Socer Mommy: « Sometimes, Forever »

Faire suite au spectaculaire Color Theory n’aurait jamais été facile, et pourtant, le troisième album aventureux de Sophie Allison sous le nom de Soccer Mommy offre un autre tour de montagnes russes sublimement imprévisible, rempli de signes remarquables de croissance, de nuance et de courage. 

Dans Sometimes, Forever, les riffs pop-rock lo-fi enchanteurs d’Allison se marient parfaitement avec la production excentrique et agitée de Daniel Lopatin (alias Oneohtrix Point Never) – une collaboration qui, bien que contrastée sur le papier, s’épanouit magnifiquement sur 11 titres magiques et décomposés. Le concept de contradictions fait partie intégrante de l’album : un lyrisme sombre et écrasant, une voix lugubre et une musicalité envoûtante. La reine de la bedroom pop ouvre ici sa fenêtre et regarde les étoiles sur les compositions éthérées « newdemo » et « With U », où l’influence étincelante de Lopatin est aussi claire que le ciel de la nuit.

Toujours aussi poignante dans ses paroles, Allison tisse des mélodies chaleureuses qu’elle contrebalance avec un sens aigu de la tristesse et des images sombres, parfois macabres. « J’ai coupé un morceau de mon flanc, j’ai senti mon cœur faire du parachutisme / Ça m’a fait planer pendant un petit moment, je ne sais pas à quoi je pensais » (I cut a piece out of my side, I felt my heart go skydiving / It got me high for a little while, I don’t know what I was thinking), soupire-t-elle dans la dernière chanson, « Still », qui capture à la fois l’artiste en souffrance et sa libération cathartique.

L’honnêteté d’Allison concernant son niveau d’anxiété record après la théorie des couleurs est illustrée par des remarques photographiques tout au long de l’album, qu’il s’agisse de comparaisons avec Sylvia Plath sur le sinistre « Darkness Forever », ou du fait d’être complètement  » usée par tout  » et de vouloir s’enfuir et  » aller là où le soleil brille  » sur le titre country « Feel It All the Time ».

Le moment le plus audacieux d’Allison est sans doute « Unholy Affliction », une confession post-rock discrète et troublante sur la fragilité du carriérisme, sombre, funeste et différente de tout ce qu’elle a écrit auparavant. À l’échelle du microcosme, ce titre est une représentation parfaite du succès subtil de Sometimes, Forever, qui s’appuie sur le pop-rock chatoyant qui lui est propre et ajoute l’électronique sauvage de Lopatin, propulsant son son vers des sommets cosmiques et excitants.

Dans l’ensemble, chaque morceau exhale sa propre disposition de manière euphonique. Ses sensibilités shoegaze chatoyantes (« Bones », « Shotgun ») s’infiltrent dans le post-rock grunge et perturbant (« Darkness Forever », « Following Eye »s), tandis que des moments d’audace sonore (« Unholy Affliction ») se heurtent à des confessions déchirantes (« Still ») pour compléter ce qui pourrait être l’album le plus dynamique et le plus audacieux de Soccer Mommy à ce jour. Peu d’artistes sont capables de faire la part des choses entre mélancolie et miracle comme Allison, faisant de Sometimes, Forever un disque digne d’être salué pendant un certain temps, peut-être même pour toujours.

***1/2

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