T Bone Burnett, Jay Bellerose, Keefus Ciancia : « The Invisible Light »

Deuxième volet de la trilogie collaborative de T Bone Burnett, Jay Bellerose et Keefus Ciancia, The Invisible Light s’écarte nettement du premier volet du trio, dont la structure était acoustique. En revanche, ce nouvel album est presque entièrement constitué de chansons aux rythmes didactiques et aux accents inquiétants. Si l’on considère la réputation de Ciancia en tant que compositeur et réalisateur de bandes originales, ce n’est pas une surprise. Après tout, il a construit sa carrière en créant des ambiances et des mélodies imprégnées de tonalité et de texture. Burnett, quant à lui, s’est le plus souvent éloigné de l’avant-garde, choisissant plutôt de contribuer à la promotion de l’Americana, grâce à ses efforts derrière les planches pour Counting Crows, Alison Krauss, Los Lobos, Gillian Welch, Gregg Allman et Roy Orbison, ainsi qu’au rôle qu’il a joué dans la supervision des musiques de films de « Cold Mountain », « Walk the Line », « Crazy Heart » et, surtout, « O Brother, Where Are Thou ». Pour sa part, Jay Bellerose est un percussionniste très demandé qui a joué derrière d’innombrables superstars – Bonnie Raitt, Elton John, Allen Toussaint, Rhiannon Giddens, Joe Henry et Aimee Mann, entre autres – mais cet album est nettement différent de tout ce qu’il a pu offrir auparavant.

Compte tenu de sa fusion enivrante de trance, d’electronica, de musique tribale et globale, ce qui n’est pas nécessairement surprenant, c’est le message qu’il tente de transmettre, un message qui tourne autour de l’écart entre la réalité et la fiction, et des faussetés dangereuses et disparates qui entachent souvent notre impression de la réalité par la propension des médias sociaux, d’Internet, du cinéma, de la télévision et de toutes les autres voies de communication qui nous bombardent quotidiennement, brouillant nos sens sous la forme d’une hypnose de masse technique.

Pratiquement chaque chanson fait passer ce message. « Il n’y a pas d’autre temps que le présent, tout se passe en même temps », entonnent-ils sur le morceau d’ouverture « I’m Starting A New Life Today ». « Mother Cross (We Think We Think) » fait écho à un sentiment similaire : We think we think, We don’t know we don’t know, We’re afraid, we’re afraid, We ask why we ask why… » (Nous pensons nous pensons, Nous ne savons pas nous ne savons pas, Nous avons peur, nous avons peur, Nous demandons pourquoi nous demandons pourquoi… ). « Utopia Chant » est plus concis : « Nous voulons que vous sachiez, Vous pouvez tout apprendre… nous voulons que vous sachiez » (We want you to know, You can learn anything…we want you to know).

Comme on pouvait s’y attendre, ces paysages sonores orwelliens ne sont pas particulièrement faciles à écouter. À l’exception de  » A Better Day Reprise « , tout en ambiance atmosphérique, et de  » Mother Cross (We Think We Think) « , la pièce la plus mélodique de l’ensemble, il y a peu de choses qui ne soient pas ouvertement oppressantes. C’est pourtant le but recherché, et c’est cette collusion entre sonorités et conflits qui fait rayonner The Invisible Light de façon si remarquable.

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