World Wide Pop nous offre un bel assortiment de sons et d’énergie, et c’est la version ambitieusement bizarre de la pop de Superorganism. Subvertir la « pop » n’est pas nouveau, ce qui rend d’autant plus spécial le fait que dans une scène saturée, Superorganism ait réussi à faire quelque chose de totalement unique et – plus important encore – d’amusant. « Don’t mind me, I’m just a fruit fly that’s floatin’ on by » (Ne faites pas attention à moi, je ne suis qu’une mouche à fruits qui flotte), lance Orono Noguchi sur Into the Sun sur fond de synthés chaotiques, de batterie et d’une mélodie qui devient progressivement plus complexe et trippante. Sa voix nonchalante et caractéristique indique que, parfois, au milieu de l’absurdité et du chaos, il ne reste plus qu’à se détendre et à profiter du voyage.
Le son de WWP, tourné vers l’avenir, s’inspire davantage de l’éthique du « couper-coller » de l’âge d’or de l’indé que de l’hyperpop. En effet, la plupart des membres du groupe, désormais au nombre de cinq, originaires de Corée du Sud, du Japon, d’Australie, de Nouvelle-Zélande et du Royaume-Uni, se sont rencontrés en ligne, ce qui rend World Wide Pop d’autant plus approprié, faisant allusion à l’esprit de collaboration qui sous-tend leur travail. Bien que le maximalisme soit au cœur de ce disque (sur des morceaux comme « Solar System », on frôle parfois le trop de trop), dans l’ensemble, il trouve le juste milieu entre le chaos et la structure, la bêtise et la profondeur, et cça n’est pas un pétard mouillé
***1/2