Notre premier contact avec Sirom remonte à 2017 : alors qu’ils étaient présentés comme la prochaine grande chose dans la musique free/avant-folk n’avient pas du tout impressionné par son offre musicale essentiellement axée il semblait, sur un registre où ces multi-instrumentalistes expérimentés n’aviaient pas développé d’idées au-delà de l’idée de jouer autant d’instruments divers que possible. Néanmoins, le trio a reçu des éloges et des critiques globalement positives par sa manière de verser dans l’improvisation et la musique traditionnelle.
Plus de 4 ans ont passé maintenant, et Sirom en est à son quatrième album studio – et les éloges n’ont fait qu’augmenter depuis. N’attendant pas grand-chose, nous avions décidé de leur donner une seconde chance : peut-être avions-je jugé trop vite ? peut-être se sont-ils étoffés depuis, et leur maîtrise des instruments qu’ils jouent en tant qu’artistes naïfs – plutôt que formés dans chaque tradition spécifique – est-elle maintenant suffisante pour que nous soyons capable de groover avec eux, plutôt que de hausser la tête devant leurs tentatives de présenter des impressions sans but de la musique folk comme une sorte de jam cérébral qui sonne délibérément ainsi ?
Dès le premier morceau, on est agréablement surpris. Les instruments ne sont peut-être pas utilisés de manière traditionnelle ou particulièrement impressionnante sur le plan technique, mais ils réussissent parfaitement à créer une atmosphère – celle d’une jam acoustique introspective et onirique. Un fort groove de basse (dans la première jam – les autres jams sont maintenues de manière similaire par différents instruments de fond) aide à maintenir l’ensemble, et les « instruments bizarres » ne sont plus une distraction, mais ajoutent chacun leur timbre spécifique qui donne à l’offre finale multicouche un caractère unique. Le trio semble également s’abstenir de mettre des instruments qu’ils ne maîtrisent manifestement pas en avant ou seuls (ou peut-être que les 4 années supplémentaires de jamming y ont contribué ?), les utilisant plutôt comme bourdons lorsque leur timbre est spécifiquement nécessaire.
Dans l’ensemblenous avons fini par apprécier ledit jam. Bien qu’il n’y ait pas grand-chose de révolutionnaire ici, il s’agit dans l’ensemble d’une improvisation acoustique très bien équilibrée, avec une bonne idée de l’utilisation du timbre et de la texture, qui évoque une ambiance méditative pastorale chaleureuse. Un jam terre-à-terre d’un folk décontracté d’une époque plus simple, qui sait prendre son temps et profiter de la vie.
***1/2