Rolling Blackouts Coastal Fever: « Endless Rooms »

En errant dans les mêmes rues de West Brunswick – encore et encore – pendant les interminables confinements sur Melbourne, Tom Russo de Rolling Blackouts Coastal Fever a réfléchi à la « quantité décente de choses qui vont clairement mal dans ce pays ».

Le troisième album de Rolling Blackouts Coastal Fever aborde donc des thèmes lourds, comme « les répercussions de la vie sur des terres volées » et les horribles catastrophes naturelles (feux de brousse, inondations) dont notre pays a souffert ces derniers temps. Mais parce qu’il y a une exubérance joyeuse, rebelle et jeune dans le son global du groupe, il faut vraiment tendre l’oreille pour saisir le contenu lyrique plus politique qui est dispersé dans Endless Rooms.

Ce quintet est composé d’un trio d’auteurs-compositeurs-interprètes jouant de la guitare – les cousins Fran Keaney et Joe White et leur compagnon Russo – avec le frère de Russo, Joe, bassiste, et Marcel Tussie, batteur, pour la section rythmique. Parfois, leur voix est celle de Mark Callaghan de GANGgajang, parfois celle de Steve Kilbey.

Le son d’une porte grinçante ouvre Endless Rooms, se transformant en un paysage sonore d’ouverture d’une minute : l’atmosphérique « Pearl Like You », qui évoque « In The Air Tonight ». « Tidal River » – décrit par Russo comme « un petit instantané de la vie dans un endroit à un moment où l’on a l’impression qu’il n’y a personne au volant » – emploie avec art un effet de chant sous-marin à l’occasion : « Jetski over the pale reef/ Chase the pill for some relief/ As long as you don’t point out/ What’s underneath your feet » Jetski sur le récif pâle/ Chassez la pilule pour vous soulager/ Tant que vous ne montrez pas du doigt/ Ce qu’il y a sous vos honoraires…) – il y a des résidus de Midnight Oil dans ce morceau, qui démonte la réputation de « pays chanceux » de l’Australie.

Enregistré en grande partie à The Basin – une maison en briques de terre crue que la famille Russo a construite dans la région de Victoria dans les années 70 (voir l’image de la pochette de l’album) – Endless Rooms contient des enregistrements de « bruits de feu, de pluie et d’oiseaux ». Et ce cadre rural, au bord du lac, a inspiré le son vaste et vivant que Rolling Blackouts C.F. déploie sur son opus numéro trois.

Au cours du single principal « The Way It Shatters « – qui fait appel à un synthétiseur hyperactif et à des lignes de guitare métalliques et chatoyantes – White lance un appel aux « entitled mofos » (les gens qui ont des droits ) : « It’s desolation by rote/ All around your home/ If you were in the boat/ Would you turn the other way ? » (C’est la désolation par cœur/ Tout autour de ta maison/ Si tu étais dans le bateau/ Tu ferais demi-tour ?). Le morceau phare « Dive Deep » met en valeur un riff syncopé et frisé (c’est une véritable prouesse !) et la conclusion flippante de Blue Eye Lake donne l’impression de se balancer au bout d’une corde dans une rivière rafraîchissante par une journée de canicule. L’avant-dernière chanson-titre de l’album, morne et désespérée, se contente d’un accompagnement minimal de cordes et de larsens, et braque les projecteurs sur nos protagonistes épuisés : « Through endless rooms we walk/ Just tryna find somewhere to lay down » (Nous marchons dans des pièces sans fin, cherchant juste un endroit où nous allonger.).

Un sens distinct du lieu fait de Endless Rooms une expérience d’écoute vivante. Attendez, est-ce qu’on peut vraiment sentir la fumée des feux de brousse en ce moment ? Un mantra répété dans le morceau de l’album » Saw You At The Eastern Beach », écrit par Russo, « Things always can look up » Les choses peuvent toujours s’améliorer), résume bien l’esprit brisé mais plein d’espoir de cet album.

***1/2

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