Déterré et réintroduit au monde par Buh Records (avec l’aide d’Angel Rada), l’univers d’Oksana Linde est verdoyant et vivant sur Aquatic and Other Worlds. Linde est née au Venezuela de parents ukrainiens et s’est intéressée à la musique dès son plus jeune âge, bien qu’elle ait toujours eu sa propre façon de faire les choses. Elle a fini par s’intéresser à la synthèse électronique et à la façon dont les différentes techniques pouvaient ouvrir des possibilités infinies. Après des décennies perdues dans l’éther, l’œuvre captivante de Linde a été retrouvée.
Aquatic and Other Worlds est riche et grouillant de vie. Le phrasé unique de Linde et ses méthodes d’exploration sonore se combinent pour transporter les auditeurs. Les espaces que sa musique crée et dans lesquels elle évolue vont de l’envoûtant et des tons de bijoux au sombre et à l’aqueux. « Orinoco » s’ouvre sur une envolée dramatique. Les arrangements d’accords flottent sur des arpèges sourds, la nature vitreuse des timbres passant du brillant au translucide et à l’opaque. Un linceul brumeux entoure les passages chantants comme une étreinte chaleureuse qui nous protège des souvenirs difficiles. Linde traverse librement le fossé astral, tirant à chaque fois sur la corde sensible.
Des pièces comme « Mariposas Acuáticas » et « Nenufar » sont curieuses, ludiques. Le premier sculpte des séquences sonores en des voyages joyeux et effervescents qui se situent à la limite entre le voltige dans le ciel et la plongée dans les profondeurs océaniques. Les couches s’éloignent et se croisent, toutes guidées par le toucher expert de Linde qui tire les ficelles cosmiques de loin. « Nenufar » fait écho au moment juste avant que les réponses ne soient touchées en or et déposées dans l’œil de notre esprit, nous donnant la clarté nécessaire pour voir au-delà de tous nos fantômes. Des mélodies cristallisées s’écoulent des cieux sombres et caverneux comme une pluie d’argent, et ces tons de verre sont comme des potions de guérison silencieuses.
L’histoire d’Oksana Linde aurait pu prendre des milliers de chemins différents, mais cette musique qui refait surface aujourd’hui est la tentative de l’univers de faire quelque chose de bien au milieu de la décadence chaotique. Cette musique est plus actuelle que jamais, toujours pleine de charme et d’émotion profonde. Dans les doux mouvements sonores de « Ensueño », qui clôt l’album, c’est comme si Linde avait reçu un message dans une bouteille de son passé pour lui faire savoir, ainsi qu’à nous tous, qu’il n’est jamais trop tard pour trouver ses rêves, même s’ils sont enfouis à des kilomètres sous la mer.
Aquatic and Other Worlds est avant tout un cadeau d’Oksana Linde à elle-même, mais il s’adresse aussi à ceux qui se sont aventurés dans des directions non planifiées, qui se sentent déconnectés des aspirations d’hier. Nous pouvons nous arrêter, nos vies sont en pause, mais le chemin continue de s’étendre devant nous, à la recherche d’un horizon qu’il ne pourra jamais atteindre. Avec une légère poussée, comme les arrangements chatoyants de « Ensueño », nous pouvons retrouver notre chemin. L’histoire a peut-être changé et nos rêves portent une ombre différente dans le lointain, mais la magie demeure à jamais.
****