Turnover: « Myself in the Way »

8 novembre 2022

Que vous l’aimiez ou non, Peripheral Vision est tout ce qui compte vraiment pour Turnover. Peu importe ce que vous pensez de l’album NOTSHOEGAZEHOWDAREYOU sorti en 2015, son existence même est destinée à financer leurs chapeaux à godets et leurs champignons dans un avenir proche. Bien sûr, les setlists de Turnover peuvent saupoudrer quelques morceaux des machins musicaux qu’ils ont sortis après Periph, mais il est difficile d’imaginer qu’un public préfère ces trucs à des titres comme  » Cutting My Fingers Off « ,  » Take My Head  » ou  » Humming « .

Ceci étant dit, Good Nature a été assez impressionnant en étant à la fois facile à écouter et légèrement irritant, en grande partie grâce à un son de guitare qui s’appuie trop sur le thème de la nature en ressemblant à un putain de moustique. De même, Altogether a compensé de manière experte l’ajout d’éléments intéressants (lire : des synthés) aux chansons de Turnover par une écriture totalement ennuyeuse, rendant l’ensemble du disque oubliable et finalement jetable. Trois ans plus tard, c’est l’heure de Myself In The Way ! Où se situera cet album dans la discographie de Turnover ?

La façon la plus simple de répondre à cette question est peut-être d’utiliser l’un de nos images préférés, celle d’un lémurien pixellisé assis sur une branche accompagnée d’une voix disant « idk man, sometimes I don’t want to move it move it ». En fait, Myself In The Way est un autre lot de morceaux ennuyeux que le groupe a concocté parce que les bonnes gens de Run For Cover Records ont besoin d’être nourris eux aussi. Il est rempli de synthés qui n’apportent pas grand-chose (sérieusement, imaginez à quel point « Wait Too Long » aurait été légèrement meilleur sans cet d’autotune qui aurait été plus utile lors de la session Audiotree en 2015 . Alors que la présence de Brendan Yates sur Myself In The Way est amusante pour une confusion Turnover/Turnstile supplémentaire, la décision de faire contribuer le chanteur de Very Hype à une outro ennuyeuse pour une chanson ennuyeuse est courageuse.

De temps en temps, l’engagement de Myself In The Way dans l’ennui mène à une musique agréable. « Bored of God/Orlando  » est adéquatement rêveur et incorpore ses synthés dans la chanson plutôt que de les plaquer par-dessus. Ailleurs, ‘Ain’t Love Heavy’ réussit à être un morceau vibrant et dansant, en grande partie grâce à un featuring de Bre Morell qui vous permet d’oublier qu’il s’agit d’une chanson d’un groupe qui avait l’habitude de faire de la musique qui semblait s’intéresser à, euh, quelque chose. Ne vous méprenez pas, on est heureux que Turnover n’ait plus à se soucier de quelque chose. Tant mieux pour eux. C’est juste que on se moque de leurs trucs qui ne se soucient pas de se soucier… Parfois, on na pas envie « de bouger, de bouger ».

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Pip Blom: « Boat »

6 juin 2019

Pip Blom est un combo néerlandais qui, peu à peu, commence à faire parler de lui scène indie rock européenne. Le quatuor composé de deux filles et de deux garçons mené par la pétillante chanteuse Pip ainsi que son frère guitariste Tender a, en effet, à prouver que qes premiers E.P.s n’étaient pas un feu de paille at que le véritbale épreuve du feu, à savoir un premier album, était essentielle.

Sur Boat, la recette idéale era celle de compositions indie rock aux douces saveurs lo-fi facon 90’s, le tout associé à des riffs grungy et au chant entraînant de Pip. Résultat des courses, on assistera à une vague de fraîcheur à l’écoute des morceaux comme l’introduction « Daddy Issues » qui donne le ton sans oublier « Say It », « Bedhead » et autres « Tinfoil ».

Le quatuor hollandais se complète à merveille et on sent qu’ils ont digéré les disques de Sleater-Kinney et de Regina Spektor des tout débuts surtout sur « Don’t Make It Difficult ».

L’esprit vivace est là et on ne s’ennuiera jamais une seconde à l’écoute de l’album. Que l’on tape du pied ou que l’on se laisse entraîner par ces mélodies accrocheuses que sont « Ruby », « Sorry » et « Aha », ce premier album abouti et cohérent va droit au but comme il se doit. Au final, Pip Blom confirme bien qu’il reste un espoir de la scène indie européenne avec ce Boat bincisif et mordant.

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Local Natives: « Violet Street »

2 mai 2019

Avec Sunlit Youth l’opus de Local Natives paru en 2016 , ce retourà un climat plus jovial et synthétique du combo de Silver Lake n’avait pas convaincu bon nombre de ses pairs. Suite à cela, les membres du groupe se sont émancipés chacun de leur côté dont Kelcey Ayer qui avait présenté son side-project, Jaws of Love.

Désormais reformé, le quintet espère revenir plus en forme avec un quatrième album,Violet Street.

Abandonnant les ambiances positives, Local Natives (accompagné de leur producteur Shawn Everett qui avait officié sur les disques de Kacey Musgraves et Alabama Shakes) revient aux bases de leur musique qui fut, à son origine, passionnante et poignante. Dès les premières notes de « Vogue », on sent qu’on aura affaire à une volonté d’euvrer dans le grandiose, que ce soit les interprétations touchantes de Kelcey Ayer ou les arrangements sur mesure menés au piano et aux cordes. On restera égalementantois à l’écoute des exubérants « When Am I Gonna Lose You » et « Megaton Mile » plus chaleureux qui voit le quintet californien de retour dans sa zone de confort.

Entre deux compositionss intenses résident tout de même quelques moments de curiosité qui ne sont pas à ignorer comme le midtempo soul chaloupé de « Café Amarillo » ou le crescendo dramatique de « Someday Now ». Local Natives donne ainsi l’impression de revisiter ses deux premiers disques afin d‘en extraire un melting-pot audacieux et solennel riche en sensations en tous genres. Cela donnera alors d’autres trouvailles mémorables comme l’intervention des cuivres sur le percussif « Shy » ou l’apparition des cordes sur « Garden Of Elysian ».

Après un triomphal et explosif « Gulf Shores », le retour à l’intimité sera plus que le bienvenu avec la sombre et bouleversante ballade qu’est « Tap Dancer » qui clôturera ce Violet Street sur une très bonne note avec une fois encore, une fois la prestation exemplaire de Kelcey Ayern. En explorant ainsi ces divers horizons musicaux, Local Natives brille enfin un peu plus en faisant de Violet Street le signe d’un retour en puissance qui mérite d’être salué.

***1/2


Sad13: « Slugger »

4 janvier 2019

Sadie Dupuis est la tête pensante de Speedy Ortiz considéré comme l’un des meilleurs groupes indie de Boston. Près quelques quelques amuses bouches sous forme d’un EP et de remixes, l chanteuse/guitariste s’offre une petite virée en solo sous le nom de Sad13 tet d’un album nommé Slugger.

Comme les autres artistes de sa trempe qui se lancent en solo, Sadie Dupuis s’aventure dans de nouveaux horizons musicaux. Ici, elle troque les compositions indie rock/grunge des années 1990 pour se lancer dans une subtile mélange d’électro-pop et de R&B alternatif. Le résultat est d’assez bonne facture car elle ne tombe dans le lourdingue et priésible avec des titres efficaces comme « <2 », « Fixina » et autres « Get A Yes » où les guitares sont mis en retrait au profit des synthés et autres gadgets électroniques. Avec des textes transpirant la réalité et le vécu de la jeune femme qui venait de sortir d’une relation abusive auparavant et pour qui on n’a aucun mal à ressentir de l’empathie (« Devil In U »).

Musicalement, on est à mille lieues de Speedy Ortiz mais ça fait toujours autant de bien d’entendre une membre du groupe toucher des influences musicales bien différents. En rappelant les meilleures représentantes en tant que pop actuelle comme Charli XCX ou encore Santigold avec « Just A Friend » et « Tell U What » elle se fraie une nouvelle persona mais, pour les plus nostalgiques, elle sait toujours faite apprécier ces guitares en premier plan sur les titres grunge « Line Up » et « Hype » ou se font quelque peu plus soft comme le très bon « The Sting » résolument Speedy Ortiz dans sa construction musicale.

Avec l’électro en plus Sad13 ose s’approcher du monde du hip-hop en conviant l’inconnue mais talentueuse rappeuse/productrice Sammus à poser un couplet bien détonnant sur la conclusion girl power qu’est « Coming Into Powers ».

En résumé, Slugger est un album aussi bien surprenant que passionnant de la part d’une artiste qui semble bien assurée dans tous les genres qu’elle aborde avec une pétulance qui est une véritables bouffée d’oxygène.

***1/2