Comme beaucoup de jeunes groupes en 2022, Dry Cleaning a une histoire d’origine difficile à séparer des effets de la pandémie de COVID et des quarantaines associées. Le premier album de l’année dernière, New Long Leg, a été enregistré rapidement et de manière décousue pendant la quarantaine. Aujourd’hui, après des mois de tournée et quelques concerts réussis dans des festivals, ils reviennent avec leur excellent deuxième album, Stumpwork, qui explore les effets de l’isolement, de la connexion et de l’absence de connexion, comme seule la chanteuse Florence Shaw peut le faire.
L’accroche (ou la dissuasion, si vous n’aimez pas le chant parlé) de Dry Cleaning est, comme toujours, la récitation pince-sans-rire de Shaw sur un post-punk à base de guitare. Alors que, dans New Long Leg, l’idée était le crunch, dans Stumpwork l’idée est le jangle. En fait, cette fois-ci, l’ambiance est moins anxieuse, avec plus de textures de clavier et un rythme plus délibéré, sans oublier un grand nombre de mélodies par pouce carré. La chanson « Kwenchy Kups », qui rappelle les années 80 de R.E.M., et « Gary Ashby », le point culminant de l’album, offrent un triple avantage : une mélodie accrocheuse, une progression d’accords cool et un son de guitare génial. La plupart des morceaux sont rapides et précis, mais quelques chansons de la seconde moitié de l’album s’étalent, comme la contemplative « Liberty Log ». Dans l’ensemble, Stumpwork est plus convaincant et plus cohérent que les précédents albums de Dry Cleaning.
Alors oui, le groupe déchire encore mieux sur cet album, mais une fois de plus, la vraie star est Shaw et son ambiance de récital de poésie. Et je veux dire la poésie – ses paroles sont complètement distinctes, obliquement observatrices, et curieusement mesurées. « Weird premise/Weird premise/Staying in my room is what I like to do anyway/If you like this…you may like… » (prémisse bizarre/prémisse bizarre/rester dans ma chambre est ce que j’aime faire de toute façon/si tu aimes ça…). Shaw dit au début de « Liberty Log », qui avec la souris de jeu criée dans « Don’t Press Me » et la ligne « Woah, just killed a giant wolf ! » suggère des paroles portées par le temps passé seule à la maison, à jouer sur PC et à regarder Netflix. Elle a également un don pour l’imagerie absurde (« Je pensais avoir vu un jeune couple s’accrocher à un bébé rond/Mais c’était un tas d’ordures et de nourriture ») et les répliques volontairement inachevées (« Je ne suis pas là pour fournir du vide/Ils peuvent fournir du vide »). Son discours, le plus souvent inaudible, ne conviendra peut-être pas à tout le monde, mais compte tenu de son style lyrique et des arrangements noueux du groupe, il est vraiment cohérent et satisfaisant.
Dry Cleaning n’est peut-être pas mentionné dans le même souffle que d’autres jeunes groupes d’art-rock londoniens comme black midi ou Squid, mais ce serait justice qu’ils le soient. Stumpwork prouve, à cet agard, que le style du combo repose sur de solides assises
***1/2