On ne va pas présenter David Crosby bornons-nous à dire que Croz est tout simplement ce qu’un album de David Crosby se doit ou se devrait, enfin, d’être. Il ne s’agit pas ici du son d’un artiste qui se reposerait sur des lauriers, fanés, ou une gloire, passée, et retournant à ses paramètres par défaut mais c’est, en vérité, la déclaration d’intention d’un homme qui est ce qu’il est et de ce qui le rend si unique.
Ce disque est le premier album solo de puis 20 ans est il est bourré d’arrangements jazzy et de structures mélodiques aux changements constants. En ce sens il est nouveau, si ce n’est novateur, mais il demeurent aisément identifiable. L’instrumentation est chaude et dépouillée, instantanément reconnaissable et chaleureuse tout comme des textes personnels et introspectifs tout en demeurant imprévisibles. Il y a en fait une oscillation permanente entre le David Crosby que nous connaissons et celui qui, aujourd’hui, témoigne de sa présence. La voix reste d’une pureté absolue et exerce toujours le même charme, réaffirmation vitale d’un vétéran au même titre que Roy Harper.
Savoir que Mark Knopfler a participé à l’enregistrement est alors superflu, tout comme l’est la mention de musiciens de sessions réputés à Los Angeles comme Wynton Marsalis ou Leland Sklar. Croz est en effet l’album de David Crosby, un David Crosby épanoui tant ils n’est nulle part fait mention de ses problèmes légaux ou médicaux. Quelques allusions à Stephen Stills ou Graham Nash sont là néanmoins, ne serait-ce que dans certains parties mélodiques et, même si le disque sort sur le label que lui et Nash ont fondé, Croz a été réalisé au studio de Jackson Browne et chez le fils de Crosby, Raymond, qui produit également le disque.
Ce côté familial, humainement et musicalement, est d’ailleurs présent dans le climat de ce disque qui demeure inhérent à Crosby. Il revendique les traces d’ADN qu’il a laissées chez des musiciens comme Fleet Foxes ou Jonathan Wilson, existant dans ce continuum créé autour des années 1967 mais toujours incroyablement contemporain.
On retrouvera le fragrance de « Triad » sur un titre comme « Is She Called » où Crosby réfléchit à la manière dont des prostituées qu’il a entraperçues en Belgique parviennent à gérer leur quotidien. On ne peut qu’y voir une métaphore sur la vie de Crosby et qu’un constatation, qu’à 72 ans, il y parvient parfaitement bien : plein d’humilité et de contrition mais aussi de perçant et d’habileté affirmée et astucieuse.




