Une question s’impose d’emblée pour ceux quiont beaucoup aimé le premier album de Band Of Skulls, Baby Darling Doll Face Honey, mais qui n’ont pas trouvé leur compte dans leurs productions suivantes : revient-on, avec Love Is All You Love, au blues-rock cru et énergique, sorte de rencontre entre The Bvlack Keys et Led Zeppelin, qui caractérisait le groupe à l’origine ? Eh bien, non. Si c’est que l’on cherche de la part du groupe britannique, ce nouvel opus risque peu de satisfaire ; par contre, si on apprécie le rock aux accents plus pop, les radios commerciales tout comme l’auditeur desdites musiques y trouveront leur compte tant Love Is All You Love flirte en grande partie avec ce second genre et y inscrit même ses meilleurs moments.
Dès son deuxième album, Band of Skulls avait pris un virage hard rock, taillant sa musique très années 1970 pour s’assurer quelques tubes radiophoniques. Avec Love Is All You Love, le groupe prend un nouveau tournant : les guitares deviennent moins incisives, la batterie est plus carrée, les synthétiseurs occupent plus d’espace, et les refrains prennent toute la place, insistant systématiquement sur des lignes courtes, répétitives, mais très accrocheuses. En résulte un album techniquement irréprochable, mais inégal, péchant par un manque flagrant d’originalité.
Le disque s’ouvre sur « Carnivorous », morceau qui tente péniblement d’exploiter des sonorités arabisantes. S’articulant autour d’un riff de guitare très stéréotypé, la voix n’arrive pas à prendre sa place, les meilleurs moments du morceau étant les puissants punchs qui le ponctuent. Dès le second titre, on reviendra toutefois en territoire un peu plus familier avec un « That’s My Trouble » qui prendra une tangente plus rock et investira le type de rythmique un peu molle qui caractérisait le groupe à l’origine.
Il faudra donc attendre le troisième morceau avant que l’album décolle véritablement avec un la chanson-titre qui est assurément l’un des moments forts de l’album. On reste ici en terrain rock. Les harmonies vocales du refrain confèreront à la mélodie très accrocheuse une légèreté et une certaine richesse harmoniques qui redonneront du souffle à l’auditeur.
On continuera, lors des titres suivants, dans cette même lancée hard rock, pour, ensuite, enchaîner avec la très radiophonique « Cool Your Battles » et sa batterie qui martèle les temps, ses larges accords de synthétiseurs et son refrain classique constitué de « ouh ouh », nous faisant entrerdans un territoire résolument pop qui établira le ton pour la suite de l’album, et le rock bluesy étant définitivement mis en retrait.
Ponctué seulement par la balade « Sound of You », le reste du disque installera une pop aux accents rock qui s’avèrera d’intérêt variable et constellés de clichés comme « Speed of Light ». Nettement plus intéressante, « We’re Alive » sera traversée par un rythme et des harmonies de voix simple et efficace et « Gold » qui fera montre d’un riff de guitare un peu plus élaboré.
Love Is All You Love constitue un album plutôt inégal. Il met de l’avant les grandes qualités vocales de Russel Marsden et Emma Richardson. Ceux-ci arrivent à déployer quelques mélodies fort accrocheuses qui peuvent valoir le détour, malgré des compositions généralement très stéréotypées. C’est peut-être là ce qui manque à Love is All You Love : des interprétations un peu plus profondes, qui auraient donné un supplément d’âme à un album plutôt conventionnel.
**1/2