Le premier album de Slang, combo basé à Portland, OR, a mis du temps à sortir. Drew Grow et Janet Weiss ont formé le groupe il y a plus de dix ans et nous livrent enfin aujourd’hui leur premier opus studio, Cockroach In A Ghost Town.
Grow (guitare, chant) et Weiss (batterie, claviers, chant) forment la base de cet album de neuf chansons qui ne s’arrête jamais, changeant de style et de substance tout au long de l’album, avec le soutien de Sam Coomes et Kathy Foster à la basse, Anita Lee Elliot à la guitare et au chant, et d’autres amis. Le morceau d’ouverture « Wilder » donne un ton inquiétant, avec des battements de tambours caverneux, des voix envolées et une touche de gothique grandiose, tandis que les percussions et les claviers flottent partout.
La pop bourdonnante et décalée de « King Gunn » apporte une touche de Breeders alors que le groupe étend ou resserre les sons autour de la voix désespérée de Grow et de la guitare de l’invitée Mary Timony (Ex Hex, Wild Flag). Hit The City » et « In Hot Water » amplifient les sons tourbillonnants et les synthétiseurs autour de la grosse batterie avec Weiss qui rocke lourdement, tandis que les « ooh and ahh » spatiaux cascadent autour d’un rythme de batterie boom-bap dans « Time Bomb » qui brille dans un style rétro-glam à la David Bowie.
Slang va ainsi déployer une énergie nerveuse et frénétique tout au long de Cockroach In A Ghost Town, notamment dans le crépitement acoustique/électrique de la schizophrénique « Wrong Wrong Wrong » et le bourdonnement pulsé et serré de « Chipped Tooth ». Ce type de convulsions mentales caféinées (ou pire) est à la fois séduisant et rebutant, exactement comme le groupe l’a prévu, jouant avec les émotions et ne laissant jamais l’auditeur à l’aise dans sa propre peau.
Le groupe apporte des touches électro bizarres, de gros grooves et un flair théâtral, alors que le disque solide se termine par deux morceaux qui rappellent le son de Flaming Lips. L’effort titre s’envole autour du refrain de Grows « I Have Dreams About The Ending/But I Don’t Dream About The End » tandis que l’album se termine avec son titre le plus accrocheur, « My #1 », qui frémit et prend le large avec une mélodie béate grâce au chant de Weiss et aux riffs de guitare flous de Stephen Malkmus (Pavement).
Il y a une génération, on aurait qualifié cette musique d’alternative, mais aujourd’hui, une alternative à quoi ? Cockroach In A Ghost Town, le « debut album » du groupe, est une tranche de rock étrange qui se tortille avec les questions frénétiques d’un monde hors de contrôle, tout en se frayant un chemin dans vos oreilles.
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