Un critique avait dit, à propos de Transformer de Lou Reed : « Après l’avoir écouté, on devrait avoir envie de prendre une bonne douche. » Il n’avait pas tort et les vibrations suffocantes qui s’échappent du Electric Ballroom de Ava Luna ne peuvnt que susciter des sensations similaires.
Voici un album enveloppé par la fumée des cigarettes, l’odeur pesante du bourbon et qui semble destiné à être la bande-son accompagnant ces clubs glauques pour gentlemen ouvert à toute heure de la journée et de la nuit.
Néanmoins, alors que Electric Ballroom adopte la démarche arrogante et blasée de ses prédécesseurs, il ne parvient pas à asséner le coup fatal qu’on aurait été en droit d’espérer. « Deaydream » est une des chansons d’ouverture les plus trompeuses qu’il nous est donnée d’entendre : c’est un titre punky, et funky aux rythmiques fuyantes pas véritablement représentative des vibrations soul et R&B du reste de l’album.
« Crown And Judy » sera d’ailleurs révélateur des défauts du disque : les voix masculines et féminines se complémentent harmonieusement avant de conclure le titre sur une cacophonie de bruits. Quand Electric Ballroom se veut un opus dont le flot sans efforts est censé véhiculé une certaine arrogance, ce genre de morceaux trébucheront comme autant de faux-pas mal calculés, un peu comme si le pied R&B ne dansait pas sur le même beat que celui alimenté par le punk.
Malgré ce manque de coordination, une bonne partie du disque fait preuve d’une assez belle assurance : le shuffle des rythmes latins et la guitare espagnole de « Aquarium » ou les vocaux somptueux de « PRPL » qui témoigneront de la prouesse vocale dont est capable Luna quand elle est sur un terrain solide.
Au bout du compte, Electric Ballroom s’avèrera un disque incertain, oscillant entre deux styles musicaux contrastant entre eux, et dont la douche qu’il réclame à la fin de son écoute ne sera pas aussi décapante que celle issue du disque de Lou Reed.


