Suede a réalisé sans doute la reformation et le retour les plus réussis de ces dernières années. Le groupe a choisi de mettre un terme à sa carrière après que son cinquième album, A New Morning, sorti en 2002, n’ait pas répondu aux attentes, mais il s’est regroupé sept ans plus tard pour donner des concerts et, peu après, pour sortir Bloodsports, son album de retour en 2013. Cette démarche n’a pas seulement porté ses fruits, elle a également consolidé leur statut de groupe le plus constant de ces 25 dernières années, tout en leur faisant découvrir un nouveau public.
Autofiction, leur quatrième album depuis leur reformation (et leur neuvième album au total), est plus qu’à la hauteur des normes établies par ses prédécesseurs. Déjà décrit dans des interviews par le vocaliste et auteur-compositeur en chef Brett Anderson comme le disque punk du groupe, Autofiction représente un vaste départ musical par rapport au dernier disque de Suede, The Blue Hour en 2018. Pourtant, en même temps, il s’identifie facilement comme un album de Suede.
Enregistré aux Konk Studios de Londres, avec Ed Buller à la production, Autofiction est aussi vivant et direct qu’un disque de Suede puisse l’être. En effet, cette approche de retour aux sources fonctionne à merveille en termes de flux de l’album. L’album s’ouvre sur le post-punk guttural de « She Leads Me On », une sorte de parenté sonore avec « Ceremony » de Joy Division/New Order. Les tout aussi tapageurs « Personality Disorder » et « 15 Again » suivent, tandis que « The Only Way I Can Love You » et « That Boy on the Stage » poursuivent le contexte autobiographique d’Autofiction.
La chanson « Drive Myself Home », au milieu de l’album, est peut-être la chanson la plus évidente du disque pour ceux qui connaissent le vaste catalogue du groupe. Mais c’est vers la fin d’Autofiction que le disque prend de l’ampleur, notamment sur « It’s Always the Quiet Ones » – qui rappelle le Killing Joke de l’époque de Night Time – et le couplet final « What Am I Without You » et « Turn Off Your Brain and Yell ». La déclaration d’intention grandiose de ce dernier assure presque certainement la présence d‘Autofiction dans les échelons supérieurs de la liste des Best Of de 2022.
***1/2