De retour après leur première sortie depuis 2015, le groupe de Glasgow The Orchids présente ici Dreaming Kind, 13 pistes d’indie pop complexe et groovy centrées sur des idées de futilité romantique, de mauvaise communication involontaire et de déchirement confus qui survient lorsque deux personnes réalisent qu’elles pourraient ne jamais être sur la même page.
Le morceau d’ouverture « Didn’t We Love You » est un titre brillant et énergique avec des guitares qui roulent et « Limitless #1 (Joy) » est une suite dynamique, révélant une des premières forces de cet album, à savoir la douceur avec laquelle un titre s’enchaîne au suivant. « What Have I Got to Do » s’ouvre sur une montée de cordes cristallines, presque comme des cloches, Hackett chantant « what have I got to do to make you love/now I’m on my knees, would you take a look at me ? », des lignes qui résument les thèmes récurrents de l’album d’un interlocuteur se sentant perpétuellement à moitié entendu, à moitié compris et ne sachant pas comment avancer. Le morceau le plus fort, et le meilleur exemple de la variation stylistique de l’album, est le début de « I Never Thought I Was Clever » avec sa guitare d’ouverture dramatique, juxtaposée aux quatre premiers morceaux qui la précèdent, mais qui devient plus ensoleillée à la fin, atteignant le groove vocal froid d’un groupe comme Real Estate. Plus tard dans l’album, sur un titre comme « I Don’t Mean to Stare », qui s’ouvre sur un dialogue enregistré fantomatique, des touches de cor accompagnent la mélodie bondissante de la batterie à claques qui sous-tend l’ensemble du morceau, Hackett chantant « Didn’t I, didn’t I see the love in your eyes » (N’ai-je pas, n’ai-je pas vu l’amour dans tes yeux ?), une autre référence au sentiment d’incertitude et de confusion qui traverse la plupart de ces morceaux.
Les deux dernières pistes semblent tendre vers une résolution, l’avant-dernière piste « I Want You I Need You » est franche et confessionnelle, Hackett chantant « I don’t know why I got a feeling it will all work out/it seems to me there’s more to life than we’ll ever need » (Je ne sais pas pourquoi, j’ai le sentiment que tout va s’arranger. Il me semble qu’il y a plus dans la vie que ce dont nous aurons jamais besoin.) suivie de la conclusion offerte dans « Limitless #2 (Hurt) » qui ralentit considérablement, mélancolie et rejet, Hackett étirant chaque mot, chantant « I never thought you could be/as cruel as you are to me/all the words you used to use/that got me all so confused/I’m used to » ( Je n’ai jamais pensé que tu pouvais être aussi cruel que tu l’es avec moi, tous les mots que tu utilisais, qui m’ont rendu si confuse, je suis habituée à…) des lignes qui fournissent un élément de clôture à l’album.
Il est bon de rappeler que The Orchids fait de la musique depuis plusieurs décennies maintenant, leurs premiers travaux datant de la fin des années 80, et il y a des moments tout au long de l’album où il est encore possible, avec les synthés et le travail de guitare, d’évoquer des groupes comme R.E.M et The Smiths s’ils avaient des paroles plus poppées et plus structurées. En fin de compte, il s’agit d’une musique polie, joyeuse et bien produite par un groupe qui le fait depuis longtemps, et d’un ajout digne de ce nom à une vaste carrière commune.
***1/2