d’un feu de camp pour nous délivrer avec Fantasy un disque presque désinfecté de tout élément organique. Le son demeure néanmoins frais, la mélancolie, toute passée aux synthés qu’elle soit, demeure présente ; simplement elle se présente désormais sous des néons et des dance-floors qui la rendent encore plus frappantee. En définitive elle fait presque tâche dans un univers qui ne semble pas fait pour les humains.