Behemoth sont un groupe de métal extrême polonais dont The Satanist est le 10° album. Double ironie, des textes très anti-religieux vu leur pays d’origine et leur nom signifiant la propagation de la parole de Dieu.
Evangelion, leur disque précédent, était sans compromis et rebelle, enfoui sous un mur de sons jusqu’auboutistes et résolument anti commercial.
Leur leader, Adam « Nergal » Deski, s’est retrouvé atteint par la leucémie en 2010, ce qui a toujours donné la sensation que le groupe possédait une perception singulière des choses de la vie et de la place que Behemoth avait dans la culture populaire.
Cela n’a pas empêché au combo, tout en gardant sa singularité, de percer dans un certain mainstream, Deski étant capable de parsemer ses textes d’un humour astucieux et d’un sens du commerce non négligeable.
Cela a fait de The Satanist un des disques de « metal » les plus attendus et celui-ci se distingue, dès l’abord, par un son radicalement différent. Deski relativise déjà sa maladie et ne s’entoure pas d’auto apitoiement, le résultat en est que le disque sonne comme celui de quelqu’un qui a plongé dans les abysses, en est ressorti et s’emploie à façonner une musique aussi peaufinée qu’il l’est possible.
Evangelion était donc dense et suffoquant, le titre d’ouverture de ce nouvel opus, « Blow Your Trumpets Gabriel » possède des nappes spacieuses où chaque instrument se distingue de l’autre avec une clarté tout cristalline.
Le mixage apporte une sensation de profondeur, un peu comme diverses couches sur la tableau d’un peintre, donnant ainsi un plus grand impact à la musique. Tout l’album possède alors un climat détendu en contrepoint de la thématique plutôt lourde. « Ora Pro Nobis Lucifer » est une chanson punk « laidback » (enfin relativement) et d’autres titres se font mémorables comme « In The Absence ov Light », l’incrotale « Ben Sahar » ou l’épique « O Father O Satan O Sun! ».
Il est évident que The Satanist est plus accessible sans pourtant céder à la facilité. Darski parvient à capturer l’intangibilité de notre condition, que celles-ci se fassent dans le chaos ou dans des compositions plus domestiquées mais tout aussi provocantes.