Bruce Hornsby: « Absolute Zero »

2 mai 2019

Quoi qu’on en dise ou pense, Bruce Hornsby n’a tout simplement plus rien à prouver. Le sexagénaire américain continue de traverser les décennies à toute allure et ce malgré les domaines musicaux plus que variés. Cette année, il en est à son septième album solo avec Absolute Zero.

Ce n’est plus un secret pour personne mais Bruce Hornsby continue de fasciner pas mal de ses pairs. Surtout un certain Justin Vernon qui se retrouve aux commandes de ce nouvel album vacillant entre différents styles musicaux. Que l’on passe du jazz à la bluegrass en passant par le funk sur « Voyager One », les sonorités afro-cubaines de « The Blinding Light of Dreams » et le gospel sur la conclusion « Take You There (Misty) », peu importe pour notre musicien tant il connaît très bien son affaire.

Bien entendu, on retrouve le frontman de Bon Iver sur pas mal de titres comme sur « Cast-Off » digne de Randy Newman et sur le lyrisme à la Paul McCartney « Meds » avec également Blake Mills et Rob Moose, Absolute Zero convie également le sextet de la musique classique contemporaine yMusic (qui avait récemment collaboré avec The Staves) à plusieurs reprises. Entre le groupe et notre hôte, la magie opère plutôt bien sur des aspects orchestraux qui font plutôt mouche tout comme le batteur jazz Jack DeJohnette qui ajoute sa touche sur l’introduction. Pour ce septième opus solo, Bruce Hornsby continue à sortir le grand jeu pour notre plus grand plaisir.

****


Sarah Beth Tomberlin: « At Weddings »

27 août 2018

La religion n’a jamais de cesse a’être source d’inspiration pour les musiciens ; c’est le cas pour Sarah Beth Tomberlin une « singer songwriter » née dans le Kentucky d’une famille baptiste on ne peut plus dévote. Son premier album, At Weddings, en est le fruit tant il s’interroge sur la place qu’on occupe dans le monde et la solitude qui va avec le fait de chercher qui on est de manière révérencieuse et silencieuse, spiritualité et discrétion obligent.

L’environnement dans lequel all a grandi est, sans qu’on s’en étonne, au coeur de ce disque écrit par une jeune femme de 13 ans. La culpabilité s’inscrit dès l’ouverture ; « Oh my God / No, I’m not kidding » s’écrie-t-elle accompagnée par sa guitare sur un « Any Other Way » qui la voit se débattre avec l’éducation reçue.

Ces ruminations sur la foi coïncident avec une réflexion sur le statut de Femme, la romance adolescente ou l’interrogation sur l’image que l’on véhicule et sur le fait de savoir jusqu’à quel point on peut véritablement vous connaître. Cet écho introspectif sera construit sur un lit de guitares acoustiques, un piano qui gronde légèrement et une voix embuée de soupirs.

Le résulat en sera contrasté, simultanément douillet et spacieux, un équilibre fragile entre la spiritualité élevée de Julian Baker et les climats reclus du Ruins de Grouper. Le piano tinte comme le ferait l’oeil du cyclone alors que la ballade baignée de cordes qu’est « I’m Not Scared » se révèlera être le passage le plus percutant de l’album.

La réussite de At Weddings se situe dans la manière dont elle parvient à glisser des tranches d’humour dans un récit morbide par exemple sur « Self-Help » ; un disque qui démontre combien force intérieure, ou foi, peuvent nous affranchir de nos doutes, nous galvaniser et nous apaiser.

***1/2


Matthew Santos: « Into The Further »

2 juillet 2015

Matthew Santos est un musicien de Chicago deux fois nominé aux Grammys ce qui en dit long sur sa vois et son talent. Il a reçu les louanges de Eddie Veider ou Jay Z, le voici avec Into The Further, de retour avec son album peut-être le plus développé artistiquement.

Les titres sont, en effet, plus expérimentaux mais demeurent d’essence pop et ils sont servis par une voix aux tons uniques qui est l’élément central autour duquel tout le reste converge. Un titre comme « It All Woks Out » s’écoute comme si il s’agissait d’un exercice de démonstration de techniques vocales mais la plupart des morceaux afficheront des nappes soniques où la densité s’avère très riche.

 

Ce seront pourtant les plus intimes, « Field and Flower » par exemple, où la voix est le moins tenue en laisse qui sont les plus réussis ce qui fera de Into The Further un disque où l’on perçoit Santos hésiter entre la stylisation acoustique de Bon Iver (« Succum To Gravity ») et le jazz-soul de « Seven Years ».

Le disque est, en conséquence, parfois fracturé mais qui gagnera à être écouté avec chaque composition prise à part.

***