Le premier mot qui est venu à l’esprit lorsqu’on a mis le disque sur le disque était « déconnecté », c’est-à-dire déconnecté de presque tout ce qui serait « normal » en musique.
La combinaison d’un chanteur griot du Burkina Faso – Kaito Winse – et d’un duo noise/punk – Benjamin Chaval (batterie et électronique) et Arnaud Paquotte (basse) – de Bruxelles ne va pas, sur aucune planète, être une « écoute facile » mais le mélange fonctionne – brillamment. J’ai trouvé que tout ce que j’ai mis sur écoute par la suite était tout à fait ordinaire.
Dès le début de « Sunguru », avec une lourde note de basse qui s’étire jusqu’à ce qu’elle soit rejointe par des percussions et enfin par une voix, on est intrigué et déconcerté à parts égales.
Ce même traitement se poursuit tout au long de « Lebere » avec des moments de calme occasionnels, suspendus à une note de basse solide et au chant chuchoté (parlé) de Kaito.
Ce dernier est un multi-instrumentiste et commence ‘Douaga’ avec un jeu de flûte émouvant jusqu’à ce qu’il fasse appel aux autres qui apportent les rythmes de basse et de batterie les plus conventionnels de l’album. Malgré cela, le morceau est extrême, agressif, désespéré et finalement inquiétant.
La musique s’approche parfois de la normalité, comme sur » Eya » où le chant griot de Kaito est soutenu par l’électronique, mais même dans ce cas, le traitement de l’électronique est en contradiction avec la tradition.
Les huit morceaux comportent tous des éléments puissants et – apparemment – discordants, mais il y a une structure dans cette musique, même si elle n’est pas évidente ou conventionnelle, et la musique est finalement très satisfaisante. Il est clair que les trois musiciens sont tous d’excellents musiciens, il n’y a pas de sentiment de bruit sans signification ni de sentiment que les trois font du bruit pour le plaisir.
***1/2