David Cross & Andrew Keeling: « October Is Marigold – Electric Chamber Music Vol.3 »

5 mai 2022

Si vous aimez le rock progressif rapide, vous pouvez arrêter de lire cette critique car il s’agit cette fois de musique douce. October Is Marigold – Electric Chamber Music Vol.3 est le dernier album de David Cross et Andrew Keeling. David Cross a été actif au sein de King Crimson dans les années 70, et a régulièrement fourni plusieurs albums, seul ou avec d’autres musiciens. Andrew Keeling est un compositeur, producteur et arrangeur, chargé de cours à l’Université de Liverpool et au Royal Northern College of Music de Manchester. Il est un grand fan de King Crimson et un ami de longue date de Robert Fripp. Il est, avec Mark Graham, le co-auteur de la série de livres A Musical Guide to King Crimson. Ils ont déjà collaboré en 2009, lorsqu’ils ont sorti leur premier album commun English Sun, qu’ils ont interprété en live à plusieurs reprises.

La série de CD Electric Chamber Music a probablement débuté en 2006 avec Unbounded de David Cross et Naomi Maki (piano et voix). Il a été suivi en 2009 par English Sun-Electric Chamber Music-Vol.2 de Cross et Keeling. Les enregistrements pour October Is Marigold – Electric Chamber Music Vol.3 ont commencé en 2009. L’album n’a été achevé qu’en 2020 et est finalement sorti en 2021. Sur l’album, Cross joue aux violons et Keeling joue aux flûtes, à la guitare et aux claviers.

On dit que la musique du duo est basée sur l’improvisation, et pourtant les deux semblent trouver régulièrement ce qu’ils cherchent dans leur recherche spontanée de sujets et d’inspiration. Cross et Keeling échangent constamment les rôles d’accompagnateur et de soliste, ou font des solos ensemble, jouant autour et se complétant l’un l’autre. Les paysages sonores qu’ils créent ensemble ne relèvent pas exclusivement de la musique de chambre, de l’harmonie et de la beauté. Parfois, la tendance aux expériences sombres s’impose. Dans le cadre, cependant, une certaine diversité dans les arrangements s’impose. Par moments, le violon sonne très profond, rappelant davantage un violoncelle. Keeling aime passer de la flûte, du piano et de la guitare pour jouer en duo avec le violoniste. D’autres fois, il ressemble à Eric Satie lorsqu’il joue sur son piano.

La musique de ce disque est principalement dédiée aux ambiances automnales, tandis que English Sun se voulait le reflet des sensations estivales. En plus des instruments conventionnels utilisés, on trouve parfois des enregistrements dits de terrain, qui contiennent les sons purs de la nature. En plus des ambiances romantiques et sombres, l’album offre une certaine mélancolie automnale.

En général, cet album est presque une heure de sons inhabituels, assez difficiles à classer. Il s’agit d’une musique instrumentale pour un auditeur exigeant, mais elle fait vibrer les cordes de la sensibilité et, à sa manière, peut évoquer les attributs d’un paysage d’automne. Mais je pense certainement que le jeu de ces musiciens très expérimentés trouvera son chemin vers certains auditeurs. Surtout ceux qui ont un esprit ouvert, et surtout des oreilles grandes ouvertes pour des solutions sonores ambiguës et loin d’être simples, combinant des éléments de différents styles.

L’album est assez sombre, lugubre et dépressif, ancré dans les structures du jazz moderne et de la musique contemporaine, du rock cross-over, avec même des influences orientales, avec de nombreuses marques de musique de chambre et un peu de folk romantique avec des rythmes répétitifs, souvent assez monotones. On trouve ici et là des éléments de rock progressif ou des traces de jazz-rock.

***1/2