As It Is: « The Great Depression »

21 janvier 2019

As It Is est un combo qui revendique le faite de changer à chaque album ; mission réussie pour ce The Great Depression qui se présente en 4 parties ; étapes distinctes basées sur la romantisation de la dépression et autres maladies mentale mais surtout évolution qui voit le Anglais laisser tomber leurs penchants pop-glam pour évoluer dans un univers « emo » plus sombre et lourd. Il est vrai que le quatuor travaille en relation avec une association, Hope For The Day, qui fait de la prévention contre ce type d’atteintes mentales.

Sans parler d’album conceptuel, on peut noter que les trois titres d’ouvertures (« The Wounded World », « The Stigma (Boys Don’t Cry ») et « The Fire ») treitent de nos rapports aux réseaux sociaux et de cette absorption qui étend sa toile sur les générations d’aujourd’hui et déconstruite nos relations aux autres.

Musicalement, le quatuor s’emploie à varier les humeurs et à s’attacher à ce qui peut être source de réconfort en rajouter des touches personnelles de ci de là. II s’attaque aux clichés qui entourent, par exemple la masculinité, mais surtout ils savent varier les rythmes et puissances, que ce soit vocales ou instrumentales, afin de nous offrir une tracklist plus que diversifié qui ne nous laisse aucun répit.

Un des morceaux phares et qui se démarquent clairement du reste, est « The Reaper ». Le quatuor a réussi à réaliser un de leurs rêves et collaborer avec Aaron Gillespie, chanteur d’Underoath, groupe plus que connu de la scène metalcore. C’est le morceau le plus lourd niveau instrumental et vocal de l’album, qui amène un côté plus punk/métal.

Les deux chansons les plus chargées émotionnellement clôturent l’album sur des notes percutantes : « The Hurt, The Hope » et « The End » font toutes les deux parties de la dernière étape de la dépression, l’acceptation. Elles servent de constat à cette situation horrible dans laquelle on peut se retrouver, seul(e), sans aucune ressource, mais nous laissent, quand même, avec un message d’espoir, avec une très jolie transition entre les deux morceaux et une magnifique harmonie de voix sur le morceau de fin.

The Great Depression nous fait passer par tous les états d’ême que constitue cette souffrance ; il le fait avec beaucoup de décence, jalonne qu’il est par les métaphores qui y sont véhiculées. Comme album emo/punk il a toutes les chances de faire école.

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Kaleb Stewart: « Tropical Depression »

30 octobre 2018

Après un premier album folk résolument intimiste, Kaleb Stewart a décidé de revenir à des événements politiques et autres points tournants de sa vie, nourris par ses bases emo/pop-punk.

Le musicien de Gainesville en Floride se montre ici percutant et il n’hésite pas à balancer des textes cinglants et explosifs jetés à la face d’une Amérique qu’il perçoit comme agonisante. Notons, par exemple « 8th and 3rd », « No Angel » ou « Cinco de Mayo ».

Tropical Depression n’est sans doute pas un album tapageur mais il parvient, par ce retour en douce, à, mine de rien, réveiller, comme sur un « Politics At The Bar » tonitruant, des consciences politiques souvent singulièrement assoupies.

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Nai Harvest: « Hairball »

1 Mai 2015

Il est naturel qu’un groupe veuille graduellement changer son approche, c’est ce que fait Nai Harvest sur Hairball. Le duo de Sheffeiled abandonne ici ses tonalités « emo » et mélancoliques pour des riffs tapageurs et hyperactifs et des jams de type punk qui ne nous laissent guère le temps de reprendre notre respiration.

Alors que les fréquentes variations de tempo du passé apportaient une certaine complexité aux structures musicales, le parti pris est, ici, celui des percussions continuelles et implacables de Lew Currie et des vocaux intenses qui conviennent très bien au registre de Ben Thompson. Il y adopte un hurlement fuzzy et distordu rappelant des groupes comme Wavves et Cheatahs.

« Oceans of Madness » en est une des compositions les plus fortes, une pause brève au milieu de l’assaut sonique des autres, en embrassant un tempo ralenti bienvenu permettantdse prêtant attention à ses riffs et son chorus.

Hairball manque certainement de subtilité mais demeure un album engageant du début à la fin ; que demander de plus ?

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The Dads: « I’ll Be The Tornado »

25 novembre 2014

The Dads est un groupe « emo punk » qui avait fait ses armes sur le judicieusement nommé Pretty Good. I’ll Be The Tornado en est la suite parfaite avec un peu plus f’emphase mise sur la tragédie plutôt que la lamentation, tout en gardant une méthode DIY qui tentera de vous émouvoir d’une manière plus mélodique qu’à l’habitude.

La phraséologie punk est toujours là (« Sunburnt Jet Wings » et « Hold You Back » construisent un portrait élaboré à base de percussions massives et de constructions élaborées à la guitare) et le tout va se complémenter avec des vocaux agonisants qui vous percent comme du fil de fer barbelé.

Il n’y a pas que la cadence infernale qu’ils impriment à leurs titres qui les différencie d’autres combos. Ils sont capables de ralentir les tempos et de s’adresser à un mode plus « emo mélodique » comme sur « But »ou « Fake Knees », ballades exemplaires qui se terminent en un crescendo permettant à leur vocaliste Scott Scharinger d’aller au bout de ses poumons.

Cet équilibre est leur atout, des accalmies tranquilles au milieu d’ambiances bruitistes le tout miss en valeur par une production impeccable et des textes qui, si on en a la possibilité, permettent d’apprécier la véracité des émotions mises à plat.

I’ll Be The Tornado est un album qui réhabilite le courant « emo » ; il tisse une tapisserie émotionnelle complète et sans atours ni enjolivures. À ce titre, il serait dommage de ne pas être sensible au courant émotif qu’il s’efforce de véhiculer.

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Single Mothers: « Negative Qualities »

18 novembre 2014

Quelle différence existe-t-il entre la confiance et la haine de soi ? Pour le leader des Single Mothers, Drew Thomson, il y en a peu. Au travers de dix chansons punks enflammées et denses n’allant pas au-delà de 30 minutes, Thomson semble vouloir avec insistance commettre un suicide social de la manière la plus consciente qui soit. Il sillonne une terre délabrées peuplée de tout ce qu’il peut être merdique : anciennes petites amies, amis, gamins prétentieux et son propre cerveau. Tout cela va dans cette même et unique case et, pour chaque déflagration qu’il envoie, il en est une autre qu’il dirige contre lui.

« Sur Marbles » il déclame, comme si il était condamné à ne plus jamais chanter, être hypocrite et l’assumer tout en reconnaissant que c’est un handicap, exemple parfait de la raison pour laquelle l’album s’appelle Negative Qualities.

Malgré toute cette conscience qu’il a de lui-même, Thomson ne perd jamais trace de ce qui se passe autour de lui. En ce sens c’est un observateur talentueux et plein d’esprit quand il parle de rencontres avinées, de rendez-vous manqués et de conversations de bars qui ne mène à rien. On sent chez lui une verve, celle de quelqu’un qui aime être en colère contre la vie. Tout n’est pas amer pourtant ; une guitare montant en flèche comme sur « Ketamine » occultera le désespoir de ses textes auto-destructeurs et la basse crasseuse au début de « Crooks » débouchera sur l’élément émotionnel central de l’album et son interrogation sur la vie qu’il mène : est-il un branleur ou pas ?

À cette question il ne répond que vaguement en parlant des circonstances qui exigent parfois qu’il le soit mais on peut supposer qu’il a désormais appris à gérer la sombre vérité qui se tapit derrière lui.`

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