Rammstein: « Zeit »

À ce stade, les fans des héros du hard rock berlinois Rammstein savent qu’ils doivent s’attendre à l’inattendu. Le groupe prend généralement des années pour enregistrer et sortir de nouveaux titres. Par exemple, une décennie s’est écoulée entre le sixième album Liebe its für alle da et le septième, sans titre, du groupe. La supposition naturelle serait que le nouveau matériel prendrait encore du temps, mais cette supposition était fausse. Rammstein a tourné son huitième album, Zeit, à peine trois ans plus tard.

e groupe est une force sur laquelle il faut compter, même en Amérique, malgré la barrière de la langue. Ses concerts sont sa véritable carte de visite. Le groupe a vendu plus d’un million de billets lors d’une vingtaine de concerts dans le monde entier, remplissant les stades de la planète avec des sets industriels enflammés et apocalyptiques.

Le huitième album se situe parfaitement entre le conventionnel et l’inattendu. Tous les éléments sont là – les riffs de guitare croustillants, les rythmes endiablés et le métal orchestral dramatique. Mais l’inverse est également présent : une intimité lente et menaçante qui se développe jusqu’aux moments les plus forts de l’album.

Le disque s’ouvre sur « Armee Der Tristen », qui se traduit par « Armée de l’ennui », qui donne immédiatement le ton, des riffs de guitare entraînants aux synthés sous-jacents qui complètent ce mur du son.

« Marchons au pas contre le bonheur », chante Till Lindemann (évidemment, en allemand). Bien qu’il ait presque 60 ans, le chant de Lindemann reste aussi fort que jamais, délivrant une basse déchirante mais aussi pleine et chaude. Ce qui est impressionnant avec Rammstein, du moins pour l’auditeur américain moyen, c’est que le contexte lyrique exact d’un morceau n’est pas nécessairement un prérequis. Le son du groupe est si musicalement évocateur qu’il est possible de peindre son propre portrait du message d’une chanson donnée en se basant sur l’ambiance musicale qui l’entoure.

La chanson titre commence d’ailleurs sur une note très calme. Lindemann chante avec un simple accompagnement de piano et juste un léger soupçon de cordes. Au fur et à mesure qu’il se construit, le drame s’installe, conduisant la chanson à crescendo dans une attaque palpitante menée par le chœur avant de retomber dans le calme.

« Schwarz » (« Noir ») continue sur le même chemin de rocker sombre et discret. Le titre s’ouvre sur un grunge mid-tempo sombre avant de se transformer en un rock mélodique lourd et planant.

De nombreuses chansons de Zeit fusionnent des riffs de guitare lourds avec du piano, créant un exercice de contraste qui permet de transmettre le message musical avec succès. « Giftig » (« Poisonous ») change complètement d’ambiance, en déroulant un rock industriel chargé de riffs et sans arrière-pensée. Il offre toujours quelques synthés spatiaux et des superpositions opératiques, mais pour l’essentiel, il réussit dans sa puissance brute. Ensuite, il y a le rocker tout aussi entraînant « Zick Zock » (pensez au tic-tac d’une horloge).

Compte tenu de la propension du groupe à jouer sur scène, il est facile d’imaginer une grande partie de Zeit en train de se déchaîner sur scène. « OK » s’appuie sur la férocité musicale pour laquelle les fans ont appris à connaître le groupe.

La lourde ballade « Meine Tränen » (« Mes larmes ») est le premier véritable départ de l’album, un morceau émotionnel qui évoque une relation mère/fils qui a mal tourné. « Angst » fait mouche en délivrant la lourdeur caractéristique de Rammstein, tout en faisant appel à sa sensibilité cinématographique. Lindemann pousse son chant à la limite, s’aventurant même sur le terrain du cri. « Dicke Titten » (« Gros seins ») commence différemment, avec un jingle presque cartoonesque avant que les instruments ne se mettent en marche.

De même, « Lügen » (« Mensonge ») ressemble à un conte de fées infernal avant que les riffs et les rythmes ne se mettent en marche. L’album se termine par « Adieu » qui dit littéralement adieu au disque tout en mélangeant les éléments des chansons précédentes en un dernier message.

***1/2

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