Crime of Passing: « Crime of Passing »

Dans le désert tragiquement sombre d’un monde en ruine, les derniers sons connus des mortels pulsent infiniment à travers le temps dans un environnement autrement sans humains. Les chansons que l’on trouve sur le premier album éponyme de Crime of Passing capturent les déclarations émotionnelles d’une espèce qui court vers sa fin. Le mélodrame apocalyptique mis à part, Crime of Passing est une offre sombre et expressive de l’un des groupes post-punk underground les plus évocateurs de l’Ohio. Cette musique sophistiquée présente toute la misanthropie, les textures électroniques glacées et les riffs stridents que l’on peut attendre d’un groupe opérant à la frontière de la cold wave et du post-punk. 

Le morceau commence par un bourdonnement électronique tourbillonnant qui plonge l’auditeur dans une arène sonore liminale. Au moment où l’on pense que le son va résonner dans l’obscurité, la batterie et la guitare basse explosent sur le morceau, générant un groove obsédant et mémorable. Un riff de guitare industrialisé fait son entrée et transforme instantanément la chanson en un numéro exaltant qui plante le décor pour le reste de Crime of Passing. La première piste, « Off My Shoulder », est une introduction d’enfer. 

La chanteuse du groupe, Andie Luman, est une force expressive et dominatrice tout au long de l’album. Sa voix, imprégnée de réverbération, alterne entre des marmonnements discrets et des gémissements à la Lydia Lunch. Luman utilise sa voix comme une autre texture de la musique et explore des mélodies merveilleuses ou se penche sur un désarroi lugubre tout aussi efficace.

La majeure partie de Crime of Passing repose sur les pouvoirs divergents de la mélodie et de la violence. Des morceaux comme « Hunting Knife » ou « Damrak » sont aussi méditatifs qu’ils sont féroces. Ils existent dans un état éthéré qui parvient à capturer la beauté et la terreur que l’on trouve lorsqu’on explore le périmètre émotionnel de son esprit. « Vision Talk » et « Interlude » sont pensifs et hypnotiques. Les deux chansons utilisent des synthétiseurs pour créer une atmosphère qui s’oppose à l’inévitable déclin de l’obscurité. 

Le comboexiste dans un espace sombre et impalpable. Outre l’indéniable musicalité du groupe, l’une des plus grandes caractéristiques de la musique est l’indéniable réponse émotionnelle qu’elle suscite. Malgré la signification presque impénétrable de chaque chanson, les morceaux de ce premier album éponyme sont comme un miroir, vous forçant à vous tourner vers l’intérieur et à étudier vos propres souvenirs, humeurs et sentiments naissants.

***1/2

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