Depuis qu’elle a sorti son premier single « Street by Steet » en 2020, Laufey a peaufiné sa redéfinition du jazz pour un public de la génération zéro. Influencée par des artistes comme Chet Baker et Ella Fitzgerald, la voix profonde d’alto de Laufey, ses riches harmonies et ses paroles sincères font de son premier album, Everything I Know About Love, un aperçu exceptionnel de son style musical unique.
Plusieurs des titres de l’album étant déjà sortis cette année, les favoris des fans sont parfaitement intégrés dans ce premier album bien structuré. Everything I Know About Love commence par « Fragile », qui est sorti au début du mois de juin. Une guitare de style bossa nova nous accueille dans l’étreinte chaleureuse de l’album.
Dès le début, Laufey explore ses vulnérabilités et le charme intemporel de sa voix est présenté aux nouveaux auditeurs. Fragile » est un contraste intéressant avec l’un des derniers titres de l’album, « Night Light ». Les deux chansons utilisent l’imagerie de la lumière, « Fragile » faisant référence à la « douce lueur d’une bougie » tandis que « Night Light » confronte la nostalgie de la « veilleuse » que l’on trouve dans toute chambre d’enfant. En tant que protagoniste de l’album, Laufey entreprend un voyage de découverte musicale de soi tout en approfondissant ses relations avec les autres.
« Night Light » fait office de berceuse rassurante et termine l’album avec des cordes qui juxtaposent des morceaux plus optimistes comme « Falling Behind », « Dance With You Tonight » et « Everything I Know About Love ». Ce dernier, comme le suggère le titre, englobe les principaux thèmes de l’album. Il serait trop simpliste de le décrire comme un album de « passage à l’âge adulte ». Au lieu de cela, Laufey met sur la table ses vulnérabilités et ses insécurités, sans pour autant faire de ses débuts un apitoiement superficiel sur ses amours ratées. Incarnant des sentiments de nostalgie, de peur de l’avenir, ainsi qu’un sentiment de paix face à l’inconnu, chaque morceau coule parfaitement, tout en mettant en évidence l’incroyable talent musical de l’artiste.
Everything I Know About Love passe en douceur d’un style musical à l’autre, illustrant comment Laufey a non seulement rendu le jazz et la musique classique plus accessibles à un public de la génération Z, mais aussi comment elle a redéfini le genre lui-même. Les parties de piano lénifiantes rappellent la musique de Nat King Cole et ne seraient pas inhabituelles si elles étaient jouées par une radio des années 1950 ou un iPhone. Des chansons plus optimistes, d’inspiration pop, comme « Above The Chinese Restaurant », qui rappellent apparemment des artistes comme Phoebe Bridgers et Lizzy McAlpine, contrastent avec des morceaux d’influence classique comme « Hi ».
Utilisant uniquement la voix et la guitare, ce titre démontre de manière rêveuse la vulnérabilité de Laufey à travers sa musique. Avec des lignes mélodiques et des voix soul qui semblent pouvoir figurer dans un film hollywoodien en noir et blanc, Laufey fait de subtiles références à ses idoles dans ses paroles. Mentionnant « Louis on the radio » dans « Hi » et dédiant une chanson entière à Chet Baker dans « Just Like Chet », Laufey équilibre ce lien avec son éducation musicale avec des paroles qui englobent les pressions des relations et de l’amour au 21ème siècle. Les rêveries au piano de « What Love Will Do To You » et « I’ve Never Been In Love Before » en sont l’illustration, avec une touche de jazz old-school intemporel qui se mêle à la gamme vocale cristalline de Laufey.
La musique la plus récente de Laufey est empreinte d’une sublime pureté musicale et émotionnelle. Passant de l’arrangement orchestral gonflé de « Dear Soulmate » au scat fantaisiste de « What Love Will Do To You », si ce n’était de la maturité musicale évidente de l’artiste, les fréquents changements de ton de l’album pourraient être parfois déroutants. Mais Laufey veille à ce que sa voix brille avant tout, glissant sur des accompagnements de cordes ou de piano d’une belle légèreté.
Pour citer « What Love Will Do To You », écouter Everything I Know About Love procure le confort apaisant d’être « ivre de jazz et de vin ». Laufey est à la fois vulnérable et confiante tout au long de ce premier album impressionnant. Il est difficile de voir comment ses paroles, son instrumentation et sa voix nostalgiques pourraient se démoder un jour.
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